A un mois du premier tour : le huitième forum de Canal Ipsos

Décrypter l'état de la société française et les attentes des Français, mesurer l'impact de l'actualité politique, économique et sociale, comprendre l'évolution des comportements et des attitudes... La huitième édition des forums de Canal Ipsos, consacrée à l'élection présidentielle de 2002, a eu lieu le 19 mars 2002. Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos, et Éric Dupin, journaliste, ont invité Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly, à débattre du rapport de force électoral à un mois du premier tour.

Enjeux de campagne

L'opinion française est celle qui exprime en Europe le plus haut niveau d'inquiétude pour les questions liées à l'insécurité. Elle est également particulièrement sensible aux problématiques d'inégalités sociales.

Mobilisation :

Face à l'insatisfaction provoquée par une campagne de premier tour sans enjeu réel pour une majorité de Français, le risque majeur est de réunir toutes les conditions d'un record d'abstention pour un premier tour d'élection présidentielle.
La série d'intentions de vote réalisée par Ipsos depuis octobre dernier fait apparaître d'importants différentiels dans les intentions de participation des Français. En particulier, la mobilisation est plus faible chez les jeunes et dans les milieux populaires. La réserve d'électeurs susceptible de se mobiliser est aujourd'hui plus importante à droite qu'à gauche.

Premier tour

Evolution des intentions de vote

La série d'intentions de vote premier tour met en relief l'absence de dynamique de campagne pour les deux favoris de l'élection. Chirac et Jospin enregistrent aujourd'hui exactement le même niveau d'intentions de vote qu'avant leur entrée en campagne (respectivement 23 et 21%). Toujours crédité de 10% des suffrages exprimés par les électeurs "certains d'aller voter" au premier tour, Jean-Pierre Chevènement ne franchit pourtant pas le seuil qui lui permettrait de rentrer en concurrence du couple de l'exécutif pour une qualification pour le second tour. L'inquiétude de l'opinion pour les questions liées à l'insécurité structure l'important potentiel électoral de Jean-Marie Le Pen, aujourd'hui à égalité avec le député-maire de Belfort (10%). La tendance est enfin très favorable pour Arlette Laguiller, qui poursuit sa progression (9%).

Chirac et Jospin

Jacques Chirac et Lionel Jospin rencontrent tous deux des difficultés à mobiliser leur propre camp. La réserve est importante pour Chirac, qui ne recueillerait aujourd'hui au premier tour que 56% des suffrages exprimés par les sympathisants de droite. La double mission imposée au candidat Chirac, de reconquête et de mobilisation de son électorat, n'inquiète pour autant pas Nicolas Sarkozy, qui juge finalement cet électorat plutôt solide au regard de "ce qu'on lui a fait subir depuis cinq ans". Potentiellement, la réserve de voix de Lionel Jospin est plus grande que celle du président sortant. Pour l'instant, il cristallise derrière sa candidature 42% des suffrages des proches de la gauche plurielle, mais la concurrence à gauche est plus significative. On se retrouve en fait dans une situation très différente de celle de 1995. Les soutiens potentiels de Jacques Chirac sont dispersés et n'offrent pas aujourd'hui toutes les garanties, tandis que les candidatures des alliés "gauche plurielle" de Lionel Jospin peinent à s'installer dans le paysage. Pour l'un comme pour l'autre, les premières réserves de voix sont aux extrêmes. En effet, le total des intentions de vote issues des rangs de l'extrême gauche et de l'extrême droite dépasse pour la première fois le seuil des 20%.

Le profil politique des électorats

Il est aujourd'hui très difficile d'établir en France le rapport de force gauche-droite. On constate une grande hétérogénéité dans le profil politique des électorats. Si Jospin peine à diversifier ses soutiens, qui se recrutent dans 85% des cas chez les proches du PS, la diversité de l'électorat potentiel de Noël Mamère met en lumière les difficulté du candidat des Verts à mobiliser son propre camp. Forte d'une image d'authenticité, Arlette Laguiller recueille d'abord les intentions des déçus de la gauche de gouvernement, ceux qui doutent de l'identité future de leur camp. Le succès virtuel et encore fragile de la candidate L.O. est ainsi "tout terrain" à gauche : les sympathisants socialistes représentent 43% de son électorat potentiel, les proches des Verts 14%, les sympathisants communistes 11%. Par comparaison, Olivier Besancenot représente le vrai candidat de l'extrême gauche (78% de son électorat potentiel).

Second tour

Evolution des intentions de vote

La dernière vague d'intentions de vote Ipsos-Le Figaro-Europe 1 marque un coup d'arrêt dans la progression de Lionel Jospin, rejoint par Jacques Chirac dans les intentions de vote second tour (50/50).

Reports de voix

Les allusions du Premier ministre à l'âge du président ont contribué à réveiller le réflexe anti-jospiniste d'une large frange de l'électorat de droite. En témoigne la progression du niveau de certitude de choix des électeurs de Jacques Chirac au premier tour, et les biens meilleurs reports de l'électorat de Jean-Marie Le Pen.

Le report potentiel de l'électorat Chevènement progresse légèrement en faveur de Jospin. La moitié de l'électorat de Laguiller choisirait aujourd'hui Jospin au second tour, contre 30% qui préféreraient se tourner vers Chirac (21% de non exprimés).

"au second tour, on élimine"

En l'absence de dynamique de campagne positive en faveur des deux hommes, la volonté d'éliminer l'autre candidat l'emporte dans chaque électorat. Près de la moitié de l'électorat potentiel de Chirac et de Jospin justifie son choix par le souhait que l'autre candidat soit battu. Cette logique de désignation par défaut est encore plus marquée dans les électorats potentiels de Laguiller, Chevènement et Le Pen, à relier à l'enjeu de plus en plus tangible au fur et à mesure que l'on se rapproche du jour du scrutin. Nicolas Sarkozy quant à lui "préfère une victoire par défaut qu'une défaite avec les honneurs".

Chirac-Jospin : confrontation d'image

Si Jospin est aujourd'hui mieux armé sur le terrain de la crédibilité, Chirac domine sur les critères de représentation et de proximité, qui importent beaucoup dans les déterminants du choix des Français, chez les électeurs hésitants en particulier. Jacques Chirac est presque unanimement soutenu dans son propre camp, les soutiens de Jospin étant plus nuancés.

Auteur(s)

  • Stéphane Zumsteeg - Directeur Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs
    Stéphane Zumsteeg
    Directeur du Département Opinion et Recherche Sociale, Public Affairs

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