Départementales, vers un record d'abstention ?

Premières élections de ce type, il sera difficile aux soirs des premier et second tours des élections départementales de comparer les niveaux de participation avec ceux des anciennes cantonales, puisqu’elles ne concernaient à chaque scrutin qu’une partie du corps électoral (renouvellement partiel).

Surtout, elles étaient le plus souvent couplées à d’autres scrutins plus mobilisateurs (municipales), ce qui favorisait une participation supérieure. Sous cet angle, la dernière élection cantonale de 2011, qui n’était couplée à aucune autre élection, constitue sans doute la référence la plus intéressante : la participation n’avait pas dépassé les 45%, ni au premier tour (44,32%) ni au second tour (44,71%).

On s’attend donc à une très forte abstention les 22 et 29 mars prochains, supérieure à 50%, d’autant plus que l’agrandissement des cantons, les hésitations gouvernementales sur la suppression des départements et, dans un contexte de réforme territoriale, le flou sur les compétences des futurs Conseils départementaux n’incitent ni à la mobilisation, ni à la clarification des enjeux.

Si l’abstention est massive, la barre de 12,5% des inscrits pour se maintenir au second tour (pour les deux listes qui ne sont pas arrivées en tête) risque d’éliminer nombre de candidats socialistes dès le premier tour, du fait de l’étiage électoral de la majorité. Pour un taux de participation de 50%, il faudrait en effet que les binômes socialistes obtiennent 25% des suffrages exprimés ; et plus de 28% si la participation était au niveau de 2011, à 44%. Certes, le faible nombre de candidats par canton (4,4 en moyenne) compense un peu cet effet de seuil et laisse la porte ouverte à de multiples triangulaires. Mais le risque d’élimination de la gauche au soir du premier tour sera grand dans les nombreux cantons où elle se présente divisée.

Depuis 1958, toutes élections confondues (hors référendum), l'abstention a dépassé les 50% à 10 reprises. Le record date des Européennes 2009, avec 59,4% d’abstention.

  • 1988, Cantonales 1er tour : 50,9%
  • 1988, Cantonales 2nd tour : 53,0%
  • 1989, Européennes : 51,2%
  • 1999, Européennes : 53,2%
  • 2004, Européennes : 57,2%
  • 2009, Européennes : 59,4%
  • 2010, Régionales 1er tour : 53,7%
  • 2011, Cantonales 1er tour : 53,7%,
  • 2011, Cantonales 2nd tour : 55,3%
  • 2014, Européennes : 57,6%
     

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