Européennes : léger sursaut de mobilisation qui profite au Parti Socialiste
Le sursaut de mobilisation mesuré cette semaine n’est pas suffisant pour contredire une tendance lourde à l’abstention, qui pourrait atteindre de 58% à 62% selon la dernière vague du baromètre Ipsos/SFR - Le Point -20 minutes. Il explique en revanche l’évolution des intentions de vote, et notamment l’arrêt d’une dynamique défavorable aux listes du Parti Socialiste, et favorable au Modem.
Le taux de votants potentiels dans l’échantillon d’électeurs interrogé par Ipsos a progressé de 5 points depuis la semaine dernière, pour une participation qu’on estime aujourd’hui dans une fourchette de 38% à 42% (entre 35% et 39% la semaine dernière). Mais cela ne change pas la tendance de fond : on se dirige vers un record d’abstention le 7 juin prochain. La majorité des électeurs reste d’ailleurs très sévère quant à la qualité des campagnes électorales des différents partis.
Avec un si faible niveau de mobilisation, tout changement dans la structure des votants potentiels a immédiatement des répercutions sur les niveaux d’intentions de vote. Ainsi, le sursaut de participation est aujourd’hui un peu plus fort à gauche qu’à droite, ce qui se traduit par un rapport de force global encore un peu plus favorable à la gauche : le total Gauche/Extrême Gauche atteint 46% (+1,5 points en une semaine), contre 38% à l’ensemble Droite/Extrême Droite (-0,5%).
Dans le détail, sans doute suite au meeting commun Aubry-Royal à Rezé, on constate que c’est surtout l’électorat de Ségolène Royal qui se mobilise davantage : 62% des électeurs de Ségolène Royal au 1er tour de la présidentielle 2007 ont aujourd’hui l’intention d’aller voter (+13 points en une semaine), dont près des deux tiers pour la liste du Parti Socialiste (62%, +8 points). Même si l’on ne se situe pas vraiment dans la reconquête – les intentions de vote sur les listes PS ne progressent que d’un point, à 21% - au moins la chute, régulière depuis le début de la campagne, est-elle stoppée.
Comme dans le même temps, la mobilisation des électeurs 2007 de François Bayrou marque le pas (42% ont l’intention d’aller voter), la progression du Modem s’arrête (12% d’intentions de vote, -1). Les dynamiques de campagne, jusqu’alors favorables au Modem et défavorables au PS, sont donc enrayées, et si la semaine dernière la question pouvait se poser, aujourd’hui plus rien n’indique que le Modem soit en mesure de dépasser le Parti Socialiste.
L’incertitude est plus forte sur la place qu’occuperont au final les listes Modem et Verts. Les listes Verts/Europe Ecologie profitent d’une campagne électorale jugée dans l’opinion comme la meilleure des listes en présence, à 11% d’intentions de vote. L’écart avec le Modem n’est plus que d’un point, contre encore deux points et demi la semaine dernière.
Par ailleurs, si les listes UMP/Nouveau Centre restent en tête (26% d’intentions de vote, stable), l’écart avec les listes PS est tombé à 5 points. Là encore, une participation au final un peu plus forte dans telle ou telle frange de l’électorat pourrait rebattre les cartes. L’élection de 1999 constitue d’ailleurs un précédent : à l’époque l’écart dans les intentions de vote entre la liste menée par Nicolas Sarkozy et celle de Charles Pasqua était de cinq points à une semaine du scrutin, d’un point la veille, pour finir presque à égalité (+0,2 points en faveur de la liste Pasqua).