Santé : accès aux soins et délais de prise en charge problématiques

La santé et sa prise en charge en France représentent un sujet d’inquiétude pour une majorité de Français alors que le gouvernement lance son plan d’économies. Ipsos, en partenariat avec la Fédération Hospitalière de France (FHF), a mis en place un grand observatoire sur l’égalité d’accès aux soins afin de faire un état des lieux de la perception et du vécu des Français sur l’accès aux soins.

Des Français élogieux sur la qualité des soins de leur système de santé

Les Français considèrent leur système de santé comme le meilleur du monde. Ce bon résultat s’appuie sur la reconnaissance d’un dynamisme français de la recherche et de l’innovation auxquels l’hôpital contribue significativement. Une égalité d’accès garantie dans les hôpitaux publics (78% des Français), mais une perception de sélection par les cliniques privées (68% des Français). Pour 1 Français sur 2, le droit et l’information des patients restent stables et progressent même pour 1 tiers d’entre eux.

Mais un système menacé aux yeux des Français

Les préoccupations des Français en matière de santé sont nombreuses. Ils sont inquiets et portent un jugement lucide sur les menaces qui pèsent depuis plusieurs années sur l’hôpital et notre système de santé : les incertitudes concernant son mode de financement, la complexité de son organisation, source parfois de dysfonctionnements et sa trop faible ouverture vers les autres acteurs de santé publics, privés, libéraux.

Les Français ont le sentiment d’une médecine à deux vitesses: inégalités territoriales, ceux qui ont de l’argent ont plus de possibilités de se faire soigner (92%), les innovations et les traitements ne sont pas proposés à tous les patients (74%) et des inégalités de traitement selon les patients (58%).

Ce constat critique est également fondé sur l’expérience. En effet, près d’un Français sur deux a dû renoncer à des soins ou à une consultation en raison d’un coût jugé trop élevé. La majorité des Français ont déjà eu des difficultés à trouver un professionnel de santé disponible dans un délai acceptable dans leur zone. 1 Français sur 5 a eu l’expérience d’une perte de chance liée à l’habitat ou aux moyens financés.

L’évolution de la qualité et de la sécurité des soins de ces 5 dernières années questionnent un tiers des Français. Ils mettent en parallèle une certaine dégradation des conditions d’accès aux soins et des conditions de travail du personnel.

Une gestion du système de santé au cœur du problème


Une large majorité des Français dénonce la problématique de l’organisation des soins : engorgement des hôpitaux, manque d’hôpitaux en France, mauvaise gestion des hôpitaux publics, la mauvaise coordination des acteurs.

Des actes et des prescriptions jugés inutiles voire abusifs : beaucoup de prescriptions inutiles, certains médecins qui proposent des actes injustifiés. 1 quart des Français déclarent avoir déjà eu à faire des examens inutiles ou redondants. Une perception globale à l’ensemble des actes et soins (que ce soit les médicaments, les arrêts maladies, les examens, les interventions d’auxiliaires médicaux, les fournitures et appareils…).

Des délais d’attentes jugés trop longs en ville comme à l’hôpital : 60% ont déjà renoncé à consulter, réaliser des soins ou des examens en raison des délais. Des délais d’attente vécus comme longs auprès des spécialistes en ville comme à l’hôpital mais également très hétérogènes. La majorité des Français dénonce la pénurie de médecins à certains moments de l’année.

Des Français ouverts au changement

Une majorité des Français sont favorables à de nouvelles formes de coopération et d’organisation de la permanence des soins : une mutualisation des compétences (déplacement sur le territoire, équipes médicales regroupées en centre spécialisés), une obligation de permanence des soins pour les établissements bénéficiant d’un financement public et surtout d’une coopération renforcée entre hôpitaux et professionnels d’un même territoire. De ce point de vue, la coopération entre l’hôpital et la maison de retraite doit absolument être renforcée.

Une recherche d’optimisation des financements : les Français considèrent à 82% qu’il n’y a pas lieu pour l’Etat de continuer à financer les établissements privés ne respectant pas les principes du service public. Une majorité également ouverte à un financement privé des hôpitaux publics (dons, partenariat avec les entreprises, prise en charge de malades étrangers prêts à payer…).

La volonté affichée par les pouvoirs publics de développer l’ambulatoire n’est pas encore partagé par la majorité des Français (40% déclarent que c’est une mauvaise chose et 20% qui ne savent pas se positionner). Les Français les plus sensibles sont ceux ayant des bas revenus. Néanmoins, les Français qui ont déjà eu une expérience de la chirurgie ambulatoire sont satisfaits de ce mode de prise en charge (71%). Cette observation démontre qu’un effort de pédagogie est sans doute nécessaire.

Quid du plan d’économie ?

Face à ces enjeux, les Français sont ouverts aux changements mais toutefois une majorité est pessimiste quant à la capacité du gouvernement à les amorcer : la moitié considère que les mesures du gouvernement ne vont pas s’attaquer au fond des problèmes, 1 tiers pense même que ces mesures représentent une menace.

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