Un couple exécutif lourdement sanctionné, des socialistes qui ne capitalisent pas la crise

La nouvelle vague du Baromètre politique et du potentiel présidentiel Ipsos / Le Point, réalisée à la veille de l’annonce du retrait du CPE, témoigne d’une chute sans précédent de la popularité du couple exécutif. Cependant, cet accroissement de l’hostilité à l’égard du tandem Chirac-de Villepin ne profite pas au PS qui peine à capitaliser la crise.

Effondrement sans précédent de la popularité de l'exécutif

Dans le sillage de l'intense vague de contestation sociale qui s'est achevée par le retrait du CPE, la popularité du Premier ministre enregistre ce mois-ci une baisse spectaculaire. Seuls 3 Français sur 10 (30%) portent aujourd'hui un jugement favorable sur son action, soit un recul de 15 points par rapport à mars dernier. Il s'agit ici de la plus forte chute de popularité d'un Premier ministre en un mois, depuis la mise en place du Baromètre politique Ipsos / Le Point il y a dix ans. Autre indicateur de la forte crispation d'une partie des Français, plus d'un tiers d'entre eux (34%, +15 points) déclarent avoir une opinion « très défavorable » de Dominique de Villepin.

Relativement épargné jusqu'au mois dernier par la grogne des Français, Jacques Chirac paye au prix fort son intervention personnelle dans le dossier CPE. Avec seulement 29% de jugements favorables (contre 67% d'avis défavorables), sa popularité se dégrade de 11 points par rapport au mois dernier et se situe désormais presque au même niveau (28%) qu'au lendemain de la victoire du « non » au référendum sur la Constitution européenne. Si, sans surprise, l'image du président de la République se détériore auprès des sympathisants de gauche, la baisse est particulièrement marquée chez les personnes se déclarant proches de l'UDF (38% d'avis favorables, -25 points). Plus inquiétant encore, seulement 53% (-10 points) des sympathisants UMP, pourtant majoritairement favorables au CPE, lui accordent aujourd'hui leur soutien, soit le plus mauvais score dans son propre camp depuis dix ans. Jacques Chirac semble ainsi être doublement sanctionné, à gauche pour sa défense du CPE, à droite pour une gestion de crise contestée.

Baisse générale des cotes de popularité à droite… comme à gauche

Deuxième constat de cette nouvelle vague du baromètre Ipsos / Le Point, après trois mois de crise autour du Contrat Première Embauche, l'opinion exprime une certaine lassitude à l'égard de l'ensemble de la classe politique. La grande majorité des personnalités politiques de droite, mais aussi de gauche, voient leur cote de popularité orientée à la baisse.

Signe de la « réussite » de la stratégie d'un président de l'UMP se voulant à la fois « solidaire et différent » du gouvernement, l'image de Nicolas Sarkozy enregistre dans ce contexte une érosion limitée (55% d'opinions positives, soit –3 points). On notera néanmoins que, suite à sa prise en main du dossier CPE, cette baisse est plus significative chez les 18-24 ans, qui ne sont plus désormais que 39% (-6 points) à lui accorder leur confiance. Dégradation plus marquée en revanche pour Jean-Louis Borloo (45% de jugements favorables, -5 points) de même que pour François Bayrou (41%, -6 points), François Fillon (26%, -5 points) ou encore Alain Juppé (26%, -6 points), ces trois dernières personnalités retrouvant leur niveau de popularité enregistré lors de la précédente vague du baromètre. Signalons enfin que Michèle Alliot-Marie, possible candidate à la prochaine élection présidentielle, est épargnée par cette tendance (47% d'opinions positives, inchangé) même si elle ne parvient pas pour autant à compenser la baisse enregistrée le mois dernier suite aux aléas du rapatriement du porte-avions Clémenceau.

L'accroissement de l'hostilité de l'opinion à l'égard du gouvernement et de nombreuses personnalités de la droite parlementaire ne profite pas pour autant au PS. Bien au contraire, la popularité de ses principaux leaders, à commencer par François Hollande, est clairement orientée à la baisse. Le premier secrétaire du PS voit ainsi sa cote de popularité se dégrader (34% d'avis favorables, -7 points), de même que Ségolène Royal (58%, -7 points), Jack Lang (50%, -7 points) ou encore Dominique Strauss-Kahn (36%, -5 points). L'analyse de l'évolution du palmarès des leaders politiques selon les sympathisants de gauche s'avère ici particulièrement révélatrice. Certes, l'image de ces dirigeants socialistes se détériore à droite, mais l'érosion est encore plus sensible au sein de leur propre camp : François Hollande perd ainsi 9 points auprès des personnes se déclarant proches de la gauche et 13 points chez les sympathisants PS. En revanche, trois personnalités enregistrent une forte progression dans le palmarès des leaders politiques préférés des sympathisants de gauche : il s'agit d'Olivier Besancenot (58% d'opinions positives, +10 points), de José Bové (66%, +8 points) et de Marie-George Buffet (54%, +6 points). Dans un contexte marqué par la forte crispation d'une partie de l'opinion, une franche de l'électorat de gauche semble ainsi accorder une prime aux discours plus radicaux, au détriment du PS.

Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, toujours au coude à coude

Confirmant la tendance observée lors de la vague précédente, le duel présidentiel Nicolas Sarkozy – Ségolène Royal se précise. A droite, avec la chute spectaculaire de la popularité de Dominique de Villepin, la voie semble aujourd'hui libre pour Nicolas Sarkozy dans sa course vers l'Elysée. Malgré une diminution non négligeable de son potentiel électoral, 54% des Français (-4 points par rapport à mars dernier) et 91% des sympathisants UMP pourraient aujourd'hui voter pour lui s'il était candidat lors du premier tour de l'élection présidentielle. Respectivement, 19% et 43% d'entre eux seraient même certains de le faire.

A gauche, en dépit d'une légère érosion de son potentiel électoral et d'un affaiblissement de son noyau dur de partisans, Ségolène Royal continue également à creuser l'écart avec les autres « précandidats » socialistes. La présidente du Conseil régional Poitou-Charentes, qui a mené une très forte offensive médiatique ces derniers jours, reste en tête du classement général de potentiel électoral avec 62% de Français déclarant qu'ils pourraient voter en sa faveur (-2 points) et 16% qui seraient « certains » de le faire (-4 points). Elle devance ainsi très largement Bernard Kouchner (potentiel de 51%, -3 points), Jack Lang (46%, -4 points) et Lionel Jospin (41%, -4 points), aussi bien auprès de l'ensemble des Français que des seuls sympathisants socialistes.

Quant à l'évolution des intentions de vote présidentiel par rapport au mois dernier, elle est en partie le reflet des tendances signalées plus haut. Ainsi, Ségolène Royal devancerait largement un Dominique de Villepin très affaibli, dès le premier tour (32% pour la présidente du Conseil général Poitou-Charentes, contre 20% seulement pour le Premier ministre) et de façon encore plus nette au deuxième tour (57% contre 43%).

Dans le cas où Nicolas Sarkozy porterait les couleurs de l'UMP, le duel serait en revanche particulièrement serré. Malgré une baisse de 3 points par rapport au mois dernier, le Ministre de l'Intérieur devancerait toujours Ségolène Royal au premier tour avec 33% des suffrages contre 28% (inchangé). A noter également ici la progression des candidatures situées à la gauche du PS qui réuniraient 16% des voix contre 13% en mars dernier. Au deuxième tour, grâce à un excellent report de voix à gauche mais aussi au mauvais transfert des voix centristes et du MPF vers Nicolas Sarkozy, la candidate socialiste obtiendrait aujourd'hui une très courte victoire avec 51% des suffrages (+1 point) contre 49% pour le candidat de l'UMP.


Fiche technique :

Popularité de l'exécutif
Palmarès des leaders politiques
Potentiel électoral présidentiel
Intention de vote présidentielle

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