48% des agriculteurs sont pessimistes pour les dix prochaines années

Alors que la solidité du modèle agricole français est largement impacté par le dérèglement climatique et par l’inflation, Ipsos a cherché à mieux connaitre l’opinion que les agriculteurs ont de leur métier, leur avenir et des enjeux auxquels ils s’attendent à faire face. Les agriculteurs sont-ils optimistes ? Qu’en attendent les Français ? Quels sont les défis et priorités du secteur, pour la société et selon les filières ? Alors que près de la moitié (47%) des Français pensent que les événements climatiques vont être le principal enjeu de demain, les agriculteurs (à 37%) eux, voient le manque de main-d’œuvre comme problématique prioritaire.

Auteur(s)
  • Damien Barnier Directeur, Ipsos Lyon
  • Nicolas Vogel Chef de groupe, spécialiste Agriculture, Ipsos en France
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Les Français ont une vision plutôt positive du métier d’agriculteur

Spontanément, les consommateurs français témoignent d’une opinion positive du métier d’agriculteur. Ils ont en effet confiance en eux et plus particulièrement dans l’agriculture biologique (72%), dans les coopératives (63%), et plus de la moitié des Français ont enfin également confiance dans les agriculteurs en rang conventionnel (60%).

« Les Français ont de prime abord une opinion positive du métier d’agriculteur, comme en témoignent cette forte confiance accordée, mais aussi les propos recueillis via la plateforme Ipsos KnowledgePanel®️, les qualifiant comme « essentiels », « travailleurs » et « courageux ».  De ces mêmes témoignages, ressort une vision réaliste mais partielle du secteur : « le métier d'agriculteur est un métier qui manque d'aide et d'accompagnement aussi bien par rapport à leur charge de travail que dans les politiques publiques » complète Nicolas Vogel, Chef de groupe chez Ipsos Agriculture

73% des Français jugent en effet que les subventions publiques à l’agriculture sont nécessaires pour soutenir les agriculteurs français, et plus d’un tiers d’entre eux (32%) souhaiteraient que le gouvernement mette en place des aides et subventions pour soutenir les agriculteurs, notamment vers la transition écologique et énergétique de leurs cultures. La rémunération est aussi vue comme trop basse pour la charge de travail que représente ce métier, 1 Français sur 5 (21%) attend du gouvernement, mais aussi des acteurs de la grande distribution qu’ils valorisent ce métier et garantissent une rémunération juste.

Environnement, climat, économie : des agriculteurs face à de nombreux défis

Interrogés sur les grands défis auxquels devront faire face les agriculteurs dans les années à venir, selon eux, les Français expriment des préoccupations fortes autour de l’environnement et du rapport entre la qualité et le prix de l’alimentation. Les événements climatiques vont être l’enjeu majeur dans les années à venir, et ce pour près de la moitié de la population (47%), devant la sécheresse (46%) et l’accès à l’eau (33%). En conséquence, 9 Français sur 10 pensent que le coût de l’alimentation et l’accès à l’eau potable vont se dégrader (90%), et 82% pensent que ce sera également le cas pour l’accès à l’eau pour les productions agricoles.

Si la lecture des consommateurs est plus environnementale qu’économique, celle des agriculteurs souligne d’autres défis. L’enjeu le plus préoccupant selon eux est ainsi le nombre toujours plus limité d’agriculteurs et de main-d’œuvre (37% contre 21% du côté des consommateurs), des événements climatiques plus fréquents et plus ravageurs (32% Vs. 47%), des épisodes de sécheresse plus intenses et prolongés (28% Vs. 46%). Dans la même logique économique, 42% des agriculteurs déplorent des revenus toujours plus réduits au profit des autres acteurs de la filière (Vs. 32% des Français), des coûts de production élevés (32% Vs. 12%), la concurrence déloyale d’autres pays (40% VS. 31%).

« L’agriculture française va faire face à trois défis majeurs d’ici à 10 ans ; assurer la souveraineté alimentaire, protéger les ressources et la qualité des productions agricoles, mais aussi raisonner l’outil de production et encourager aux pratiques plus durables. On ne sera pas surpris que 48% des agriculteurs se déclarent pessimistes dans le contexte actuel et celui de la situation de leur exploitation, contre 17% seulement qui se disent optimistes » commente Damien Barnier, Directeur de département, Ipsos Agriculture.

Une opinion publique polarisée entre besoin de rentabilité et envie d’agriculture raisonnée

La vision partielle et partiale qu'ont les consommateurs de l'agriculture française est à l'origine d’une polarisation des points de vue autour de l’agriculture, y compris au sein des consommateurs eux-mêmes. Ainsi près de la moitié des consommateurs (47%) estime que la France doit conserver sa capacité de production et continuer d’en exporter une partie, quand 53% pensent qu’elle doit la réduire en réduisant son utilisation de fertilisants ou de produits phytosanitaires. Les consommateurs ne sont pas encore tout à fait prêts à se confronter à l'enjeu financier au cœur de la question : d’un côté, souhaiter une agriculture plus verte et plus écologique et de l’autre, préserver leur pouvoir d’achat, 46% disant acheter en priorité les fruits et légumes les moins chers, biologiques ou non, contre 54% qui seraient prêts à dépenser plus pour acheter des fruits et légumes biologiques. 79% des Français affirment enfin que l’on ne devrait consommer que des produits cultivés en France.

« Dans le contexte d’une inflation qui reste la préoccupation n°1 des Français, le défi le plus complexe est la tension entre une agriculture productiviste qui permet de nourrir la population à moindre coût et une agriculture raisonnée qui implique de dépenser plus » commente Damien Barnier, Directeur de département, Ipsos Agriculture.

Auteur(s)
  • Damien Barnier Directeur, Ipsos Lyon
  • Nicolas Vogel Chef de groupe, spécialiste Agriculture, Ipsos en France

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