Slow : un désir ultra-majoritaire en Europe

La plupart des Européens ont aujourd’hui le sentiment de vivre au quotidien sous la pression du temps et de l’urgence. Face à un phénomène qui apparaît comme une importante source de stress, l’aspiration à un mode de vie plus « slow » est ultra-majoritaire en Europe, comme le révèle une enquête Ipsos réalisée pour Comexposium à l’occasion de la Foire de Paris 2011 

Près de 8 Européens sur 10 - 77% des personnes interrogées – déclarent avoir l’intention de ralentir leur rythme de vie. Seulement 23% n’en expriment pas l’intention. L’idée de ralentir fait donc largement sens. Elle se heurte pourtant souvent aux contraintes du réel, apparaissant alors comme un vœu pieux. En effet, si 40% des Européens peuvent être considérés comme des « slow assumés » (ils disent avoir déjà ralenti leur rythme de vie ou envisagent sérieusement de le faire), on compte presque autant de « slow contrariés » (37%), qui aimeraient ralentir mais ne savent pas comment faire (19%) ou ne pensent pas que cela soit possible (18%). C’est plus particulièrement chez les femmes et les jeunes actifs que l’on retrouve ces « slow contrariés ».

A noter que l’aspiration à un mode de vie plus slow est d’autant plus difficile à concrétiser qu’elle va à l’encontre de certaines des valeurs majeures du monde occidental. En effet, le culte de la vitesse, associé à celui de la performance, exerce une telle pression dans nos sociétés que le fait de ralentir, en allant à contre-courant du mouvement dominant, suscite de la mauvaise conscience pour près de la moitié des individus.

L’Italie est le pays de la « slow attitude »

L’enquête montre également que l’Italie apparaît comme le pays du slow par excellence. Les Italiens sont en effet ceux qui disent subir le plus fortement la pression du manque de temps et de l’urgence permanente, et qui manifestent la plus forte volonté de ralentir. Mais c’est aussi chez eux que l’on trouve la plus forte présence de « slow contrariés » (45%, contre 37% en moyenne). Le décalage entre l’idéal et le réel rend donc la question du ralentissement particulièrement problématique en Italie, et ce n’est pas un hasard si c’est dans ce pays que la plupart des initiatives visant à promouvoir le mouvement « slow » ont vu le jour (Slow food, Slow city, Slow sex, ou plus récemment Slow ski).

Une pression du temps plus forte dans les pays latins

De manière générale, en ce qui concerne l’intensité du sentiment de manquer de temps et de vivre dans l’urgence, les Français se situent juste derrière les Italiens, mais assez nettement devant les Britanniques et les Allemands. Leur niveau de stress est notamment le plus élevé des 4 pays (59% d’entre eux se déclarent « souvent stressés »). On note ainsi que c’est dans les pays latins que la pression du temps est ressentie le plus fortement.

En revanche, les Français ont un cran d’avance sur les Italiens en ce qui concerne le passage à l’acte, puisque 31% d’entre eux disent avoir déjà ralenti leur rythme de vie (vs 18% des Italiens).

Ralentir : améliorer sa qualité de vie plutôt qu’être plus efficace

Quels sont les principaux bénéfices d’un rythme de vie moins intense ?

Pour la grande majorité des personnes interrogées, et ce, dans tous les pays de l’enquête, il s’agit avant tout d’une question de « mieux-être » : 66% estiment que ralentir leur permettrait de « mieux profiter de la vie », 55% d’améliorer leur « qualité de vie », et 54% de se sentir « moins stressés ». A l’inverse, l’amélioration de son efficacité dans les tâches de la vie quotidienne est clairement considérée comme un bénéfice secondaire. Des progrès comme « mieux travailler », « faire moins d’erreurs », « mieux réfléchir »…, ne sont cités qu’à hauteur de 30% chacun en moyenne. Ce sont essentiellement les plus jeunes qui sont sensibles à cette dimension plus pragmatique du « slow ».

Slow attitude : les secteurs porteurs

Enfin, si une majorité exprime clairement le besoin de ralentir, celui-ci apparaît moins comme un souhait d’ordre général que comme un besoin ciblé sur certains types d’activités. Si l’on se penche plus particulièrement sur le cas français, les domaines dans lesquels la « slow attitude » a le potentiel le plus important sont au nombre de trois :

  • Les relations avec les proches : une majorité d’individus souhaiteraient prendre plus leur temps lorsqu’ils passent des moments avec leur famille (55%) ou leurs amis (49%)
  • Le tourisme : 53% souhaiteraient lever le pied lorsqu’ils visitent un pays, une ville, une région
  • Les loisirs personnels : la moitié des individus (50%) aimeraient prendre plus leur temps lorsqu’ils se consacrent à leurs loisirs (ex : lecture, bricolage, activité artistique…)


Fiche technique :

Enquête réalisée en ligne en février 2011 dans 4 pays européens (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie), auprès d’un échantillon national représentatif de 1000 individus âgés de 16 à 64 ans dans chaque pays.

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