Ipsos Global Trends - A la recherche d'un nouveau consensus : des tensions aux intentions

Ipsos dévoile les résultats de sa plus large étude tendances & prospective : Ipsos Global Trends. Cette édition décennale, d'une ampleur inédite, a été menée auprès de plus de 50 000 interviews dans 50 pays. Face à un contexte socio-économique tendu et la perception d'un avenir toujours plus incertain Ipsos Global Trends identifie et décode plusieurs grandes tendances mondiales exprimant les profonds changements d’attitudes et de valeurs des individus et leurs incidences pour les marques et les institutions.

Une édition d'une ampleur inédite pour les 10 ans de l'étude Ipsos Global Trends

Avec 5 millions de points de données provenant de 50 pays, le rapport identifie neuf tendances mondiales affectant les consommateurs et les citoyens, chacune étant façonnée par une interaction complexe de forces macroéconomiques, de changements sociétaux et de signaux émergents.

Les tendances mondiales | Les tendances en France | Les grands enjeux

Neuf grandes tendances mondiales

Fractures de la mondialisation
63 % des personnes interrogées dans 50 pays sont d'accord avec l'affirmation suivante : « Je suis très fier de mon pays ».

Fragmentation des sociétés
77 % des personnes interrogées dans 50 pays s'accordent à dire que « les grandes différences de revenus et de richesses sont néfastes pour la société ».

Convergence climatique
80 % des personnes interrogées dans 50 pays s'accordent à dire que « nous nous dirigeons vers un désastre environnemental si nous ne changeons pas rapidement nos habitudes ».

Dilemme technologique
71 % des personnes interrogées dans 50 pays sont d'accord avec l'affirmation suivante : « Nous avons besoin des technologies modernes car elles seules peuvent nous aider à résoudre les problèmes futurs ».

Santé consciencieuse
81 % des personnes interrogées dans 50 pays sont d'accord avec l'affirmation suivante : « Je dois faire plus pour m'occuper de mon bien-être mental ».

Refuge vers le monde d'avant
57% des personnes interrogées dans 50 pays sont d'accord avec l'affirmation suivante : « J'aimerais que mon pays soit comme avant ».

Nouveau nihilisme
64% des personnes interrogées dans 50 pays sont d'accord avec l'affirmation suivante : « Je vis pour le moment présent car l'avenir est incertain ».

Pouvoir de la confiance
80 % des personnes interrogées dans 50 pays sont d'accord avec l'affirmation suivante : « Je suis plus enclin à faire confiance à un nouveau produit s'il est fabriqué par une marque que je connais déjà ».

Échappée individualiste
61% des personnes interrogées dans 50 pays sont d'accord : « Je me sens dépassé par les nombreux choix qui s'offrent à moi dans la vie ».

Accéder au détail des tendances mondiales

Les tendances clés en France

Un réflexe isolationniste de plus en plus prégnant

En France et dans le monde, l’optimisme est en berne. Ainsi près de huit Français sur 10 (76%) considèrent que la France est globalement sur une mauvaise trajectoire et 73% sur une mauvaise trajectoire économique. Seul un Français sur cinq (21%) se déclare être optimiste concernant l’avenir du pays et 13% le sont quant à l’avenir du monde.

 

La nostalgie continue de gagner du terrain en France et en Europe. Les Français étaient 56% en 2013 à s’accorder sur le fait qu’ils aimeraient que leur pays « redevienne ce qu'il était autrefois. » et sont désormais 64% en 2024 (+8 points). Un sentiment partagé au niveau européen avec 46% des Européens l’affirmant en 2013 et 56% en 2024 (+ 10 points).

Les Français se montrent très largement critiques vis-à-vis des bénéfices de la mondialisation. Ils ne sont que 34% en 2024 à affirmer qu’elle leur est bénéfique (-6 points vs 2022). L’écart est d’autant plus considérable à l’échelle mondiale : s’ils étaient 86% en 2022, cette proportion chute à 60% cette année, soit 26 points de moins.

L’attente d’une action forte des gouvernements et acteurs économiques pour agir face à l’urgence climatique et sociale.

Chaque année depuis 10 ans, agir devient de plus en plus urgent en matière d’environnement : ce sont près de huit Français sur 10 (79%) qui affirment que nous courrons à la catastrophe climatique si nous ne changeons pas rapidement nos habitudes en 2024 (+4 points vs 2013). Une part également très élevée à l’échelle moyenne mondiale avec 77% (+5 points vs 2013) et 75% pour les Européens (+ 5 points vs 2013).

Malgré cette forte conscience environnementale, l’optimisme n’est pas au rendez-vous : ce sont près d’une personne sur trois dans le monde (34%) qui considère qu’il est trop tard pour agir contre le réchauffement climatique , (33% chez les Français et 30% chez les Européens). Plus spécifiquement en France, les femmes sont moins pessimistes (28%) que les hommes (38%) sur le sujet.

De plus, la part des sondés affirmant qu’ils estiment faire déjà tout ce qu’ils peuvent en matière d’environnement est particulièrement élevée avec 73% des Français, 72% en moyenne mondiale et 69% des Européens. Une affirmation qui connait de fortes disparités générationnelles en France avec seulement 57% des 16-24 ans, 65% des 25-34 ans contre 86% des 55-74 ans.

 

 

Le manque d’actions et de lignes directrices fortes en matière d’actions environnementales de la part des gouvernements et des entreprises est un constat largement partagé :

  • Ainsi, une large majorité des sondés considère que l’'impact des entreprises sur l'environnement devrait être plus étroitement contrôlé par leur gouvernement avec 81% en moyenne mondiale, 79% des Français et 79% des Européens.
  • De la même façon, une très grande part des répondants estime que les entreprises n'accordent pas assez d'attention à l’environnement : ils sont 80% de Français, 76% en moyenne mondiale et 75% d’Européens.

En France, la peur d’un prochain « abandon social » par l’Etat a connu une progression très forte en seulement 2 ans. Les Français craignant que le gouvernement et les services publics ne fassent pas assez pour aider les gens dans les années à venir est passé de 66% en 2022 à 76% en 2024 (+ 10 points).

La perception d’un « pacte social » fragilisé nourrit des mouvements de contestation de plus en plus intenses, notamment au sein des classes moyennes. Près d’1 Français sur 2 (46%) estime que le pays n’ira pas de l’avant sans révolution préalable.

Hédonisme grandissant, recentrage sur le bonheur immédiat et volonté de prendre soin de soi face à un monde hostile

En opposition au rythme de vie effréné insufflé par un monde en constante accélération, le désir de pause et de ralentissement grandit chez les personnes interrogées. Un désir recherché par 65% des répondants à échelle mondiale en 2024, vs 54% en 2013 (+ 11 points) ; 60% des Européens en 2024 vs 51% en 2013 (+9 points) et 62% des Français en 2024 vs 46% en 2013 (+13 points).

Un hédonisme grandissant se constate chez une grande part des répondants. Ce sont les Français qui sont le plus animés par ce sentiment de profiter de l’instant présent sans se soucier du lendemain avec 68% en 2024 vs 58% en 2013 (+10 points). En moyenne dans le monde, ce sont 61% des sondés qui partagent cette vision hédoniste en 2024 vs 50% en 2013 (+11 points) et chez les Européens 59% en 2024 vs 50% en 2013 (+ 9 points).

Ce phénomène est corrélé par des chiffres qui sont d’autant plus parlants quant à l’incertitude de l’avenir, puisque ce sont 78% des Français qui affirment « qu’ils vivent aujourd’hui car l’avenir est incertain », 64% en moyenne mondiale et 61% chez les Européens.

Une société divisée et des liens à renouer

Bien que la société reste très divisée selon les Français avec 80% d’entre eux en 2024 qui estiment qu’il y a de plus en plus de conflits entre les personnes qui ne partagent pas les mêmes valeurs, cette considération est en baisse par rapport à 2022 où ils étaient 84% (-4 points).

De même, si les Français faisant confiance aux leaders d’entreprise pour dire la vérité restent minoritaires en 2024 avec 28%, ils sont néanmoins plus nombreux qu’en 2022, où ils étaient seulement 20% (+ 8 points).

Les JO de Paris 2024 ont constitué une période qui révèle un besoin profond de re-créer du lien, avec 65% des Français qui ont eu une image positive des JO de Paris 2024.

55% des Français se disent très fiers de leur pays en 2024, soit 5 points de plus qu’en 2022 (55%)

Nouvelles technologies : entre craintes et nécessité

L’accélération du développement des nouvelles technologies génère des inquiétudes fortes chez les sondés. Chez les Français, 62% craignent que les progrès technologiques ne détruisent leur vie en 2024 quand ils n’étaient que 43% en 2013 (+ 19 points). En 2024 c’est plus d’un Européen sur deux (55%) qui l’estime quand ils n’étaient que 35% en 2013 (+20 points).

Seul un Français sur trois (36%) pense que l’IA aura un impact positif sur le monde dans lequel nous vivons contre 57% des personnes interrogées au niveau mondial (écart de 21 points). De même, l’inquiétude sur les impacts des nouvelles technologies et des IA sur les emplois est vive. Seuls 30% des Français pensent qu’elles créeront davantage d’emplois qu’elles n’en détruiront contre 48% au niveau mondial (18 points d’écart).

Les réseaux sociaux, par l’hyper-stimulation et l’idéalisation qu’ils provoquent, suscitent des méfiances. Moins d’un Français sur trois (30%) estime que leur impact est positif sur la vie des individus, quand c’est un peu plus d’une personne sur deux au niveau mondial (54%).

Malgré ces problématiques, les technologies sont bien ancrées dans nos vies quotidiennes. Ainsi près de sept Français sur dix (68%) ne pourraient imaginer leur vie sans internet, 70% aux niveaux mondial et européen.

Compte tenu de ces craintes et nécessités, on remarquera que 44% des Français affirment tenter de s’auto-réguler dans l’utilisation de leur smartphone et 52% au niveau mondial.

De la même façon, une majorité des Français (52%) déclare que nous avons besoin des technologies modernes car elles seules peuvent nous aider à résoudre les problèmes futurs, bien qu’éloignée de la moyenne mondiale à 71% (18 points d’écart).

Quatre grands enjeux pour les marques et les institutions

Quelles sont les implications pour les marques et les institutions ? Comment peuvent-elles se reconnecter aux consommateurs et accompagner le changement ? Nos experts ont identifié quatre grands défis à relever :

  • Bien-être
    Intensifier les efforts pour soutenir le bien-être mental et physique en développant des initiatives et des produits sains, car 81% des sondés veulent prendre soin de leur bien-être mental.
  • Bonheur immédiat
    Satisfaire le besoin croissant de plaisir immédiat en proposant des expériences et des produits qui permettent de profiter de l’instant présent, une priorité pour 68% des Français.
  • Grand récit
    Rendre l'avenir plus désirable et restaurer la confiance dans le long terme en adressant les préoccupations environnementales et économiques, vu que seulement 21% des Français sont optimistes pour l'avenir du pays.
  • Universalité
    Participer à la refonte du lien social en encourageant des initiatives inclusives et renforçant les connexions entre les individus, pour réduire la fragmentation sociale perçue par 80% des Français. Agir dans ces domaines aidera à créer une société plus harmonieuse et résiliente.

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A propos de cette étude

Enquête menée dans 50 pays par Ipsos sur sa plateforme en ligne Global Advisor et en partenariat avec d'autres équipes mondiales d'Ipsos à travers le monde. L'enquête a été réalisée en utilisant les panels en ligne d'Ipsos dans tous les marchés, sauf pour l'Inde qui a utilisé sa méthode mixte 'IndiaBus', et la Zambie qui a utilisé une méthodologie en face à face. Ipsos a interrogé un total de 50 237 adultes âgés de 18 à 74 ans aux États-Unis, au Canada, à Hong Kong RAS, en Israël, en Malaisie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud, en Turquie et au Vietnam ; de 20 à 74 ans en Thaïlande ; de 21 à 74 ans en Indonésie et à Singapour ; et de 16 à 74 ans dans tous les autres marchés entre le jeudi 15 février et le mercredi 23 avril 2024.

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