40 ans d'Ipsos - Chronique d'une génération : les années 80 racontées par un entrepreneur Français
Créé en 1975, Ipsos fête en 2015 ses 40 ans. L’occasion de revenir sur ces quatre décennies, en donnant la parole pour chacune d’entre elles à des anonymes qui en délivrent leur vision personnelle. Jérôme raconte les années 1980, charnières pour sa vocation future : l’entreprenariat. Dans un pays qui s’ouvre aux idées libérales portées par une croissance économique mondiale, découvrez l'histoire de Jérôme liée à celles de millions de Français.
« Le jour où je suis devenu entrepreneur ! »
28 février 1986. Je viens de fêter mes 17 ans quelques semaines auparavant. je suis devant ma télévision pour assister à une première ; TF1, encore chaîne publique mais dont la privatisation est déjà programmée, diffuse en « prime time », à l’heure de plus grande écoute, une toute nouvelle émission baptisée « Ambitions ». Le concept ? De jeunes entrepreneurs en herbe viennent soumettre leur projet, en direct, à un jury composé d’économistes, de publicitaires et de journalistes. À la fin de l’émission, si leur verdict est favorable, ces experts s’engagent à accompagner le futur chef d’entreprise dans la concrétisation de son rêve. Aux manettes de ce premier « reality-show » – car c’en est un, mêlant économie, variétés et appréciation d’une candidature – l’inévitable Bernard Tapie. Le patron le plus médiatisé de France de l’époque est le symbole d’une réussite « à l’américaine », dans un pays qui s’ouvre aux idées libérales portées par une croissance économique mondiale. Issu d’un milieu modeste, l’homme a commencé par vendre des… télévisions avant de crever l’écran 20 ans plus tard, fort de son image de redresseur d’entreprises en difficultés (Terraillon, Look, La Vie Claire…) et chantre de l’aventure entrepreneuriale. Ce jour-là, ce soir-là, j’ai décidé que moi aussi, avec un simple CAP de boulanger-pâtissier en poche, je serai entrepreneur !
Eté 2015. De nouveau, me voici devant la télé. Pour rien au monde je ne louperai la finale de « Grand Pâtissier », sur France 2. L’œil attendri, je regarde s’affronter les derniers candidats. Ils me ressemblent et me rappellent mes débuts, même si « les temps ont bien changés », comme l’on dit, et peut-être « changés en bien » aussi. Les années 80, insouciantes, conjuguaient liberté et libéralisme, mais elles étaient marquées par les réussites matérialistes, ostentatoires. Réussir sa vie, c’était « gagner du fric. » Sans négliger l’aisance matérielle qu’elle pouvait m’apporter, mon envie d’entreprendre était portée dès le début par d’autres ambitions et d’autres valeurs : m’assumer, prendre des risques mais vivre de ma passion, découvrir, innover, inventer, être dans l’excellence, faire plaisir à mes clients, comprendre leurs attentes et y répondre mais aussi les étonner, les surprendre, et partager les fruits du succès avec mes collaborateurs. J’ai créé des pains spéciaux, remis au goût du jour le seigle ou l’épeautre, ramené de chacun de mes innombrables voyages des recettes, des épices, des manières nouvelles de travailler, j’ai monté une boulangerie aux Etats-Unis, formé des dizaines d’apprentis et transmis ma passion autant que mon savoir-faire. A l’aube de la cinquantaine, je me sens proche des entrepreneurs de la génération Y, tournés vers une économie plus solidaire, plus circulaire, plus collaborative.
Sur ma table de chevet est posé le livre d’un philosophe de 40 ans, Vincent Cespedes, intitulé : « l’ambition ou l’épopée de soi. » C’est à mes yeux la plus pertinente et la plus noble des définitions de ce mot…
Ipsos Lead
« L'enquête que nous avons réalisée dans le cadre de la Cité de la Réussite fin 2014 précise que 50 % des Français considèrent que l'on freine l'audace en entreprise aujourd'hui (…) Ce n'est pas du tout hypocrite de dire qu'il faut être audacieux ou de vouloir mettre l'audace en tant que valeur (…) Les entreprises ont besoin de l'audace parce qu'elles ont besoin de leurs hommes beaucoup plus qu'avant. »
Antoine SOLOM, Directeur International, Ipsos LEAD