Carrière et Aspirations professionnelles : Que veulent les managers européens de demain ?
UNE GENERATION QUI FAIT DU PRAGMATISME SON CREDO REVENDIQUE
L'exercice du métier actuel : entre choix, hasard et rencontres
Un choix tardif, assez souvent analysé comme relevant du hasard
Seuls 11% des " ECP " exercent le métier dont ils rêvaient déjà tout petit. Pour la majorité, le choix n'intervient que plus tard, après un certain laps de réflexion (49% déclarent que leur métier correspond à une idée forgée plus récemment), ou même - pour tout de même 34% d'entre eux -plutôt par hasard. Un choix avant tout personnel
Intervenant donc assez tardivement, le choix de son métier semble avant tout découler des propres expériences, goûts, et envies des Européens : 73% se considèrent ainsi une des deux personnes ayant eu le plus d'importance dans le choix de leur métier et, plus largement, de leur univers professionnel . La deuxième grande source d'influence consiste en des gens, notamment des professionnels, rencontrés au hasard du parcours : 49% des " ECP " les citent comme source d'influence secondaire ou principale. On peut noter qu'il s'agit là encore du résultat d'une démarche avant tout personnelle. Les sources d'influences extérieures restent néanmoins bien présentes, à commencer par la famille : 29 % des enquêtés la citent comme source d'influence principale ou secondaire. Les amis et les proches la suivent de très près avec 24% des réponses totales.
Dans ce choix, les professeurs - qu'il s'agissent de ceux du collège, du lycée ou de l'université - apparaissent comme les grands oubliés : seuls 6% les citent comme source d'influence principale, 13% comme source secondaire. Au total, 19% des " ECP " ont tout de même été influencés par un de leurs professeurs dans le choix de leur métier, notamment un professeur d'université ou de grande école. Chiffre non négligeable, il reste néanmoins très inférieur à l'influence des professionnels ou de l'entourage proche, ce qui pourrait ramener au thème de la fracture monde scolaire/monde universitaire. Plus prosaïquement, on notera que le choix du métier s'effectuant plus tard, la faible influence du monde scolaire et - dans une moindre mesure universitaire - semble assez naturelle.
La meilleure formation pour l'exercice de ce métier
Dans le même ordre d'idée, l'" ECP " estime que la meilleure formation pour faire carrière s'acquière avant tout dans le cadre de l'entreprise, à travers les stages (pour 38 % des " ECP "), un premier poste dans une entreprise de référence aux Etats-Unis (12%) mais surtout un premier poste au cours duquel un professionnel accepte de les " coacher " (73%). On retrouve ici la place prépondérante du " professionnel " en terme de modèle et de formateur. A travers leur premier ou deuxième choix de réponse, 46% des " ECP " rendent néanmoins hommage à une solide formation universitaire ou acquise au sein d'une grande école. Enfin, l'expérience la moins valorisée professionnellement parlant semble être l'exercice d'une activité para-professionnelle (petits boulots…) : 23% des " ECP " la citent en premier ou second choix.
L'entreprise idéale : professionnalisme et promesse de développement de carrière
Les critères prévalant au moment du choix : secteur d'activité et promesse de développement de carrière
Pour choisir entre deux entreprises, les " ECP " comparent avant tout les potentialités de développement de carrière que celles-ci peuvent leur offrir : 56% considèrent ce critère comme fondamental, bien avant l'implantation géographique (13%) , les produits (9%), la taille (3% ) ou la nationalité (1%) de l'entreprise. Autres critères importants : le secteur d'activité (43 % des " ECP " le placent parmi les deux critères les plus essentiels dans l'évaluation de l'entreprise), ainsi que le niveau de rémunération qui y est pratiqué (23%), la qualité et la rigueur de son encadrement (22%), et enfin sa réputation (pour tout de même 20% des " ECP "). L'entreprise semble ainsi perçue par la majorité des " ECP " de manière dynamique, comme un vecteur de développement de carrière, bien plus que comme une somme de caractéristiques objectives. Ceci est particulièrement vrai chez les Britanniques et les Espagnols, respectivement 74% et 84% à faire peser sur la balance, au moment du choix d'une entreprise, ses promesse de développement de carrière. A l'opposé, les Allemands privilégient le secteur d'activité à 70% tandis que les Italiens sont plus nombreux que la moyenne européenne à prendre en compte sa réputation (28% contre 20%). Les Belges, enfin, insistent un peu plus sur l'importance de la qualité et de la rigueur de l'encadrement (31% choisissent cet item en premier ou en second contre 22% en moyenne).
Les valeurs recherchées dans l'entreprise : du professionnalisme avant tout
Pour plaire aux " ECP ", l'entreprise se doit d'ériger comme valeur forte son professionnalisme : pour 64% des " ECP ", celui-ci représente en effet la première ou la seconde valeur recherchée dans l'entreprise . Les autres se partagent entre ceux qui choisissent avant tout l'innovation (26%), le respect (22%), la performance (20%), l'honnêteté (19%) et l'efficacité (17%). La transparence, le partage, l'audace, la rigueur et la générosité constituent chacun moins de 15% des choix. Contre toute attente, les valeurs pouvant apparaître comme les plus démagogiques (générosité, transparence, partage…) semblent donc loin de constituer une véritable priorité aux yeux de l' " ECP " européen. Celui-ci privilégie bien plutôt les valeurs traditionnellement attachées au travail : en résumé, professionnalisme plutôt que générosité, honnêteté plutôt que transparence.
Au delà de son professionnalisme, afin de correspondre aux attentes des " ECP ", l'entreprise se doit par ailleurs d'offrir une certaine ouverture culturelle : pour 54% d'entre eux, il s'agit là d'une " question majeure " au moment de prendre une décision, tandis que presque tous les autres (soit 37% des " ECP ") considèrent au minimum ce critère comme " important " .
Un choix difficile, au final souvent basé sur l'intuition
Le choix d'une entreprise semble plutôt difficile : seuls 22% des " ECP " se sentent sûrs d'eux dès le moment où ils postulent, ayant réussi à dégager une préférence forte pour telle ou telle entreprise . Pour les autres, le choix intervient plus tard, au moment de l'entretien : près d'un " ECP " sur deux estime ainsi qu'il lui suffit d'une rencontre au sein de l'entreprise pour se faire une opinion. Ce chiffre confirme la place accordée à l'intuition par les " ECP ", au moment d'effectuer leurs choix. Enfin 28% se qualifient d'indécis, ayant besoin de temps et d'un maximum d'information pour décider de l'entreprise qui aura sa préférence.
La carrière : l'arrière-plan de tous les choix
Sous-tendant toute décision, la carrière apparaît comme un des enjeux fondamentaux du choix de l'entreprise et du poste : 56% des " ECP " recherchent prioritairement dans l'entreprise une promesse de développement de carrière, 55% accepteraient de travailler dans un secteur peu renommé mais dont le poste correspond à leurs objectifs de carrière . La perception qu'ont les " ECP " " de leur carrière renseigne ainsi largement sur leurs mœurs et attentes au travail.
Les caractéristiques de la carrière recherchée : découverte, plaisir et passion
Quand on demande aux " ECP " de choisir un mot caractérisant leurs choix de carrière, trois termes se dégagent rapidement : la découverte (mot choisi par 40% des " ECP ") tout d'abord, puis le plaisir (36%) et la passion (29%). Viennent ensuite la liberté (27%), l'ouverture (20%) et l'argent (20%), tandis que les termes de sécurité, contrainte et pouvoir sont choisis par moins de 15% des " ECP ". Pour l' " ECP ", la carrière idéale doit donc avant tout rimer avec découverte, notamment culturelle comme on l'a déjà vu plus haut, plaisir et passion. L'ennui et la morosité apparaissent donc comme les antagonismes parfaits de la carrière réussie.
Une vie professionnelle agréable : goûts et valeurs des " ECP "
Les " ECP " ont certaines attentes concernant le déroulement de leur vie professionnelle au sein d'une entreprise. De celles-ci se dégagent deux axes principaux : l'intérêt du poste avant tout, mais aussi les relations humaines au sein de l'entreprise.
La valeur travail
Les " ECP " auraient plutôt tendance à ne pas se poser de question vis à vis du travail : il faut travailler pour vivre, alors autant le faire dans les règles (51% optent pour cette réponse). Les autres " ECP " se partagent entre ceux qui y voient une vérité première (26%) et ceux qui y voient une valeur morte, beaucoup moins importante qu'auparavant et passant après d'autres valeurs telles que la vie, le plaisir ou encore l'ouverture (15%) .
Cette perception du travail varie selon les cultures : les Espagnols et les Néerlandais sont ainsi respectivement 43% et 41%, contre 27% en moyenne à voir dans le travail une vérité première. Autre réaction, celle des Allemands, pour qui la question ne se pose pas à 55% et qui d'ailleurs sont11% à ne pas se prononcer sur la question.
Les critères clés d'une vie professionnelle agréable : relation humaine et richesse de la mission
L'importance d'un poste riche et évolutif
Quand on demande à l' " ECP " les deux principales situations qui font qu'il se sent heureux dans son travail, celui-ci privilégie avant tout l'intérêt de son poste : 65% choisissent " le sentiment que leur travail avec leurs collaborateurs et vos supérieurs hiérarchiques les enrichit ". Viennent ensuite le sentiment que l'on attend d'eux qu'ils soient ouverts et innovants (44%) et le fait d'avoir rapidement accéder à des responsabilités (31%).
Inversement, quand on demande à l' " ECP " ce qui pourrait expliquer sa déception de l'entreprise deux ans après y être entré, c'est encore l'intérêt du poste qui ressort : 48% l'évoquent en premier ou un second et ils sont encore plus nombreux (58%) à mettre en avant des missions qui n'évoluent pas, bien avant les problèmes de salaires ou de dépassement d'horaire. Cette importance fondamentale de la richesse du poste se retrouve de manière sensiblement identique chez toutes nationalités, générations ou formations d'origine.
Le maintien de bonnes relations avec les collègues et supérieurs
Deuxième facteur de satisfaction au travail : d'agréables relations humaines au sein de l'entreprise. Quant on demande à l'" ECP " de choisir les deux facteurs contribuant le plus à ce qu'il se sente heureux dans son nouveau travail, un tiers cite ainsi l'ambiance agréable. Celle-ci est notamment privilégiée par les Espagnols et les Néerlandais - respectivement 39% et 40% à choisir cet item contre 32% en moyenne. Les intrigues amoureuses qui peuvent survenir dans le cadre de l'entreprise sont-elles comprises dans cette ambiance agréable ? Oui et non, à en juger par l'attitude majoritaire adoptée par les " ECP " devant ce type de situation : 54% n'y voit pas d'inconvénients mais font comme si de rien n'était, 26% espèrent pourquoi pas en profiter , 10% en sont gênés et tout de même 11% évitent finalement de se prononcer.
On peut à cette occasion s'intéresser aux qualités essentielles du bon manager selon les " ECP ". Ceux-ci se partagent principalement entre ceux qui préfèrent " le stratège éclairé " (66% des choix) et ceux qui préfèrent " le décideur sobre et efficace " (60% des choix). Vient ensuite l'" innovateur plein d'idées " (53% des choix), tandis que l'" homme publique, grand orateur " n'est préféré que par 9% des " ECP " européens
Bilan: à la recherche d'un équilibre, entre épanouissement professionnel et personnel
La dernière question posée reflète bien l'état d'esprit général des " ECP " face à leur vie professionnelle : quand on leur demande ce qu'ils aimeraient pouvoir dire de leur carrière au moment de prendre leur retraite, 81% choisissent la formule : " je ne me suis jamais arrêté d'apprendre, je ne me suis jamais ennuyé ". On retrouvent bien là l'importance d'une carrière enrichissante et pouvant comporter de nombreux rebondissements, notamment en terme de mobilité entre entreprise et entre pays.
Deuxième sentiment reflétant bien les aspirations des " ECP " : avoir une vie professionnelle s'accordant harmonieusement avec l'ensemble de leur vie personnelle. Ainsi, 70% des " ECP " souhaitent pouvoir se dire : " j'ai eu une belle vie, ma carrière n'est qu'un élément parmi d'autres ". On notera que cet item - même beaucoup choisi, arrive après celui concernant directement la richesse du poste : bien que de plus en plus confronté à d'autres priorités (le cadre de vie, la situation professionnelle du conjoint ou de la conjointe…), la réussite professionnelle personnelle semble ainsi demeurer un élément fondamental pour l'" ECP ".
D'ailleurs, quand on lui demande l'élément de choix décisif, lors d'une mutation par exemple , celui-ci avance majoritairement son épanouissement professionnel (62%), avant son cadre de vie (44%), la situation professionnelle de son ou de sa conjoint(e) (35%), son niveau de vie (34%) ou encore l'équilibre de ses enfants (18%).
En revanche, et de manière plus tranchée cette fois-ci, le pouvoir fourni par le poste (item " mon travail et mes décisions ont eu de l'influence sur l'évolution de la ou des entreprises qui ont été les miennes ") ou encore l'argent gagné (item " j'ai gagné beaucoup d'argent, et maintenant j'en profite ") ne rencontrent les aspirations que d'une minorité d' " ECP " : respectivement 30% et 16% des " ECP " choisissent ces items quand on leur demande ce qu'ils aimeraient pouvoir dire de leur carrière, à l'heure de la retraite.