Suède : vers un recul électoral du parti social-démocrate
A moins d'un mois des élections du 20 septembre 1998, le parti social-démocrate au pouvoir est en perte de vitesse mais le succès de l'opposition de droite n'est nullement assuré. La dernière enquête de l'institut Demoskop (1212 personnes interrogées du 20 au 25 août) publiée par le quotidien "Finanstidningen" montre une sévère chute d'influence de la formation gouvernementale. Le parti social-démocrate, qui gouverne la Suède depuis 1936 à l'exception de seulement neuf années d'opposition, n'est crédité que de 35% des intentions de vote contre 45,3% des suffrages aux élections de 1994.
Le parti de la droite modérée ne profite que partiellement de cette usure du pouvoir. Avec 27,5% des intentions de vote, il ne progresserait que de cinq points par rapport à son score de 1994 (22,4%) alors que les sociaux-démocrates reculeraient de dix points. La formation qui semble avoir le plus le vent en poupe est un parti socialiste situé à la gauche du parti social-démocrate, crédité de 11% des voix (contre 6,2% il y a quatre ans). Les écologistes seraient à peu près stable (5%), le parti chrétien-démocrate gagnerait deux points (6%), le parti libéral se tasserait légèrement (6%) tout comme le parti du centre (6,5%).
Une autre enquête, réalisée par TEMO pour le journal "Dagens Nyheter", situe les sociaux-démocrates à 36% des intentions de vote et le parti conservateur à 26%
Le futur visage politique de la Suède ne se lit cependant pas uniquement dans ces chiffres. La tradition veut que les alliances ne se nouent qu'après le vote des électeurs. Or le parti du centre, partenaire des sociaux-démocrates depuis 1994, laisse aujourd'hui planer le doute sur sa stratégie. L'opposition conservatrice aimerait l'attirer dans son camp, même si les positions antinucléaires du parti du centre jurent avec son propre programme.
Cette campagne électorale a vu les deux principaux partis dévoiler tardivement, le vendredi 21 août, deux programmes assez contrastés. Les conservateurs modérés ont promis une baisse des impôts de l'ordre de 80 milliards de couronnes suédoises (9,7 milliards de dollars) tandis que les sociaux-démocrates ont annoncé un programme de dépenses d'un milliards de couronnes destiné à améliorer la protection sociale et à faire baisser le chômage (de 8% à 4% de la population active en l'an 2000).
Le rôle de l'Etat n'est pas la seule pomme de discorde entre le premier ministre Goran Persson et son adversaire conservateur Carl Bildt. Les deux principaux partis sont également opposés sur l'Europe, la droite militant en faveur d'une participation de la Suède à la monnaie unique que le gouvernement social-démocrate a différée. La récente crise monétaire qui secoue la couronne a donné des arguments à l'opposition. Signalons encore que les conservateurs sont plus favorables au programme nucléaire que les sociaux-démocrates.
Un sondage Gallup publié au début du mois d'août par le journal "Expressen" montre que les thèmes privilégiés par les sociaux-démocrates gardent la faveur de l'opinion publique suédoise. Celle-ci estime que les problèmes majeurs demeurent l'emploi et la santé, les impôts et la monnaie unique européenne ne décrochant respectivement que la septième et la douzième position.