Séquences électorales : l'innovation, c'est maintenant !
Alors que la préparation des élections législatives bat son plein, il est sûrement encore trop tôt pour tirer le bilan complet de la séquence électorale de 2012, et je laisserai cette tâche à nos experts d’Ipsos Public Affairs. Je profite néanmoins de ces lignes pour vous dire à quel point, du point de vue des études politiques, l’élection présidentielle qui s’achève aura été un tournant dans les méthodes et la discipline des études électorales.
Le premier tournant est celui des études par internet. La belle affaire me direz-vous, puisque dans de nombreux domaines d’études, nous interviewons des consommateurs par internet depuis une dizaine d’années. Oui, mais les études politiques étaient largement restées à l’écart du mouvement, essentiellement en raison des questions de représentativité. Aujourd’hui, avec plus de 70% de pénétration d’internet et une grande expérience dans la gestion des panels d’internautes, nous constatons qu’il n’est pas simple, mais très possible, d’établir des données d’intentions de votes fiables par une interrogation sur le net. Pour nous et vous le démontrer, nous avons suivi toute la campagne en utilisant en parallèle des méthodes téléphoniques et des méthodes online. Nous avons publié les résultats d’un panel en ligne de « changeurs d’avis » pour comprendre les dynamiques de campagnes. 2012 sera en France la première campagne validant véritablement des intentions de vote par internet.
Dans le registre technique toujours, nos analyses ont également pu profiter d’une plateforme sociale que nous avons montée sur internet, il y a plus d’un an. Elle a consisté à observer, chaque jour, le dialogue spontané établi par une centaine d’électeurs de tous horizons, tous bords politiques,… Formidable observatoire de la résonnance des idées et des programmes politiques, le « dire vrai » des citoyens entre eux nous a permis de comprendre, d’enrichir et d’orienter nos analyses. En recréant in vitro un petit réseau social, en l’observant et le stimulant, nous nous sommes rapprochés des citoyens – ce qui est fondamental pour donner de la lucidité et de la pertinence à nos commentaires –.
Conceptuellement, enfin, nous savions que les traditionnelles variables sociodémographiques pouvaient être un peu « sèches » pour commenter certaines évolutions de l’opinion. Notre travail avec le géographe Christophe Guilluy (auteur de l’éclairant Fractures françaises), et la publication d’une étude qui, je crois, fera date dans le Nouvel Observateur, nous a apporté une nouvelle compréhension de l’espace français, avec la délimitation des zones sociologiquement fragiles, rurales et périurbaines. Une grande partie du résultat final s’y est jouée, avec un Nicolas Sarkozy convaincant en 2007, et très en peine sur ces zones en 2012. De quoi faire tout basculer. Nous conserverons ce niveau d’observation géographique dans nos études à venir tant il est éclairant.
Cette séquence présidentielle aura aussi été pour nous l’occasion d’approfondir et de chercher de nouvelles méthodes. Nous qui sommes aujourd’hui classés au premier rang de notre marché dans le palmarès publié par Marketing Magazine, nous nous faisons un devoir de garder beaucoup d’humilité sur l’existant et d’enthousiasme pour tout ce qui vient.
En politique, peut-être que « Le changement c’est maintenant ». En tous les cas, chez Ipsos, l’innovation c’est tout le temps.
A très bientôt