Record d'impopularité pour Philippe Séguin
Le baromètre de l'action politique Ipsos-Le Point montre que Philippe Séguin enregistre ce mois-ci une très lourde baisse de popularité, en particulier auprès des sympathisants de droite. Par ailleurs, Lionel Jospin repasse devant Jacques Chirac en termes d'intentions de vote à la présidentielle.
La cristallisation de l'électorat est un phénomène habituel lorsque l'on se rapproche d'une échéance électorale. Le candidat en campagne enregistre généralement un soutien plus fort dans son propre camp, et un rejet plus important chez les sympathisants du camp adverse. A un mois des municipales, cette règle s'applique à la plupart des leaders politiques en campagne.
A gauche par exemple, Martine Aubry et Elisabeth Guigou, candidates à Lille et Avignon, perdent ainsi respectivement trois et huit points de jugements favorables, en grande partie du fait de jugements plus sévères auprès des sympathisants de droite (-7 points pour chacune). La bienveillance de la moitié des Français leur permet tout de même de conserver les troisième et quatrième place du palmarès des personnalités, derrière Jack Lang (2ème, 57% d'opinions favorables) et Bernard Kouchner (1er avec 65% de jugements favorables), dont le retour en France et au gouvernement n'a pas entaché la forte popularité dont il bénéficie à droite. Bien au contraire, c'est auprès de cette catégorie qu'il progresse le plus (11 points).
A droite, Alain Juppé, candidat à Bordeaux, ou Philippe Douste-Blazy, engagé dans la bataille pour la mairie de Toulouse, perdent eux aussi quatre points de jugements favorables chacun, en partie du fait d'un moindre soutien des proches de la gauche plurielle.
La situation est nettement plus délicate pour Philippe Séguin. Le député des Vosges et chef de file de la droite dans la bataille de Paris perd en un mois sept points de jugements favorables, pour un solde aujourd'hui largement négatif (-13). Surtout, cette baisse de popularité est en grande partie imputable à la baisse du soutien des sympathisants de droite (-13 points d'avis favorables chez les sympathisants RPR et UDF), ce qui confirme l'incompréhension des proches de la droite pour sa stratégie de campagne à Paris.
En revanche, Jacques Chirac et Lionel Jospin échappent à la crispation des électorats. Cela va en effet beaucoup mieux pour les deux têtes de l'exécutif. L'épisode des affaires ne semble plus qu'un mauvais souvenir pour Jacques Chirac qui retrouve ce mois-ci une popularité équivalente à celle qu'il enregistrait avant la chute due à l'affaire Méry. Le président de la République gagne sept points de jugements favorables (61%, contre 54% en janvier dernier). Toujours très fortement soutenu dans son propre camp (89% d'opinion favorables auprès des sympathisants RPR), il bénéficie à nouveau de la bienveillance des proches de la gauche plurielle, et notamment des sympathisants PS (58% de jugements favorables, + 16 points).
Parallèlement, Lionel Jospin progresse lui aussi de six points dans notre baromètre, pour atteindre la barre de 60% de jugements favorables. Le Premier ministre bénéficie toujours d'un fort soutien à gauche (89% d'opinion favorable chez les sympathisants PS), et progresse lui aussi fortement auprès des proches de l'opposition (52% d'opinion favorable chez les sympathisants RPR, + 10 points). En termes d'intentions de vote présidentielle, il battrait aujourd'hui Jacques Chirac de deux points au deuxième tour (51% contre 49% pour Chirac), soit exactement le score inverse de celui enregistré en décembre dernier. A plus d'un an du scrutin, le chassé-croisé entre les deux hommes se poursuit sans qu'aucun ne parvienne à prendre un avantage décisif.