Baromètre Covid-19 : les Français à la veille du déconfinement
Le baromètre COVID-19 livre les résultats de sa 3ème vague hebdomadaire. Dans un contexte où le Covid-19 inquiète de moins en moins les Français, les relâchements observés la semaine dernière en termes d’application des gestes barrière, de temps de sortie et de rencontres réalisées à l’extérieur se sont plutôt stabilisés. Certes, leurs comportements ne se sont pas vraiment améliorés mais ils ne se sont pas fortement détériorés non plus. Cette 3ème vague s’est aussi intéressée aux parents des enfants scolarisés, notamment pour évaluer le niveau de soutien reçu par les élèves pendant le confinement par les enseignants et les parents, la proportion de pères et de mères ayant rencontré des difficultés matérielles et pédagogiques, le niveau des acquis des enfants et enfin le souhait de voir les élèves retourner ou non dans leurs établissements scolaires après le déconfinement.
La proportion de Français estimant avoir été infectée par le covid-19 reste stable : environ 8% estiment avoir ressenti les symptômes du virus parmi lesquels 3% sont allés voir un médecin.
11% des Français considèrent avoir été infecté (-1 pt par rapport à la semaine dernière). Parmi eux, seulement 3% déclarent avoir eu les symptômes et consulté un médecin et 5% disent les avoir ressentis mais n’ont pas consulté (chiffre stable), soit un total de 8%. Enfin 3% des Français invoquent d’autres raisons plus indirectes pour lesquelles ils estiment avoir contracté le Covid-19 (chiffre stable par rapport à la semaine dernière).
13% des Français déclarent par ailleurs connaître un proche qui a été hospitalisé ou est décédé du fait de l’épidémie (+3pts).
Le relâchement dans l’application des gestes barrières ne s’est pas aggravé mais le port du masque est encore loin d’être majoritaire.
Durant la semaine du 15 au 21 avril, le baromètre Covid-19 avait enregistré une légère érosion de l’application de presque tous les gestes barrière, une augmentation des temps de sortie et un accroissement du nombre de contacts de proximité avec des individus en dehors du foyer. Ce mouvement ne s’est pas vraiment aggravé.
Le port du masque progresse encore, même s’il ne concerne encore qu’un gros tiers des Français (35%, +14pts sur 2 semaines), tout comme l’utilisation du gel hydroalcoolique qui est majoritairement utilisé (56%, +6 points sur 2 semaines).
En ce qui concerne les niveaux d’application des gestes barrières, seule l’utilisation des mouchoirs à usage unique progresse très légèrement (84% le pratiquent tout le temps ou souvent, +1pt). La plupart des autres gestes se stabilise, comme éviter les regroupements (93%), se laver les mains plusieurs fois par jour (94%) ou encore tousser dans son coude (80%).
Toutefois, la pratique de certains autres gestes commence à s’éroder, comme ne pas serrer la main ou embrasser (92%, -2pts), le maintien des distances à moins d’1m (90%, -1pt) ou rester chez soi (91%, -1pt).
Pour ce qui est du temps de sortie moyen, il progresse mais très peu et moins que la semaine dernière : 2h29 en moyenne pour les Français qui sortent (+ 3mn contre +14mn la semaine dernière).
Enfin, le nombre de personnes rencontrées en contact de moins d’ un mètre au cours des dernières 24 heures reste globalement stable (en moyenne 3,3 personne contre 3,4 la semaine dernière).
Attitudes et comportements post-déconfinement : les Français semblent se montrer « plutôt » raisonnables même si beaucoup prévoient de sortir beaucoup plus et de faire la fête.
Les Français sont très partagés, entre ceux qui veulent retrouver « le jour d’avant » le confinement et ceux qui considèrent que le « jour d’après » ne permettra pas de faire comme auparavant. Nombreux sont ceux qui prévoient de sortir plus pour faire de longues balades (49% contre 19% qui le feront moins) et de plus aller voir leurs parents (45% contre 16% qui le feront moins qu’avant).
En revanche, ils sont plus partagés en ce qui concerne le shopping (25% le feront « plus » contre 35% qui le feront « moins »), prendre les transports en commun (11% disent « plus » contre 36% qui disent « moins ») ou encore faire des soirées (30% « plus » contre 30% « moins »).
Le déconfinement pourrait à priori avoir des impacts sur les consommations à risques, notamment chez les plus jeunes : moins de stupéfiant, plus d’alcool
Ce sont d’abord les chiffres concernant la consommation de stupéfiants qui sont particulièrement intéressants (souvent logiquement sous-évaluée). En effet, si 5% des interviewés prévoient d’en prendre « plus » après le déconfinement, 14% prévoient d’en prendre « moins ». Serait-il possible donc qu’une partie de la population se soit en partie sevrée pendant le confinement du fait de la disparition d’une partie des revendeurs ? Le phénomène est encore plus marqué chez les jeunes : 19% des 18-24 ans prévoient d’en consommer moins (mais dans le même temps, 10% prévoient aussi d’en prendre plus).
Le même phénomène s’observe sur l’alcool avec 12% des Français qui prévoient de boire plus et 15% de boire moins sauf que pour le coup, un tiers des 18-24 ans prévoit de boire plus (33% dont 8% « beaucoup plus ») et seulement 16% disent qu’ils le feront moins. Les 18-24 ans sont ceux qui aspirent le plus à faire plus de soirées et des fêtes entre amis (46% prévoient d’en faire « plus » contre 30% au global).
Dans le même temps, l’envie de pratiquer plus souvent une activité sportive est ressentie par une grande partie de la population (41%), au sein de toutes les classes d’âge (55% des 18-24 ans mais aussi 36% des 65 ans et plus).
L’épidémie de covid-19 reste la principale préoccupation des Français mais ils redoutent de plus en plus ses impacts socio-économiques, notamment sur le chômage et l’éducation
Certes, les Français évaluent la gravité de l’épidémie à 8,1/10 mais la proportion d’individus la percevant comme grave (85%) a perdu 5 points en 3 semaines.
Dans la hiérarchie des préoccupations des Français, l’épidémie de coronavirus reste largement en tête mais elle ne cesse de diminuer (70%, -6 points en 2 semaines), tandis que les craintes socio-économiques progressent encore, comme le chômage (22%, +3 points), l’éducation (17%, +2 points). Le pouvoir d’achat (33%) reste à un niveau élevé mais stable, à peu près au même niveau que le changement climatique (32 %, +1 point). A l’approche du déconfinement, les craintes des Français commencent à évoluer et se recentrer sur les conséquences de la pandémie. Les inquiétudes à l’égard du système de santé diminuent légèrement (38%, -4 points), en 2ème position des préoccupations des Français.
Scolarité et accès aux savoirs : le confinement semble avoir été une période d’accroissement des inégalités sociales dans l’acquisition des savoirs
Le ressenti des parents d’élèves interrogés dans cette 3ème vague d’enquête montre de véritables différences de ressenti en fonction de la catégorie socioprofessionnelle des parents. D’abord en ce qui concerne la progression des savoirs : 60% des parents cadres supérieurs estiment que le confinement a permis à leurs enfants d’accroître leurs savoirs contre seulement 50% des parents employés et 48% des pères et mères ouvriers. Idem en ce qui concerne le fait que leurs enfants auraient subi retard scolaire irrattrapable : seulement 33% des parents cadres supérieurs éprouvent ce sentiment contre 48% des parents ouvriers.
De fait, les parents ouvriers d’enfants scolarisés ont rencontré aussi plus souvent des problèmes de matériel parce qu’il n’y a pas assez d’ordinateurs pour tout le monde à la maison (42% contre 33% au global), ou qu’ils ont rencontré des difficultés de téléchargement des documents, en raison de la qualité de la connexion (59% contre 47% au global). Les parents ouvriers ont eu aussi plus de mal à comprendre les documents envoyés et donc à aider leur enfant (52% contre 38% au global), même s’ils déclarent plus souvent voir eu de l’aide de la part des établissements (58% contre 49% pour l’ensemble).
Une majorité relative des parents d’enfants scolarisés est favorable au retour en classe en petits effectifs et cours alternés à partir du 11 mai
Certes, une majorité de Français est défavorable à ce que les enfants puissent retourner à l’école avant l’été (56% contre 31% favorables) mais l’opinion des parents d’enfants est sensiblement différente.
Si leur enfant avait la possibilité de retourner en classe en petits effectifs et cours alternés, près d’un parent sur deux d’élèves en école primaire le renverrait à l’école (49% disent certainement ou probablement contre 39% qui disent probablement pas ou certainement pas et 12% qui ne savent pas), tout comme ceux d’enfants scolarisés au collège (48% le feraient, 39% ne le feraient pas et 13% ne savent pas) et au lycée (48% y seraient favorables, 39% défavorables et 13% ne se prononcent pas). Les parents d’enfants en maternelle sont plus partagés (43% pour, 46% contre et 11% d’indécis).
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Publié en exclusivité par Le Monde :