Valeurs, identité et aspirations des jeunes avant l’élection présidentielle
Les 18-30, qu’on appelle généralement « la génération Y », ont fait couler beaucoup d’encre – probablement plus que les générations précédentes. De fait, les individus qui constituent cette génération sont souvent décriés par leurs aînés. Selon eux, les comportements de la « GenY » constituent une franche rupture avec les modèles établis, notamment au sein de l’entreprise, dans leurs rapports sociaux et leurs aspirations personnelles. Génération sacrifiée, exclue, dénuée de rites de passage, on décrit les « Y » comme totalement dans leur bulle : égocentriques, coupés du monde bien qu’hyper-connectés, versatiles, désengagés, infidèles et impatients…
Quelques mois avant la prochaine élection présidentielle, Glamour a souhaité réaliser une enquête auprès des jeunes, afin de leur donner la parole et de cerner plus précisément leur perception de la société actuelle, leurs valeurs, leurs aspirations, leurs craintes ou encore leur rapport à la politique. Qui sont les jeunes de 18-30 ans ? La génération Y est-elle réellement différente des générations qui l’ont précédée ?
Ipsos a donc interrogé début janvier 2012 un échantillon représentatif de 800 jeunes âgés de 18 à 30 ans. Loin des clichés parfois associés à cette population, cette enquête fait le portrait d’une génération relativement individualiste dont l’aspiration essentielle n’est pas de modifier en profondeur la société actuelle mais davantage d’en corriger les défauts essentiels (inégalités sociales, chômage élevé), qui aspire à l’autonomie mais en misant surtout sur l’effort personnel pour y parvenir.
I – Les préoccupations des jeunes : d’abord l’accès à l’emploi et le pouvoir d’achat
L’accès à l’emploi, principale inquiétude des jeunes
C’est le sujet qui les inquiète le plus (52%) et plus particulièrement les 18-24 ans (64% contre 39% pour les 25-30 ans). La possibilité de trouver et de conserver un travail stable semble de plus en plus être perçue comme un "graal", quasiment inaccessible pour beaucoup. La crainte de ne pas y parvenir est d’autant plus forte que l’on sait que pour cette génération, l’autonomie et l’indépendance financière sont un élément essentiel de réalisation de soi-même. Sans travail, cette indépendance devient illusoire. Ces très fortes inquiétudes vis-à-vis de l’accès à l’emploi s’accompagnent logiquement de réelles préoccupations à l’égard du pouvoir d’achat (47%) et de la crise économique et financière (36%). Le pouvoir d’achat est ce qui angoisse le plus les 20-30 ans (51%), alors même qu’ils sont à un âge où une part plus importante d’entre eux a réussi à entrer dans le monde du travail (ce qui explique que l’accès à l’emploi soit chez eux une source d’angoisse moins forte que pour les plus jeunes). Ce chiffre tend à montrer que le fait même de travailler n’empêche pas une bonne part d’entre eux de rester financièrement très fragile. D’ailleurs, juste derrière l’emploi, les impôts et les taxes (31%) et les inégalités sociales (22%) sont les domaines qui les angoissent le plus.
Des préoccupations relativement proches de celles du reste de la population française
Face à une situation économique qu’ils semblent juger très sombre et qui les rend très inquiets pour leur propre avenir, ils se montrent beaucoup moins préoccupés par des sujets comme l’environnement (seulement 15%), la situation des banlieues (5%) ou encore l’avenir de l’énergie nucléaire (3%), alors même qu’on serait tenté de les voir exprimer des inquiétudes plus fortes dans ces domaines.
Finalement, l’enquête montre que, comme l’ensemble de la population française, les jeunes expriment des préoccupations très fortes à l’égard de l’emploi, du pouvoir d’achat et de la crise économique. Ce contexte difficile semble d’ailleurs les rapprocher des autres générations, partageant de nombreux points communs avec elles. Etant les plus touchés par la conjoncture, ils partagent le réalisme des autres générations, celle de leurs parents inclue (pas d’optimisme débordant, des craintes et préoccupations strictement similaires aux autres générations).
II – Les jeunes, l’argent et la précarité : des comportements responsables qui n’empêchent pas une réelle fragilité financière
Un réel pragmatisme : des comportements d’épargne très répandus mais qui n’empêchent pas des difficultés financières très fortes, notamment ressenties par les plus âgés
Dans un contexte de réelle anxiété face à l’avenir et de fortes préoccupations vis-à-vis de leur pouvoir d’achat, les jeunes se disent plutôt prudents : 82% d’entre eux affirment essayer le plus possible de faire des économies et d’épargner un peu d’argent. L’image d’une génération Y, plus cigale que fourmi et entièrement focalisée sur la consommation, en prend un coup. Cette tendance à épargner est d’ores et déjà forte chez les plus jeunes (79%) et se renforce auprès des plus âgés (85%). Leur tendance à épargner est d’autant plus importante qu’ils ne considèrent pas massivement que leur situation financière va s’améliorer dans les prochaines années (seulement 60%), alors même que les espoirs suscités par leur future accession au monde professionnel ou par leur potentiel d’évolution salariale devraient être très importants compte tenu de leur âge. L’optimisme vis-à-vis de leur situation financière est encore moins fort auprès des plus âgés (54%). De fait, les dernières enquêtes réalisées par Ipsos auprès des salariés de moins de 30 ans montrent qu’ils ne dérogent pas au très fort pessimisme ressenti aujourd’hui par l’ensemble de la population salariée en ce qui concerne l’évolution de leur salaire (Observatoire de la vie de l’entreprise Ipsos / Cesi publié dans le Figaro Economie et sur BFM – Janvier 2012).
Les résultats de l’enquête semblent montrer que l’entrée dans la vie active génère même une plus forte fragilité financière. Les dépenses afférentes à l’autonomie (loyer, courses, impôts…) rendent l’émancipation très difficile car elle semble justement venir les handicaper financièrement. D’ailleurs, les 25-30 ans sont plus nombreux à dire avoir du mal à boucler leurs fins de mois (52% contre 45% des 18-24 ans). Le prix de l’autonomie et de l’indépendance est donc aujourd’hui extrêmement élevé.
Un sentiment très fort d’instabilité
Ces réelles difficultés ne génèrent pas pour autant un sentiment de précarité massif même si pas loin d’un jeune sur deux affirme se sentir souvent dans une situation de précarité (42%). D’ailleurs, les solidarités familiales (notamment parentales) restent aujourd’hui conséquentes chez les plus âgés à tel point que presqu’un jeune de 25-30 ans sur trois avoue que sans l’aide financière de ses parents ou de ses proches, il ne pourrait pas s’en sortir (34%). Comme on le verra, cette aide intergénérationnelle a aussi ses limites (notamment dans le domaine de l’accession à la propriété).
Conséquence, presqu’un jeune sur deux vit avec le sentiment que sa vie peut basculer à tout moment dans la précarité (49%). Cette perception ne s’amoindrit pas avec l’âge. Le ressenti d’une très forte instabilité et d’un risque avéré a des conséquences sur l’ensemble de leurs conceptions et sur leur mode de fonctionnement dans tous les domaines de la vie (notamment dans le travail). Autre illustration de la force de ce sentiment "d’incontrolabilité" de leur propre vie, plus de quatre jeunes sur dix considèrent aujourd’hui qu’ils n’ont que peu de pouvoir réel sur ce qui leur arrive (43% contre 57% qui estiment au contraire avoir le contrôle de la manière dont se déroule leur vie).
Pour autant, les situations fréquentes de précarités déclarées restent plutôt rares même si un jeune sur dix avoue rencontrer souvent des problèmes pour se procurer une alimentation saine et équilibrée (14%), payer son loyer ou les charges de son logement (11%) ou encore certains actes médicaux (8%). Ils sont en revanche beaucoup plus nombreux à rencontrer souvent ou quelques fois des fortes périodes de gênes pour réussir à assurer ces dépenses : 47% pour se procurer une alimentation saine et équilibrée, 40% pour assurer les dépenses de loyers ou de charges du logement et 39% pour payer certains actes médicaux. Nul doute que la répétition dans le temps de ces difficultés nourrit pour beaucoup leur sentiment de très forte instabilité face à l’avenir.
III – Les jeunes, l’accès à l’emploi et la vie professionnelle : l’épanouissement et la réussite passent avant tout par le travail
L’entrée dans la vie professionnelle, un marqueur essentiel de la réussite…
Là encore, l’enquête vient tordre le cou à un certain nombre de discours estimant que cette génération est aujourd’hui en partie désinvestie et détachée de la valeur travail.
La quasi-totalité des jeunes de moins de 30 ans considère qu’avoir un travail que l’on apprécie est une condition essentielle pour être heureux (96%), affirme avoir le goût du travail (92%) et que réussir sa vie professionnelle est un objectif essentiel pour eux (92%).
Chez ces jeunes, le travail est donc une valeur cardinale : accéder à un emploi, parler de son métier constitue un facteur de reconnaissance auprès de ses pairs. Et ce d’une part parce que l’accession à un emploi rémunéré constitue un seuil dans leur vie (il est souvent le début de l'indépendance financière et donc d’un mode de vie imaginé comme plus libre). En outre, dans un environnement particulièrement difficile pour les jeunes (près d’un jeune actif sur quatre de moins de 30 ans est au chômage en France), les jeunes sont particulièrement fiers de leur "job", quel qu’il soit. Ce ressenti est aussi fort chez les 18-24 ans que chez les 25-30 ans. Décrocher un travail est une telle gageure que près de 7 jeunes sur 10 affirment que s’ils trouvaient un emploi stable dans la situation actuelle, ils seraient prêts à le conserver même s’ils ne s’y épanouissent pas (66%).
…même si le chômage et les changements de parcours professionnels sont inévitables
La permanence du sentiment de précarité et d’instabilité des jeunes s’exprime aussi dans le domaine du travail. Alors même que bon nombre d’entre eux n’ont jamais encore travaillé et sont encore dans un cursus d’étude, la majorité des 18-24 ans considère qu’elle connaîtra certainement plusieurs périodes de chômage au cours de sa vie professionnelle (65%). Les plus âgés, plus fréquemment actifs, sont un peu moins pessimistes mais sont aussi persuadés de connaître des moments d’inactivité (56%).
Les jeunes ne sont pas seulement persuadés qu’ils rencontreront à un moment ou à un autre une ou plusieurs périodes de chômage. Ils estiment aussi très majoritairement qu’ils changeront certainement plusieurs fois de métiers au cours de leur vie professionnelle (70%).
Le diplôme, une condition nécessaire mais désormais insuffisante pour accéder à l’emploi
Les rapports qu’ils entretiennent avec le diplôme ne sont plus les mêmes que ceux de leurs parents. Les jeunes sont aujourd’hui persuadés qu’il reste une condition d’accès à l’emploi. Ils considèrent très majoritairement que le fait de ne pas avoir de diplôme est extrêmement handicapant, considérant que même si on est motivé l’on ne peut pas trouver d’emploi intéressant sans diplôme (38%). De la même façon, seulement 35% des jeunes considèrent que le diplôme ne sert à rien pour trouver un emploi.
En revanche, ils relativisent son importance notamment parce qu’eux-mêmes ne sont que modérément persuadés que leurs études les ont bien préparé à la vie professionnelle (58%).
Les facteurs de réussite : d’abord le réseau et le goût du travail mais aussi la chance
Lorsque l’on demande aux jeunes ce qui est aujourd’hui le plus important pour réussir sa vie professionnelle, ils citent d’abord le fait d’avoir des relations (48%). Il ne faut pas entendre ce terme dans le sens de "piston" mais plutôt dans celui de "réseau". Ils ont grandi en même temps que Facebook, LinkedIn, Viadeo ou Google+. Les réseaux sociaux leur sont ainsi devenus indispensables dans de nombreux aspects de la vie : trouver un emploi, retrouver ou rester en contact avec des amis, sortir, rencontrer l’âme sœur…
Juste derrière, ils citent le goût du travail (41%) devant le fait d’avoir des diplômes (37%) qui est presque aussi important que le courage (36%). Mais dans un monde de très forte instabilité et très mouvant, la chance est aussi une nécessité pour beaucoup (30%).
Le mérite et le travail seuls ne suffisent plus. Il est d’ailleurs inquiétant de voir qu’être né dans un milieu privilégié (même s’il arrive en queue de classement) est aujourd’hui considéré comme plus important pour réussir sa vie professionnelle que le fait d’avoir l’esprit de compétition (14%) et d’être créatif (8%).
Des jeunes sans concessions sur leurs propres lacunes et leurs manques : un très fort pragmatisme
Le moins que l’on puisse dire est que les jeunes semblent avoir intégré un certain nombre des reproches qui leur sont faits. Ils considèrent que leur principal défaut est le manque d’expérience professionnelle (71%) et soulignent aussi fortement leur manque de préparation aux réalités du monde du travail (46%).
Pour autant, ils critiquent le manque de confiance des chefs d’entreprise envers les jeunes (59%) même si une proportion non négligeable des 18-30 ans estime dans le même temps que le coût des charges à l’embauche pour les entreprises est trop élevé et constitue un frein (30%). Plus surprenant, les jeunes expliquent beaucoup plus rarement leurs difficultés à accéder au monde du travail par des discriminations dont ils pourraient être les victimes : leur origine sociale ou culturelle (19%), le fait d’être issu d’un quartier qui a une mauvaise image (13%) ou la couleur de peau (9%), même si les chiffres sont loin d’être négligeables.
La création d’entreprise n’est pas un idéal fort
Si les jeunes redoutent d’être confrontés au chômage, ils ne se montrent cependant pas attirés outre mesure par la création d’entreprise. Les très fortes difficultés rencontrées par les entrepreneurs et leurs craintes face à la précarité les poussent probablement à considérer qu’il ne s’agit pas là d’un moyen véritablement efficace d’accéder à l’autonomie et à l’indépendance. Si 45% d’entre eux se disent intéressés par l’aventure, au final seulement un jeune sur dix affirme qu’il songe sérieusement à le faire (13%). Les 18-30 ans estiment d’ailleurs que l’entreprenariat des jeunes est insuffisamment aidé en France (84%).
IV – Les jeunes, le logement et l’accès à la propriété : un levier pour devenir autonome et un rempart contre la précarité
Devenir propriétaire reste un objectif…
Malgré la flambée des prix de l’immobilier, devenir propriétaire n’est pas un rêve auquel les jeunes ont aujourd’hui renoncé : 93% d’entre eux affirment qu’ils aimeraient beaucoup pouvoir devenir propriétaires de leur logement un jour et seulement trois jeunes sur dix avouent avoir renoncé à l’être un jour (29%).
…pour lutter contre la précarité
Ce ne sont pas tant l’état ni le prix de leur logement qui les pousse à souhaiter devenir propriétaire puisqu’ils en sont le plus souvent satisfaits (83%) et qu’ils le considèrent comme adapté à leurs ressources financières (69%). En revanche, ils considèrent très majoritairement que c’est une garantie contre la précarité (71%)
La limite des solidarités intergénérationnelles : de la location à l’accession à la propriété
L’aide parentale reste une nécessité pour pouvoir louer un logement (77%), que ce soit via le mécanisme de caution ou des aides financières. Sans elle, la location semble presqu’impossible. Pour autant, cette solidarité a ses limites puisque moins d’un jeune sur deux estime que ses parents pourront l’aider financièrement s’il souhaite devenir un jour propriétaire de son logement. Si les plus jeunes sont un peu plus optimistes (48%), en revanche les 25-30 ans se montrent encore plus pessimistes sur les possibilités de soutien dont ils pourraient disposer (32%). Nul doute qu’une bonne part d’entre eux a tenté de susciter cette aide parentale et a probablement découvert ses limites.
V – Les jeunes et les questions de société : un détachement vis-à-vis de la politique mais des prises de position sur les grands débats de société relativement proches de celles de la population dans son ensemble
Etre individualiste devient une nécessité dans une société qui l’est devenue et qui ne les aide pas
Les jeunes de cette génération n’affichent ni un optimisme débordant (caractéristique traditionnelle des jeunes), ni un pessimisme insurmontable (malgré les difficultés auxquelles ils sont plus spécifiquement confrontés). Ils se montrent très pessimistes vis-à-vis de l’avenir de la société française (78%). Clairement, ils ne comptent pas sur les mécanismes de solidarité existants pour les aider. Ils sont la génération qui a vu exploser les discours concernant la fin du modèle social français et semblent l’avoir totalement intégré. En effet, cette image d’une société de moins en moins à même de compenser les inégalités et ne permettant plus vraiment l’ascension sociale se retrouve tout au long de l’enquête. Lorsqu’on leur demande quels sont selon eux les principaux défauts de la société française, ils lui reprochent d’abord d’être inégalitaire (54%).
Dans la même veine, ils estiment qu’il y a trop de malhonnêteté et de corruption (50%) et que l’argent y tient une trop grande place (40%). La critique est donc d’abord et avant tout sociale. Ce n’est pas l’attitude de la société face à la jeunesse qui les heurte le plus mais bien les inégalités qui se créent. La critique est d’autant plus forte qu’elle est globale.
La réduction des écarts entre riches et pauvres apparaît comme une attente importante. Ils reprochent à la société française d’être trop individualiste (35%). Le manque de place fait aux jeunes vient bien après (32%), tout comme les critiques concernant le fonctionnement démocratique ou le manque d’ordre.
Logiquement, dans un contexte économique très morose et face à une crise qui perdure, les jeunes affichent une confiance très faible dans les responsables politiques : seulement 13% considèrent qu’ils se préoccupent des gens de leur génération. Cette tendance reste stable, quel que soit l’âge des jeunes interrogés. Toutefois, il convient de garder à l’esprit que la population française dans son ensemble affiche aussi très majoritairement une réelle méfiance vis-à-vis des responsables politiques. Il ne s’agit pas d’une spécificité des 18-30 ans mais plutôt d’un point commun entre les générations.
Sur les grands débats de société, les jeunes se montrent relativement proches des positions de l’ensemble de la population française
Là encore, les jeunes affichent de nombreux points communs avec les autres générations. Tout comme l’ensemble de la population française, ils se montrent favorables au mariage homosexuel (72%), et ce dans des proportions plus importantes.
Plus surprenant, sur le sujet de la drogue et notamment de la dépénalisation du cannabis, les jeunes expriment une position éminemment conservatrice puisqu’ils y sont aujourd’hui très majoritairement opposés (60%).
En revanche, ils se montrent (et ce assez logiquement) farouchement opposés à la loi Hadopi (76%), probablement vécue comme une restriction de la liberté d’usage d’internet. Les Français en général sont un peu plus partagés sur la question.
VI – Les jeunes et l’environnement : une très forte sensibilité mais un engagement faible
Une réelle sensibilité environnementale même si elle reste modérée
Les jeunes de la génération Y figurent parmi les publics les plus sensibilisés à l’urgence environnementale, et ce notamment grâce à l’information qu’ils reçoivent durant leur cursus scolaire ou universitaire. Aussi sont-ils particulièrement préoccupés par les problématiques environnementales. Ils affirment très majoritairement avoir peur des conséquences de la détérioration de l’environnement sur leur santé et celle de leurs enfants (77%). Ils considèrent aussi que les catastrophes météorologiques (tempêtes, inondations) sont une conséquence directe du réchauffement climatique (76%). La grande majorité d’entre eux dit aussi inciter leur entourage à faire davantage attention à l’environnement (72%). Dans une moindre mesure, ils affirment aussi ressentir dans leur vie quotidienne les conséquences de la détérioration de l’environnement (56%).
Toutefois, on note que le niveau de persuasion des jeunes reste aujourd’hui très modéré (ils ne sont que très rarement "tout à fait" d’accord avec ces affirmations). L’enquête laisse à penser qu’ils sont "plutôt" sensibles. Par ailleurs, moins d’un jeune sur deux estime être pour une part personnellement responsable de la détérioration de l’environnement (47%). Près de quatre jeunes sur dix considèrent même que l’on en fait un peu trop avec l’environnement (38%).
Une sensibilité qui ne se concrétise pas vraiment dans les gestes
A travers leurs pratiques de consommation mesurées dans d’autres enquêtes réalisées par Ipsos, les jeunes apparaissent comme moins engagés que les autres en faveur du développement durable. Critères de fabrication, durabilité des produits qu’ils achètent, engagement environnemental ou équitable des marques : les jeunes ne semblent pas sensibles à ces arguments, à l’inverse des individus plus matures. L’écologie n’est pas un critère déterminant lors de leurs décisions d’achat.
Outre leurs pratiques de consommation dans la vie quotidienne, les 18-30 ans semblent assez réfractaires à l’idée de se restreindre ou de se discipliner pour réduire leur empreinte environnementale. Ainsi, ils sont peu enclins à pratiquer les "éco-gestes" (tri des déchets, douche plutôt que bain, achat de produits de saison, extinction du téléviseur, etc.).