« Consommer local » : ce que veulent les Français

Quelles sont les nouvelles habitudes et les attentes des Français pour accéder aux produits locaux et aux producteurs de leur région ? Dans le contexte de défiance alimentaire que nous traversons, Bienvenue à la ferme et Ipsos ont cherché à mieux comprendre le rapport que les Français entretiennent vis-à-vis du « consommer local ».

Les crises alimentaires se succèdent. Progressivement, les Français perdent confiance dans la sécurité des aliments et sans cesse, leur inquiétude est réactivée. Face à ces menaces, les consommateurs semblent faire évoluer leurs attentes et modifier en profondeur leur analyse de la situation. Ce qui, hier, arrivait encore à les rassurer ne semble plus à même de juguler leurs craintes aujourd’hui.

L’enquête réalisée par Ipsos et Bienvenue à la ferme vient confirmer que l’attention des consommateurs se focalise de plus en plus sur l’origine et le lieu de fabrication des produits qu’ils consomment. Les dernières crises sanitaires les ont renvoyés à une mondialisation sauvage, guidée par la spéculation. Face à un système qui, pour beaucoup d’entre eux, devient « fou », les repères habituels sont en train de perdre en capacité de réassurance. D’autres, en parallèle, émergent et gagnent en crédibilité. 

Si donc l’intérêt pour les produits locaux ne cesse de se renforcer depuis deux ans, c’est parce qu’ils sont désormais considérés comme étant les plus à même de rassurer les Français sur l’origine et la composition de ce qu’ils mangent.

 

Vu le contexte de crises cumulées (économique, sanitaire et de confiance), les tendances au repli s’accentuent. C’est auprès du producteur « à côté de chez moi » ou via la consommation des aliments produits « là où j’habite » que beaucoup de Français trouvent une forme de réassurance.

 

1 Français sur 2 estime ne plus savoir ce qu’il mange

1 Français sur 2 dit ne plus vraiment savoir de quoi se composent les produits alimentaires qu’il consomme (50% disent « très souvent » ou « souvent »). Seulement 12% disent que cela ne leur arrive que « rarement » ou « jamais », les autres estiment que cela leur arrive parfois (38%).

47% des consommateurs ont aussi le sentiment qu’il est difficile de se procurer des produits alimentaires sur lesquels ils se sentent entièrement rassurés. Seulement 2 Français sur 10 n’ont eu que rarement ou jamais ce sentiment (19%).

Enfin, plus d’un tiers des consommateurs avoue aller plus qu’avant chercher des informations sur Internet sur des produits alimentaires avant de les acheter (39%).

 

Principales garanties de qualité : la vente « en direct », les appellations officielles et la fabrication locale

Preuve de leur inquiétude : près de 8 Français sur 10 disent chercher plus qu’il y a 5 ans à connaître l’origine d’un produit alimentaire avant de l’acheter (77%). Plus d’un tiers affirme même le faire « beaucoup plus souvent » (34%). Ils ont aussi de plus en plus tendance à privilégier l’achat de produits alimentaires « made in France » (81%, 35% le font même « beaucoup plus souvent »).

D’ailleurs, l’origine et la proximité géographique du produit sont les critères qui les rassurent le plus. Ils citent d’abord le fait qu’il soit directement vendu par le producteur (23%), devant l’existence de labels et d’appellations officiels (16%). Ils plébiscitent la fabrication locale (9%). De fait, les consommateurs accordent désormais autant d’importance au label agriculture biologique (8%) qu’au « made in France » (7%).

 

La fréquence d’achats de produits locaux en forte progression

80% des consommateurs disent acheter désormais des produits locaux et parmi eux, près de 4 personnes sur 10 déclarent le faire même souvent (41%, contre 39% qui le font parfois et 20% rarement ou jamais).

Il s’agit surtout d’une tendance qui progresse (69% des acheteurs de produits locaux déclare en acheter actuellement plus qu’avant) et qui devrait continuer à se renforcer (59% disent qu’ils vont en acheter plus dans les 6 prochains mois).

 

Consom’acteurs

Les Français qui achètent des produits locaux sont massivement convaincus que cette façon de consommer permet de faire marcher l’économie locale (97%).

Ce très fort intérêt pour les produits locaux est également en adéquation avec leur envie de « vrai » : 81% des Français éprouvent aujourd’hui un besoin de retour à la nature et aux choses essentielles.

Il reflète également leur attachement au monde agricole : pour 1 Français sur deux, il est « primordial » de transmettre aux enfants des connaissances sur le monde agricole et ses modes de production.

 

Les freins : prix et rareté des points de vente …

1 Français sur 2 estime que les produits alimentaires locaux sont plus chers que les autres (50%). Proposer des prix plus accessibles est d’ailleurs considéré comme le principal moyen de renforcer la consommation « locale » (62%).

Les consommateurs estiment qu’ils pourraient être plus incités à consommer des produits alimentaires locaux s’il y avait plus de points de vente disponibles (40%), une meilleure visibilité de l’information « produits locaux » sur l’étiquette (34%), la possibilité d’être en contact direct avec le producteur (34%) ou encore une meilleure visibilité dans les rayons (32%).

 

…malgré des circuits d’approvisionnement très diversifiés

La très grande majorité des Français fait toujours leurs courses alimentaires en grandes surfaces (88%) même si beaucoup vont aussi dans les commerces de proximité (74%) ou encore au marché (62%) et auprès des producteurs locaux (43%).

Mais, en ce qui concerne les produits locaux, les consommateurs les achètent presqu’autant au marché (73%) que dans les grandes surfaces (68%). Les producteurs locaux sont un peu moins sollicités (61%) que les commerces de proximité (65%).

La majorité des consommateurs de produits alimentaires locaux achetés directement auprès des producteurs déclarent parcourir une distance maximale de 10 km pour se rendre sur les lieux de vente (65%).


Fiche technique :

L’étude a été réalisée du 22 au 27 janvier 2014, auprès d’un échantillon représentatif de 1008 Français, âgés de 18 ans et plus (méthode des quotas INSEE : sexe, âge, profession de la personne de référence du foyer, région et catégorie d’agglomération).

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