Baromètre Covid-19 : les Français sont-ils prêts pour le déconfinement ?
Les résultats de la 2ème vague d’enquête confirment l'intérêt du baromètre de Datacovid, ils montrent à quel point les comportements des Français peuvent évoluer assez rapidement face au Covid-19. L’approche du déconfinement fait bouger les lignes. Certains indicateurs sont préoccupants cette semaine : une légère érosion des niveaux d’application des gestes barrières, des temps de sortie qui augmentent fortement dans certaines régions ou encore des niveaux de contacts à moins d’un mètre qui progressent.
L’épidémie affecte largement les Français : environ un un Français sur dix pense avoir été infecté par le virus et la même proportion déclare connaître un proche hospitalisé ou décédé du fait du Covid-19. Des niveaux de suspicion plus forts déclarés en région Ile-de-France et Grand-Est.
Si 12% des Français considèrent avoir été infecté, dans les faits seulement 1% déclare avoir été diagnostiqué par un test de dépistage. Parmi les Français qui estiment avoir été infectés, 3% déclarent avoir eu les symptômes et consulté un médecin, soit 4% si on cumule ces deux motifs les plus certains. Par ailleurs, 5% disent les avoir ressentis mais n’ont pas consulté, soit un total de 9 %. Enfin 3 % des Français invoquent d’autres raisons plus indirectes pour lesquels ils estiment avoir contracté le Covid-19
Pour les Français testés positifs ou présentant des symptômes, c’est en Ile-de-France (12%) et dans la Région Grand-Est (13%) qu’ils déclarent le plus avoir eu le coronavirus. A l’opposé, c’est en Occitanie et en en Aquitaine, qu’il y a le moins de personnes disant l’avoir eu (respectivement 6% et 4%).
Au-delà des présomptions d’avoir été infecté, plus d’un Français sur dix dit connaître un proche qui a été hospitalisé ou est décédé du fait de l’épidémie, signalant que l’épidémie affecte personnellement une large part de la population. Les jeunes (17% pour le 18 à 24 ans) se déclarent plus nombreux à être concernés, tout comme les habitants des régions Grand Est (18%) et Ile-de-France (16%).
Plus de 6 Français sur 10 se disent prêts à revenir à une activité normale ou quasi-normale après le déconfinement mais certains facteurs laissent craindre un relâchement chez de très nombreux individus.
63% des Français se sentent prêts à ce retour, même si seulement 1 Français sur 4 dit l’être « tout à fait » (25%). Les 65 ans et plus, qui pour beaucoup se sont mobilisés contre l’idée même d’un confinement prolongé pour les plus âgés, sont ceux qui se disent le plus « prêts » au déconfinement (68%).
Un certain nombre de mesures semblent susceptibles de les tranquilliser quant à la possibilité de reprendre une activité normale. C’est d’abord la découverte d’un vaccin (69% seraient « totalement » rassurés – 21% « un peu »), chiffre intéressant qui montre que l’épidémie de Covid 19 a probablement renforcé la confiance dans la vaccination chez un certain nombre de Français, même si 10% avouent que cela ne les rassurerait pas. C’est ensuite la réalisation de tests en nombre suffisant pour identifier les personnes ayant des symptômes de la maladie (66% qui seraient totalement rassurés) ou celles ayant été malades et immunisées (63%). La mise à disposition de masques est aussi une mesure qui rassurerait de nombreux Français (61%), tout comme la possibilité d’avoir du gel dans les entreprises et les services en contact avec le public (61%).
Alors que la CNIL vient de rendre un avis positif sous conditions au déploiement d’une application de traçage, il est intéressant de voir que sur les 11 mesures présentées dans le sondage, la mise à disposition d’une application mobile de traçage des personnes rencontrées est celle qui les rassure le moins. En fait, elle est probablement la moins rassurante (seulement 51% qui disent que cela les rassurerait – 21% seulement disent « totalement »).
La question qui se pose est aussi celle de l’état d’esprit dans lequel les Français abordent le déconfinement qui devrait être mis en place à partir du 11 mai. Certains résultats sont préoccupants.
D’abord, l’inquiétude des Français à l’égard du Covid-19 et de ses conséquences possibles sur leur état de santé est actuellement assez modérée.
Certes, les Français évaluent la gravité de l’épidémie à 8,3/10 mais dans le même temps, lorsqu’ils pensent à l’évolution actuelle de l’épidémie, moins d’1 interviewé sur 2 dit ressentir une forte inquiétude pour soi et pour ses proches (48%). La majorité affichent un niveau de crainte moyen (37%), voire faible (15%).
Lorsqu’ils pensent à la gravité des impacts que le coronavirus pourrait avoir sur eux, seul un gros tiers des Français estime être à risque (37%), 13% ne savent pas et 50% pensent ne pas l’être. Plus du tiers des 65 ans et plus considèrent ne pas risquer grand-chose (37%).
Dans la hiérarchie des préoccupations des Français, l’épidémie de coronavirus reste largement en tête dans le classement de leurs inquiétudes mais là encore, on note qu’elle s’érode un peu cette semaine (73%, -3 points), tandis que les craintes socio-économiques progressent, comme le pouvoir d’achat (33%, +2 points) ou les inégalités sociales (26%, +3 points). A l’approche du déconfinement, les craintes des Français commencent à évoluer et se recentrer sur les conséquences de la pandémie. En revanche, les inquiétudes à l’égard du système de santé restent stables (42%), en 2ème position des préoccupations des Français, ce qui suggère que ces faiblesses et ces failles mises à jour par l’épidémie risquent de les préoccuper longtemps.
Ensuite, l’application des gestes barrières commence à très légèrement s’éroder, tandis que le port du masque progresse…
Désormais, un peu plus d’un Français sur quatre dit porter un masque (26% - 8% tout le temps et 18% souvent), une progression de + 5 pts par rapport à la semaine dernière. Plus d’une personne sur deux utilise aussi du gel hydroalcoolique (52% - 21% tout le temps et 31% souvent), + 2 points en une semaine.
En revanche, le niveau de pratique de la quasi-totalité des autres gestes barrières subit une légère baisse (à part ne pas serrer la main et embrasser qui reste au même niveau – 94% tout le temps ou souvent). C’est le cas pour rester chez soi (92%, -2 pts), tousser ou éternuer dans son coude ou un mouchoir (80%, -2 pts), utiliser des mouchoirs à usage unique (83%, -2 pts), se laver les mains plusieurs fois par jours à l’eau et au savon (94%, -1 pt) maintenir une distance d’au moins 1m avec les autres (91%, -1 pt) ou encore éviter les regroupements (93%, -1 pt).
Près d’un Français sur quatre estime d’ailleurs que compte tenu de ses contraintes personnelles, c’est particulièrement compliqué de respecter l’ensemble des consignes (26%). Ils les jugent le plus souvent « plutôt » efficaces (63%), tandis que seulement un Français sur cinq considère qu’elles le sont « tout à fait » (20%).
Enfin, les temps de sortie augmentent (plus de 2h00 par jour chez ceux qui sortent), tout comme le nombre de contacts de proximité avec des individus en dehors du foyer (en moyenne, 6 personnes à moins d’1m en 24h)
Lors de la 1ère vague d’enquête, les Français qui sortaient déclaraient un temps de sortie quotidien moyen de 2h12. Une semaine après, il est désormais de 2h26 (+ 14 mn). Ce temps de sortie augmente auprès de toutes les classes d’âge, des 18-24 ans (+11 mn), des 25-34 ans (+11 mn) et surtout chez les 35-49 ans et les 50-64 ans (+16 mn). Il progresse aussi chez les 65 ans et plus (+9 mn) mais dans une moindre mesure.
La durée de sortie moyenne est à son minimum en Ile-de-France (1h04) avec une progression très modérée (+5 mn). Elle atteint des niveaux très élevés avec de fortes augmentations des temps de sortie sur un axe est-ouest qui va de la Bourgogne-Franche-Comté (1h27, +24 mn) aux Pays de la Loire (1h30, +24 mn), en passant par Centre Val-de-Loire (1h41, +28 mn), la région où les Français sortent le plus longtemps.
Dans le même temps, le nombre moyen de personnes avec lesquelles les Français qui sortent déclarent avoir été en contact proche (moins d’un mètre) au cours des dernières 24h augmente fortement. Il passe d’un peu plus 4 personnes (4,2) à presque 6 personnes en 1 semaine (5,8).
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Publié en exclusivité par Le Monde :
