Ségolène Royal a les cartes en main
Le FIGARO. - Compte tenu de la différence entre popularité et vote, n'est-il pas trop tôt pour conclure du phénomène Royal qu'elle est bien placée pour 2007 ?
Pierre GIACOMETTI.- Elle s'est placée dans la bataille interne au PS, ce qui est déjà important. Pour le reste il est trop tôt pour tout le monde ! Regardez qui faisait la course en tête à un an des scrutins passés : Barre, Balladur, Jospin. Une présidentielle se joue en trois mois : la popularité s'efface alors au profit de la concurrence sur deux terrains : le plus attractif et le moins gaffeur.
Est-ce à dire que la nature de sa popularité est différente ?
Elle a surtout changé de dimension. Ségolène Royal a d'abord bénéficié d'une popularité de bienveillance: une femme moderne, vies publique et privée réussies, appréciée parce qu'attentive à des sujets clés comme la famille ou l'éducation et courageuse sur des questions morales. Tout cela construit une image pragmatique et modérée. Depuis novembre, on est dans la popularité de différenciation. Elle suscite l'espoir donc sa popularité progresse, notamment dans certains milieux qui ont parfois pris leurs distances à l'égard d'autres leaders du PS : près de trente points de plus chez les ouvriers et près de vingt points parmi les jeunes en six mois !
N'y a-t-il aucune faille ?
Si comme dans tout état de grâce ! Ségolène Royal n'a pas encore acquis une popularité de compétition, capable de changer le soutien en vote. Aujourd'hui, son image consensuelle est pauvre en aspérités. Elle est sans passif et son passé est frais. Viendra la fin de consensus qui se traduira par une baisse de crédibilité à droite et qui basculera dans une double choc, interne à la gauche et frontal face à la droite. La compétition va modifier son image, l'exposer aux effets de contraste provoqués par ses concurrents.
Aujourd'hui, sa popularité n'est-elle entretenue que par les médias ?
On n'est pas populaire par hasard. Aujourd'hui les médias ne jouent pas contre elle et les sondages alimentent "un produit gagnant". Son mérite a été de redonner espoir à la gauche. Mais à l'approche du scrutin, le climat politique et médiatique deviendra plus exigeant à son égard.
Ses prises de position vont parfois à contre courant de la pensée dominante à gauche...
Dire du bien de Blair un jour, être féroce à l'égard de la droite le lendemain, c'est montrer de la plasticité et du pragmatisme, donc être en phase avec la société française. Cette liberté d'expression passera sous contraintes le jour où elle devra clarifier sa ligne politique et "son socialisme". Voilà le risque n°1 pour elle.
Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont en tête des sondages...
Ils incarnent le passage à une nouvelle génération, en compétition pour représenter l'alternance dans une élection peut-être privée de sortant. Chacun dans son camp a su créer une différence, une marque de fabrique. Ce duel possible offre beaucoup de terrains de contrastes : l'homme d'autorité contre la femme de protection, sans pour autant que l'un et l'autre ne laissent l'usage exclusif de ces territoires au rival.
La popularité de Ségolène ROYAL chez les Français vs autres candidats potentiels
La popularité de Ségolène ROYAL chez sympathisants PS vs autres candidats potentiels
La popularité de Ségolène ROYAL chez les moins de 35 ans vs autres candidats potentiels
Les Français déclarant être sûrs de voter Ségolène ROYAL vs autres candidats potentiels PS et NS
Les sympathisants du PS déclarant être sûrs de voter Ségolène ROYAL vs autres candidats potentiels PS



