Trois questions à François Hollande, Premier Secrétaire du PS
L'enquête Ipsos montre que les Français et les sympathisants du PS assignent au Parti socialiste comme une priorité numéro un la lutte contre les inégalités sociales. Quelles réformes faut-il selon vous encore engager dans ce domaine ?
F.Hollande : C'est notre mission historique de lutter contre les inégalités. C¹est ce que nous avons fait depuis 1997. Les résultats sans précédent en matière de chômage grâce aux 35 heures, aux emplois jeunes et à une politique économique qui a permis la stimulation de la croissance, constituent le socle à partir duquel nous devons construire une politique de redistribution.
C'est ce que nous enseigne votre enquête. C'est une attente que nous avions nous-mêmes anticipée. Notre Congrès de Grenoble est tout entier dirigé dans ce sens : l'engagement pour une France plus juste. Cela passe par une négociation sur un partage différent des surplus et des mesures fiscales appropriées (baisse des impôts, allègement de la CSG) ; cela passe aussi par l'ouverture de nouvelles perspectives comme la création d¹un véritable droit à la formation tout au long de la vie, l'offre d'un contrat de retour à l'emploi pour tous ceux qui en sont les plus éloignés, la mise en oeuvre d'une allocation-formation attribuée aux jeunes en contrepartie d'un parcours qualifiant et leur garantissant l'autonomie financière. C'est autour de ces grandes orientations que nous préparerons le contrat que nous présenterons aux Français d¹ici 2002.
La baisse des impôts et des taxes arrive en seconde position des attentes à l'égard du PS, alors pourtant qu'un plan de baisse de plus de 100 milliards milliards a été annoncé en septembre. Faut-il simplement mieux communiquer sur les baisses engagées ou aller encore plus loin dans la baisse de la fiscalité ?
F.Hollande : En cette matière, il y a parfois plus d'appétit que de mets à proposer. Mais, ces attentes de baisses d'impôts confirment que nous avons déjà eu raison d'engager ce mouvement. A nous de convaincre les Français de l'ampleur et de l'équité des mesures prises : près de 100 milliards de réduction d'impôts sur la seule année 2000 et touchant toutes les formes d¹imposition (TVA, taxe d'habitation, impôt sur le revenu, vignette). Et le mouvement va se poursuivre jusqu'en 2002. Nous devrons aller plus loin, notamment pour les faibles revenus, en allégeant la CSG jusqu'à 1,8 SMIC, en envisageant une réforme plus profonde de la fiscalité locale qui donne autonomie et marges financières aux collectivités pour leur permettre de mieux assurer leurs missions de proximité auprès de nos concitoyens, dans le cadre d'un nouvel acte de décentralisation.
A quelques heures de votre Congrès, autour de quel projet le PS sera-t-il, selon vous, capable de rassembler, lors des prochaines échéances électorales, la nouvelle alliance des classes populaires et moyennes dont a parlé le Premier ministre ?
F. Hollande : Si j'en crois les résultats de votre sondage, l'image du Parti socialiste s'est améliorée pour 22% des sondés et 33% des électeurs socialistes, ce qui sans répondre complètement à votre question témoigne tout de même d'une évolution rare en période de responsabilité gouvernementale. L'alliance entre catégories populaires et classes moyennes, dont a parlé Lionel Jospin, est décisive pour la cohésion du pays et l'avenir de la Gauche. Elle perd sa modernité lorsqu'elle voit les couches les plus dynamiques l'abandonner, mais elle perd son sens, lorsque les classes les plus modestes s'éloignent d'elle. Pour unir les unes et les autres et pour concilier des intérêts qui ne sont pas contradictoires, nous avons la perspective d'une société du plein emploi qui soit aussi celle de la pleine citoyenneté et de la pleine égalité. C'est notre façon d'être fidèles à notre tradition politique et de répondre aux nouveaux enjeux.