Faire de sa différence une force : les ados montrent l'exemple

Parce qu'ils parviennent peut-être plus facilement que les adultes à relativiser les normes qu'impose la société, les adolescents semblent plus enclins que la moyenne à accepter leurs différences, à les valoriser, voire à en faire des atouts. Loin d'être tous mal dans leur peau comme le pensent 77% des Français, l'enquête réalisée par Ipsos pour la fondation Pfizer décrit des adolescents qui se sentent le plus souvent comme tout le monde, parfois bien, parfois un peu moins bien. Si les parents projettent sur ce moment de la vie de leurs enfants leurs propres inquiétudes, sur l'avenir par exemple, ces inquiétudes ne sont pas vécues comme telles du côté des ados. 

Auteur(s)
  • Luc Barthélémy Directeur de Clientèle, Public affairs
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Ce décalage de perception ados / adultes est surtout net sur la notion de différence. Si un adolescent sur trois (36%) se sent effectivement "différent" des gens de son âge, c'est le plus souvent sur un mode valorisant, par rapport à une impression de plus grande maturité. Ces ados ne se reconnaissent en tous cas pas dans l'image caricaturale que leur renvoient les medias et la société, de l'adolescent superficiel, "fringues/sodas/séries télé". Pour eux, être différent renvoie au contraire à des centres d'intérêts particuliers, est même source de sociabilité entre personnes qui partagent cette différence. En se focalisant sur la différence visible – couleur de la peau, pratique religieuse – l'adulte associe ce sentiment au mal-être, ce qui en fait n'est que rarement le cas. Le seul véritable malaise que l'on relève en la matière, en particulier chez les filles, est relatif au surpoids. Mais dans l'ensemble, 90% des adolescents nous disent au contraire que la richesse vient de la différence, et 84% pensent que c'est plutôt un atout pour réussir. L'a priori est donc positif; l'idée qu'il ne suffit pas d'être conforme pour réussir est en tout cas majoritairement partagée.

L'enquête montre par ailleurs que les adolescents se sentent respectés dans leur entourage – c'est d'autant plus vrai qu'ils avancent en âge - ce qui les aide à affirmer leur différence. Quelque part, on constate que la pression sociale est finalement plus gênante que cette différence. Les adolescents analysent par exemple l'absence de diplôme comme le plus grand facteur de risque pour l'avenir ; ils intériorisent en fait un certain nombre d'éléments de pression que la société leur met sur les épaules, et qui sont probablement autant, voire plus difficiles à vivre qu'une différence qu'ils ressentent comme faisant partie de leur identité, avec laquelle ils se débrouillent plutôt bien. La notion même de différence renvoie à la notion de norme. Or la société française est particulièrement normative, et ces normes sont tellement présentes que les différences sont le plus souvent vécues comme des sources de difficultés, plutôt que comme des éléments de richesse. L'enquête montre que les adolescents parviennent assez brillamment à contester à cette logique.

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  • Luc Barthélémy Directeur de Clientèle, Public affairs

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