Chefs d’entreprise : reprise en vue ?

L’Observatoire Social de l’Entreprise, réalisé par Ipsos et le CESI en partenariat avec Le Figaro, permet de faire régulièrement le point sur le moral des chefs d’entreprise et des salariés du secteur privé mais aussi d’approfondir un thème en lien avec la vie de leur entreprise. En 2014, le moral des uns et des autres semble s’améliorer quelque peu…

Auteur(s)
  • Amandine Lama Directrice de Clientèle, Département Politique et Opinion, Public Affairs
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La tendance à l’amélioration des perspectives économiques observée lors de la dernière vague se poursuit.

Après un pic de pessimisme observé en 2012 (43% des chefs d’entreprise anticipaient une baisse d’activité de leur entreprise pour les 6 mois à venir, tout comme 27% des salariés du privé), les acteurs de l’entreprise s’étaient montrés en 2013 un peu moins inquiets quant à l’avenir de leur entreprise. Cette légère baisse de l’inquiétude se confirme cette année, avec désormais 28% des chefs d’entreprise qui anticipent une baisse d’activité (-3 points par rapport à 2013 ; -15 points par rapport à 2012), tout comme 16% des salariés (-3 points par rapport à 2013 ;   -11 points par rapport à 2012).

Si la majorité des chefs d’entreprise (51%) et des salariés (54%) tablent comme l’année dernière sur une stabilité des carnets de commande, ils sont un nombre un peu plus important à anticiper une croissance de leur activité : 18% des chefs d’entreprise (+7 points par rapport à l’année dernière) et 30% des salariés (+2 points). Cet optimisme est désormais majoritaire chez les chefs d’entreprise de 500 salariés et plus (50% ; +13 points). Les dirigeants de petites entités restent quant à eux beaucoup plus prudents – car sans doute également les plus fragiles (seuls 18% des chefs d’entreprises de moins de 10 salariés anticipent une hausse d’activité), même si l’optimisme est également croissant au sein de cette catégorie de dirigeants (+10 points par rapport à l’année dernière).

Cette amélioration du moral d’une partie des chefs d’entreprise comme des salariés s’illustre également par le fait qu’un nombre croissant parmi eux considère que la reprise économique dans leur secteur d’activité est déjà là : 39% des salariés le pensent (+4 points par rapport à l’année dernière), tout comme 28% des chefs d’entreprise (+13 points). Les chefs d’entreprise du secteur de l’industrie sont particulièrement nombreux à considérer que dans leur secteur, la reprise est déjà là (44%), devant ceux des services (32%), du BTP (22%), les dirigeants d’entreprises dans le secteur du commerce étant les moins nombreux à le penser (14%).

Pour une majorité cependant, la reprise est encore une perspective lointaine. Les chefs d’entreprise pensent en moyenne qu’il faudra attendre 25 mois pour qu’elle intervienne (contre 31 mois en moyenne annoncés en 2013) et les salariés 11 mois (idem à l’année dernière). Les dirigeants d’entreprises dans le secteur du commerce sont là encore les plus pessimistes : ils considèrent que dans leur secteur, il faudra attendre 31 mois en moyenne pour qu’il y ait une véritable reprise. Si l’on peut parler de légère embellie, il n’en demeure pas moins vrai que les chefs d’entreprise naviguent aujourd’hui pour beaucoup avec une très faible visibilité et que l’amélioration mesurée reste aujourd’hui extrêmement fragile.

 

Chefs d’entreprise comme salariés se montrent davantage confiants quant au maintien de l’emploi dans leur entreprise…

Les perspectives de croissance pour leur entreprise s’améliorant légèrement, chefs d’entreprise comme salariés se montrent plus confiants à l’égard du maintien de l’emploi dans leur entreprise : 68% (+9 points par rapport à l’année dernière) des chefs d’entreprise sont optimistes à ce sujet, tout comme 79% (+6) des salariés. Il s’agit du plus haut niveau d’optimisme sur ce point enregistré depuis 2011 pour les chefs d’entreprise et 2010 pour les salariés.

La première préoccupation professionnelle des salariés n’est d’ailleurs plus le maintien de leur emploi (en tête de leurs préoccupations en 2012) mais leur niveau de salaire (32% le citent contre 28% pour le maintien de leur emploi). C’est particulièrement le cas des jeunes salariés dont les attentes sont fortes en matière d’évolution salariale (37% des 18-29 ans). Aux yeux des salariés de 50 ans et plus, le maintien de l’emploi reste néanmoins l’enjeu prioritaire (40% le citent contre 28% pour leur niveau de salaire). C’est également le cas pour les salariés d’entreprise de moins de 10 salariés, dont la santé économique reste plus fragile (37% citent le maintien de leur emploi contre 27% leur niveau de salaire).

 

…mais les perspectives d’embauche de nouveaux salariés et d’augmentation de salaire restent très mauvaises même si elles s’améliorent légèrement.

Sur la quasi-totalité des autres indicateurs testés, l’optimisme est également croissant, en particulier chez les chefs d’entreprise. Ces derniers se montrent majoritairement confiants quant à l’évolution du niveau de stress des salariés (68% ; +12). Même s’ils ne sont qu’une minorité à être optimistes sur les autres dimensions testées, la confiance est en hausse, qu’il s’agisse du développement économique du secteur d’activité de leur entreprise (43% ; +7)

En ce qui concerne les embauches et l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés, les patrons se montrent toujours très pessimistes même si les perspectives s’améliorent très légèrement. Seul un chef d’entreprise sur quatre se dit optimiste en ce qui concerne l’augmentation des salaires (26% ; +4) ou de la capacité à embaucher de leur entreprise (26% ; +10). La seule dimension sur laquelle l’optimisme des chefs d’entreprise ne progresse pas est leur capacité à proposer des formations à leurs salariés (42% ; -1 par rapport à l’année dernière). Si les chefs d’entreprise de moins de 10 salariés sont une minorité à être confiants sur ce point (37%), les dirigeants de plus grosses structures le sont beaucoup plus (70% des chefs d’entreprises de 10 à 499 salariés et 88% de celles de 500 salariés et plus).

Les salariés se montrent eux aussi un peu plus confiants que l’année dernière : sur le développement économique du secteur d’activité de leur entreprise (57% ; +2), la possibilité de bénéficier de formations (51% ; +1), leur niveau de stress (38% ; +3), la capacité à embaucher de leur entreprise (38% ; +3) et l’augmentation de leur salaire et de leur pouvoir d’achat (23% ; +2). Sur ces dernières dimensions, le pessimisme reste néanmoins majoritairement de mise.

 

Des écarts de perception entre chefs d’entreprise et salariés demeurent, même si la situation au sein des entreprises est jugée globalement positive.

Interrogés sur la situation au sein de leur entreprise, les dirigeants se montrent très positifs. Ils sont une très large majorité à juger favorablement les relations entre les salariés et leurs supérieurs hiérarchiques directs (93% ; -3), le climat social en général (82% ; +3) et la charge de travail (81% ; +9). On observe ainsi des niveaux comparables à ceux de 2011. Sur ces dimensions, les salariés, bien que moins enthousiastes, jugent toutefois majoritairement que la situation est positive : 76% (+2) concernant les relations entre salariés et supérieurs hiérarchiques directs ; 57% (stable) pour le climat social en général ou encore 56% concernant la charge de travail (+2).

En ce qui concerne la situation de l’emploi au sein de leur entreprise, les chefs d’entreprise sont désormais presque aussi positifs que les salariés : 63% (+6 points par rapport à 2013 et +15 points par rapport à 2012) sont confiants sur ce point, contre 67% des salariés (+2). Si la progression de la confiance des salariés est moins marquée, il faut rappeler que leurs perceptions sur ce sujet n’avaient pas autant décroché entre 2011 et 2012 (-4 points chez les salariés contre -17 points chez les chefs d’entreprise).

Notons enfin que même si les chefs d’entreprise se montrent un peu moins positifs que l’année dernière en ce qui concerne l’adhésion des salariés aux grandes orientations de l’entreprise (72% ; -2) ou les rémunérations (68% ; -5), des écarts de perception importants demeurent. Seule une minorité de salariés considère en effet de manière positive l’adhésion aux grandes orientations (49% ; -1) ou encore les rémunérations (44% ; -1).

Si la perception par les salariés du climat social interne à l’entreprise reste stable (57% le jugent bon ; stable par rapport à 2013 et même stable par rapport à 2011), le potentiel de participation à un mouvement social éventuel est légèrement en hausse (53% ; +4 points par rapport à 2012 ; +6 points par rapport à 2011). Il n’en demeure pas moins que seuls 18% disent qu’ils y participeraient « sûrement ».

Compte tenu du contexte politique et social tendu, il s’agit d’un indicateur à surveiller, ce d’autant que la crainte de perdre son emploi, moins forte aujourd’hui, constitue un frein moins puissant à la mobilisation.

En savoir plus : regards croisés sur l’alternance



 


Fiche technique :

Sondage Ipsos réalisé pour le CESI en partenariat avec Le Figaro. 400 chefs d’entreprise et 1000 salariés du secteur privé ont été interrogés, respectivement par téléphone et internet du 16 avril au 3 mai 2014. 

Auteur(s)
  • Amandine Lama Directrice de Clientèle, Département Politique et Opinion, Public Affairs

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