Addictions : 52% des jeunes ont perdu le contrôle d'eux-mêmes au cours de l'année du fait de la consommation de substances
Alors que les jeunes commencent à retrouver les prémices d'une vie "comme avant" et que les vacances d'été approchent, La Macif a souhaité faire le point sur leur rapport aux drogues et la réalité des risques perçus. Ipsos dévoile la synthèse de ce premier baromètre « Les addictions et leurs conséquences chez les jeunes » et les résultats sont alarmants : les risques sont largement minorés par les jeunes tandis que leur consommation se maintient à un niveau élevé.
Enseignements clés
- 1 jeune sur 2 déclare avoir perdu le contrôle de lui-même au moins une fois au cours des 12 derniers mois du fait de sa consommation de substances (alcool, tabac, cannabis, drogues) (52%)
- 1 jeune sur 5 déclare d’ailleurs avoir perdu le contrôle au moins 10 fois dans l’année en ayant consommé de l’alcool (21 %)
- Les niveaux de risque perçus par les consommateurs de drogues sont minorés.

En France, les niveaux de consommation de certaines substances (en particulier l’alcool, le tabac, le cannabis, les drogues plus dures) et des écrans interactifs demeurent élevés chez les jeunes, en dépit des évolutions de la réglementation visant à limiter l’accès des mineurs à ces produits et des campagnes de prévention répétées. Dans un contexte où les jeunes ont particulièrement souffert d’isolement et à la veille des vacances d’été, la Macif présente son 1er baromètre national « Les addictions et leurs conséquences chez les jeunes »* réalisé avec l’institut Ipsos et en concertation avec un collectif d’experts composé de psychologues, d’addictologues et de la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes). Ce baromètre exclusif permet de faire le point sur les consommations de substances addictives chez les jeunes de 16 à 30 ans et les comportements à risques qu’elles engendrent.
Objectif : fournir des clés pour comprendre les comportements à risques engendrés par la consommation de substances addictives afin de proposer des solutions de prévention mieux adaptées et plus efficaces pour réduire les risques de tels usages.
Les résultats du baromètre permettent d’observer 4 tendances marquantes :
- Une consommation de substances inquiétante et une tendance forte à la multi-consommation,
- Une perception du risque minorée, particulièrement chez les consommateurs,
- Une fréquence de perte de contrôle de soi alarmante liée aux consommations,
- Des campagnes de prévention qui atteignent les jeunes mais dont l’impact est remis en question.
Une consommation de substances préoccupante et une tendance forte à la multi-consommation
L’alcool reste la première substance consommée par les jeunes âgés de 16 à 30 ans : plus de 8 jeunes sur 10 déclarent en consommer ou avoir déjà essayé (84 %). La consommation de cannabis, bien que moins importante que l’alcool ou le tabac, n’en demeure pas moins inquiétante : plus d’un tiers des jeunes âgés de 16 à 30 ans en consomment ou ont déjà essayé (36 %).
La consommation de substances telles que l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote, la LSD, la cocaïne, le crack ou l’héroïne est beaucoup plus minoritaire : 14 % des jeunes déclarent consommer ou avoir essayé l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote ou le LSD. Un jeune sur dix déclare consommer ou avoir essayé la cocaïne ou le crack (11 %). Un peu moins d’un jeune sur dix déclare consommer ou avoir essayé l’héroïne (8 %). Enfin, près d’un jeune sur deux déclare passer plus de 6 heures par jour devant les écrans interactifs (41 %).
Selon le baromètre Macif x Ipsos, le cumul des substances que les jeunes consomment n’est pas un phénomène nouveau, mais l’ampleur du phénomène est frappante. L’alcool et le tabac sont les deux substances les plus présentes dans toutes les multi-consommations. Ceux qui consomment régulièrement du cannabis déclarent aussi consommer régulièrement de l’alcool (81 %) et du tabac (86 %), de la cocaïne, du crack (38 %), de l’héroïne (40 %), de l’ecstasy, MDMA, GHB, protoxyde d’azote, LSD (42 %). Chez les consommateurs réguliers de cocaïne, de crack, d’héroïne, d’ecstasy, de MDMA, de GHB, de poppers, de protoxyde d’azote, de LSD, la consommation régulière d’autres substances est extrêmement élevée et concerne une écrasante majorité des jeunes interrogés.

Un décalage entre risque perçu et risque réel
Les risques liés à la consommation de substances ou à l’usage des écrans interactifs semblent minorés par les jeunes, risques d’autant plus niés parmi les consommateurs, selon le baromètre Macif x Ipsos.
Tout d’abord, les niveaux de risque perçus par l’ensemble des jeunes interrogés sont les plus élevés pour les drogues les plus dures : l’héroïne (note moyenne de 9/10), la cocaïne, le crack (note moyenne de 8,9/10) et l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote et le LSD (note moyenne de 8,7/10).
Dans le détail, environ 4 jeunes sur 5 perçoivent un risque maximal (en mettant une note de 9 ou 10) pour chacune de ces substances (respectivement 80 %, 78 %, 74 %). Une proportion non négligeable modère toutefois leur niveau de risque : 20% des jeunes attribuent une note inférieure ou égale à 8 pour le risque lié à la consommation d’héroïne, 22 % attribuent ce niveau à la consommation de cocaïne, de crack et 26 % à l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote et le LSD.
Plus préoccupant, les niveaux de risque perçus par les consommateurs de ces substances sont grandement minorés. Pour l’héroïne, si le niveau de risque perçu s’élève à 9,2/10 pour ceux qui n’en ont jamais consommé, il n’est évalué qu’à 6,6/10 par ceux qui en consomment régulièrement (c’est-à-dire au moins une fois par mois). Pour la cocaïne, le crack, les niveaux de risque sont évalués à 9,2/10 par ceux qui n’en ont jamais consommé et à 6,2/10 par ceux qui en consomment régulièrement. Le constat est le même pour l’ecstasy, la MDMA, le GHB, le poppers, le protoxyde d’azote et le LSD : 9,1/10 pour ceux qui n’en ont jamais consommé et 6,3/10 par ceux qui en consomment régulièrement.
Pour le cannabis, le niveau de risque s’élève à 8,3/10 pour ceux qui n’en ont jamais consommé et n’est évalué qu’à 5,3/10 par ceux qui en consomment régulièrement. Près du quart des consommateurs de cannabis considèrent que les dangers sont bien moindres que ce qui est dit (24 %).
Pour le tabac, si le niveau de risque ne s’élève qu’à 7,8/10 parmi les non-consommateurs, il décroit encore auprès des consommateurs réguliers : 6/10.
Enfin, l’alcool et les écrans interactifs ont des niveaux de risque perçus beaucoup plus faibles, sans doute liés à une certaine banalisation de ces pratiques. Avec une note moyenne (sur le risque perçu) de 5,2/10 pour les écrans interactifs, l’ensemble des jeunes semble ne pas percevoir de risque : seuls 7 % des jeunes perçoivent un risque maximal (notes 9 et 10/10).

Une fréquence et une récurrence des pertes de contrôle de soi alarmante, qui concernent la majorité des jeunes âgés de 16 à 30 ans
Plus de la moitié des jeunes de 16 à 30 ans ont déjà perdu le contrôle d’eux-mêmes au moins une fois au cours des 12 derniers mois du fait de leur consommation de ces substances (52%), au point de ne plus vraiment savoir ce qu’ils faisaient. Plus la consommation se révèle élevée en termes de fréquence (toutes substances confondues), plus la perte de contrôle est récurrente : 71 % des consommateurs réguliers déclarent avoir perdu le contrôle ces 12 derniers mois.
La perte de contrôle liée à l’utilisation des écrans interactifs est aussi très élevée : 61 % des jeunes déclarent avoir perdu le contrôle au moins une fois au cours des 12 derniers mois, 45 % au moins dix fois.

Près d’un jeune sur six (14%) a déjà perdu le contrôle au cours des 12 derniers mois du fait d’avoir consommé du cannabis. Par ailleurs, 7% des jeunes ont perdu le contrôle par suite d’une consommation d’ecstasy, de MDMA, de GHB, de poppers, de protoxyde d’azote ou de LSD.
Les mêmes impacts sont observés pour la cocaïne, le crack et l’héroïne : près d’un jeune sur dix a perdu le contrôle au moins une fois après avoir consommé de la cocaïne, du crack (7 %) ou de l’héroïne (6 %).

Des messages de prévention qui peinent à convaincre
L’étude Macif x Ipsos révèle que l’exposition des jeunes aux messages de prévention existe mais que l’impact de ces campagnes semble limité et peu incitatif dans la remise en question de leur consommation.
Les trois quarts des jeunes interrogés (76 %) déclarent avoir vu, lu ou entendu des messages d’information et de sensibilisation concernant les risques liés à la consommation de drogues, d’alcool et de tabac au moins une fois au cours des 12 derniers mois et plus de la moitié déclarent même y avoir été exposés plusieurs fois (57 %) En revanche, l’impact des campagnes actuelles doit être questionné : seuls 59 % des jeunes exposés à ces messages déclarent être convaincus et 58% ont pris conscience de certains dangers liés à cette consommation. Au-delà de la manière dont ces messages sont reçus, c’est également le faible impact de la remise en question de leurs pratiques ou de la modification de la pratique qui questionne. Ainsi, moins de la moitié des jeunes qui ont été exposés déclarent que ces messages de prévention les ont fait réfléchir à leur propre comportement (40 %), qu’ils semblaient s’adresser aux personnes comme elles (36 %) ou qu’ils les ont incités à réduire leur propre consommation (34 %).

Les consommateurs réguliers sont plus critiques quant à la crédibilité de ces messages, sans toutefois remettre en cause leur véracité, la majorité des consommateurs déclarant que ces messages sont crédibles : auprès des consommateurs réguliers de cannabis (67 %), de cocaïne, crack (68 %), d’héroïne (69 %), d’ecstasy, MDMA, GHB, Poppers, protoxyde d’azote, LSD (64 %) et de tabac (74 %).
Les messages de prévention peinent en revanche à convaincre les consommateurs réguliers de tabac et de cannabis : 55 % des consommateurs réguliers de cannabis et 53 % des consommateurs réguliers de tabac déclarent avoir réfléchi à leur propre comportement suite à ces campagnes. L’impact auprès des consommateurs d’héroïne, cocaïne, crack, ecstasy, MDMA, GHB, poppers, protoxyde d’azote, LSD apparait sensiblement meilleur : les messages de prévention ont ainsi fait réfléchir 6 consommateurs réguliers sur 10 sur la réduction de leur consommation (63 % des consommateurs réguliers de cocaïne, crack, 65 % des consommateurs réguliers d’héroïne, 61 % des consommateurs réguliers d’ecstasy, MDMA, GHB, Poppers, protoxyde d’azote, LSD).

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A propos de La Macif Assureur mutualiste, la Macif s'engage au quotidien auprès de ses 5,6 millions de sociétaires et clients pour protéger le présent et permettre l’avenir. La Macif propose des offres et services de protection simples et utiles en assurances dommages, santé-prévoyance et finance-épargne. Gérant plus de 18,4 millions de contrats, le groupe Macif, dont la mutuelle d'assurances était membre jusqu’au 31.12.2020, a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 6,6 milliards d’euros en 2020. Depuis janvier 2021, la Macif est affiliée à Aéma Groupe. Aéma Groupe, né du rapprochement entre Aésio Mutuelle et Macif, imagine chaque jour les contours d’un monde plus juste et plus humain en plaçant la prévenance au coeur de la relation avec ses adhérents, sociétaires et entreprises clientes. Plus d’infos sur www.macif.fr
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Méthodologie : enquête Ipsos pour la Macif menée en ligne auprès d’un échantillon représentatif de 3500 jeunes âgés de 16 à 30 ans du 17 au 30 mars 2021.