« La poussée verte est la poursuite d’une forme de dégagisme » - Brice Teinturier pour Le Monde
Au lendemain des élections municipales, Brice Teinturier livre au Monde son analyse d'un second tour marqué par une percée des verts et une abstention historique.
Propos recueillis par Mathieu Goar pour Le Monde
Directeur général délégué de l’institut Ipsos et auteur de « Plus rien à faire, plus rien à foutre. » La vraie crise de la démocratie (2017, Ed. Robert Laffont), Brice Teinturier analyse le second tour des élections municipales.
La faible participation est-elle due au contexte ou révèle-t-elle une crise démocratique ?
Il y a, bien sûr, une dimension conjoncturelle liée à la peur du Covid-19. Dans nos enquêtes, c’est d’ailleurs la principale raison évoquée par les abstentionnistes. A cause de l’épidémie, ce scrutin a été atypique d’un bout à l’autre. Le second tour a eu lieu plus de trois mois après le premier tour et il était très compliqué pour tous les candidats de créer une dynamique. Mais ce contexte particulier ne doit pas occulter des causes plus profondes.
Depuis les élections municipales de 1983, l’abstention ne cesse de progresser. De plus en plus de citoyens se détournent du système de représentation classique. Pour eux, la scène électorale est fictive, ils estiment que les élections ne changent rien. C’est ce que j’avais appelé les « PRAF », ceux qui n’en ont « plus rien à faire ou à foutre ».