Baromètre Covid-19 : relâchement de l'application des gestes barrières à mesure que l'épidémie ralentit

Ipsos livre ses analyses des résultats de la 7ème vague hebdomadaire du baromètre COVID19. Réalisée par Ipsos pour l’association Datacovid auprès de 5 000 Français âgés de 18 ans et plus du 26 au 31 mai, cette vaste enquête a pour ambition de proposer des données anonymes et en open data aux scientifiques, aux acteurs publics et à tous les citoyens qui combattent l’épidémie. Il s’agit de leur délivrer des informations leur permettant de comprendre la dynamique de l’épidémie de Covid19, ses déterminants et ses impacts sanitaires, économiques et sociaux.

Auteur(s)
  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
  • Adeline Merceron Responsable d'activité santé - Département Public Affairs
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La crainte à l’égard de l’épidémie de coronavirus est historiquement basse : un phénomène qui nourrit un très fort relâchement dans l’application des gestes barrières.

Si l’épidémie de coronavirus reste le sujet de préoccupation le plus fort des Français, il atteint son plus bas niveau historique (56%, -10 pts). Les craintes éprouvées à l’égard du système de santé restent extrêmement stables (37%, +1 pt), tout comme les inquiétudes à l’égard du pouvoir d’achat (36%, +2 pts). En revanche, les craintes à l’égard du changement climatique ne cessent de progresser (36%, +3 pts), loin devant les inégalités sociales (27%, +1 pt) ou encore le chômage (27%, +2 pts).

Si la préoccupation environnementale est aussi forte, c’est probablement aussi en partie parce qu’une majorité de Français considère que la principale « leçon » à tirer de la crise du coronavirus, c’est plus « qu’on n’a pas suffisamment respecté le monde naturel » (57%) que le fait « qu’on n’ait pas développé suffisamment la recherche médicale (43%). Il y a dans leur esprit un lien qui s’est fait entre l’épidémie et un manque de respect du monde naturel qui risque de nourrir leurs aspirations environnementales dans les prochaines semaines.

Quelques jours avant la phase 2 du déconfinement, l’application de la plupart des gestes barrières s’est fortement relâchée même si quelques-uns se renforcent : le port du masque et l’utilisation du gel hydroalcoolique.

La vague 6 du baromètre avait été marquée par un arrêt de la tendance globale au relâchement dans l’application des gestes barrières, observée depuis un certain nombre de semaines. Mais quelques jours avant la phase 2 du déconfinement, la tendance au relâchement a repris de plus belle en ce qui concerne un certain nombre de comportements : se laver les mains plusieurs fois par jours (61% disent le faire tout le temps, -3 pts par rapport à la vague 6), ne pas serrer la main, ni embrasser (79%, -7 pts), éviter les regroupements comme les transports en commun et les fêtes (63%, -11 pts), ou encore maintenir une distance d’au moins 1m (63%, -9 pts).

Seule l’application de deux gestes continue de progresser sans discontinuité depuis début avril : l’utilisation du gel hydroalcoolique (33%, +2 pts) et le port du masque (28%, +1 pt).

Le nombre de contacts sur 24h avec des personnes situées à moins d’1m atteint un nouveau record : la distanciation sociale cède du terrain.

Les comportements de distanciation sociale n’en finissent pas de se relâcher avec une nouvelle progression du nombre moyen de personnes avec lesquelles il y a eu un contact rapproché : 7,1 personnes en moyenne contre 5,8 lors de la vague 6.

Le nombre de contacts progresse plus fortement chez les plus âgés mais le mouvement est général et se retrouve au sein de toutes les classes d’âge :  chez les 18-24 ans (7,3 personnes contre 6,3 en vague 6), les 25-34 ans (8 contre 7,5), les 35-49 ans (7,7 contre 6,9), les 50-64 ans (7,6 contre 5,2) et les 65 ans et plus (5,3 contre 4,1).

L’acceptabilité de l’installation d’une application digitales de type StopCovid diminue fortement.

Début avril, une majorité de Français disait accepter l’idée d’utiliser une application installée sur leur téléphone portable pour mieux connaître et prévenir les risques dans le cadre de la sortie du confinement (56%). Quelques jours avant le lancement de la phase 2 de la sortie de confinement, ils ne sont plus que 40% à l’accepter, alors même que toutes les garanties relatives au non-accès à l’ensemble de leurs données personnelles étaient délivrées.

La très forte diminution de la crainte de la maladie a affaibli le niveau d’intérêt pour l’application. Le fait de proposer aux personnes interrogées la possibilité de se faire dépister gratuitement si elles sont alertées par l’application, ne génère même pas un intérêt plus fort pour l’outil (seulement 40% l’installeraient). 

Des raisons d’espérer : les Français dans leur majorité veulent continuer à appliquer les gestes barrières après la fin de l’épidémie, notamment le port du masque face aux futures épidémies de grippe.

S’il y a relâchement de l’application des gestes barrière, il n’en demeure pas moins vrai que beaucoup de Français semblent les avoir intégrés et prévoir de continuer à les appliquer tout le temps ou au moins chaque fois que cela est possible. Ils déclarent en majorité qu’ils ne prendront pas les transports en commun lorsqu’il y aura trop de monde (69%), qu’ils éviteront les contacts physiques avec les personnes qu’ils ne connaissent pas (69%), qu’ils feront attention à ce qu’il n’y ait pas trop de monde dans les magasins où ils vont (64%) ou encore qu’ils s’éloigneront dorénavant des personnes qui ont un rhume (63%) et s’assureront que les gens qu’ils ne connaissent pas restent bien à 1 mètre d’eux (63%).

Plus d’un Français sur deux déclare qu’il mettra un masque lors des épidémies de grippe ou de rhume (52%) et 43% qu’ils ne parleront pas avec les personnes qu’ils ne connaissent pas.

L’épidémie de coronavirus a nourrit une certaine méfiance à l’égard « des autres », quels qu’ils soient à partir du moment où ils sont étrangers à la famille.

La défiance est un marqueur fort de la structure mentale des Français depuis un certain nombre d’années, comme le montre l’enquête « Fractures » réalisée par Ipsos et publiée chaque année dans Le Monde.  De manière générale, seuls 20% d’entre eux estiment qu’«on peut faire confiance à la plupart des gens » (- 1 pt par rapport à 2019) contre 80% qui sont d’un avis inverse et estiment « qu’on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres », des chiffres stables depuis plusieurs années (+ 1 pt).

Toutefois, l’épidémie nourrit un niveau de méfiance fort à l’égard de nombreuses catégories de Français sauf vis-à-vis des personnes de la famille qui ne vivent pas au sein du foyer (85% ont confiance en elles lorsqu’elles se retrouvent proches d’elles). Mais beaucoup d’autres populations suscitent une méfiance majoritaire dès lors qu’elles se retrouvent à proximité immédiate : les personnes qu’on ne connaît pas (71% s’en méfient lorsqu’elles se rapprochent), les SDF (70%), les individus qui semblent être étrangers (59%) ou encore les jeunes (56%) et dans une moindre mesure les personnes d’origine asiatique (41%).

Chez beaucoup de Français, la méfiance qu’ils ont pu éprouver à l’égard des autres pendant l’épidémie a même concerné même leur environnement proche, les habitants de leur quartier (41%) et de leur immeuble (41%).

 

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Fiche technique : enquête Ipsos pour Datacovid menée du 26 au 31 mai 2020 auprès de 5 000 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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  • Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos (@BriceTeinturier)
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  • Adeline Merceron Responsable d'activité santé - Département Public Affairs

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