2nd tour : qui sont les abstentionnistes ?
65,7% des électeurs se sont abstenus au second tour des élections régionales selon l'estimation Ipsos/Sopra Steria de 18h25, ce qui constitue à nouveau un record historique. Un tel niveau d'abstention n'avait été enregistré que deux fois dans l'histoire de la Ve République, au référendum de 2000 sur le passage du septennat au quinquennat (69,8%) et la semaine dernière, au premier tour des Régionales (66,7%).
L'abstention a donc une nouvelle fois concerné ce dimanche toutes les catégories d'électeurs, avec tout de même des intensités différentes. Les niveaux sont beaucoup plus élevés que d'habitude, mais la structure reste familière, avec notamment une abstention qui diminue quand on progresse dans les catégories d'âge : 79% des moins de 35 ans ne se sont pas rendus aux urnes, 75% dans la catégorie 35-49 ans, 62% chez les 50-59 ans, 61% chez les 60-69 ans. Ce n'est qu'à partir de 70 ans que l'abstention devient minoritaire (42%, pour 58% de participation). Ce différentiel de participation par catégories d'âge trouve sa traduction dans les catégories socio-professionnelles, avec une abstention légèrement minoritaire (49%) chez les retraités. Ce n'est le cas dans aucune autre catégorie, les cadres (63%) s'étant tout de même un peu moins abstenus que les professions intermédiaires (71%) et les employés/ouvriers (74%).
Sur la proximité partisane, la structure de l'abstention et la participation nettement plus importante de l'électorat plus âgé induit un différentiel favorable aux Républicains et au Parti Socialiste. 70% des électeurs proches de la France Insoumise et d'EELV, 64% des sympathisants RN, ne se sont pas allés voter au second tour des Régionales, pour "seulement" 60% des sympathisants socialistes et 57% des sympathisants LR/UDI. Si l'on se réfère à la Présidentielle 2017, on relève pour ce second tour des Régionales une abstention plus forte de 14 points chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (70%) par rapport à ceux de François Fillon (56%), l'électorat 1er tour de Marine Le Pen étant à un niveau intermédiaire (63% d'abstention). Même si leur mobilisation n'a pas trouvé de traduction en terme de performance électorale, l'électorat LREM s'est également moins abstenu que la moyenne (57% d'abstention chez les sympathisants LREM, 58% chez les électeurs d'Emmanuel Macron au premier tour de la Présidentielle 2017).
Au final par rapport au premier tour, l'ordre de grandeur - deux tiers d'abstentionnistes - est resté le même, tout comme les raisons principalement évoquées : mécontentement par rapport à l'offre politique nationale et régionale, méconnaissance de l'institution régionale et manque d'intérêt pour le scrutin.
Environ un abstentionniste sur quatre a ainsi souhaité "manifester son mécontentement à l'égard des hommes politiques en général" (27%) ou déclare "qu'aucune liste ou candidat ne plaisait" (23%). Un sur cinq "n'avaient pas la tête à aller voter, avaient d'autres préoccupations ou avaient envie de faire autre chose" (20%) et 18% n'étaient tout simplement "pas intéressés" par le scrutin. L'absence d'enjeux - "les résultats sont connus d'avance, mon vote n'y changera rien" (17%), "l'action des régions n'a pas d'impact sur ma vie quotidienne" (14%), "les régions n'ont pas beaucoup de moyens d'action" (14%) - est moins souvent cité. A la marge, la crainte du coronavirus a également dissuadé un abstentionniste sur dix de se rendre aux urnes.
Fiche technique : enquête réalisée en ligne menée par Ipsos auprès d'un total de 1 499 inscrites sur les listes électorales, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus entre le 25 et le 26 juin 2021.
