« L’autre » amour : sa mère
CACHAREL et IPSOS ont donc décidé de donner la parole aux jeunes en les interrogeant : 1004 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 15 ans à 35 ans ont été interrogées. L’investigation a eu lieu du 12 au 17 novembre 2004, par téléphone et selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d’agglomération et région).
Les résultats de l’enquête rassureront la grande majorité des mères. Vous avez beau ne jamais les comprendre, ne pas les écouter, ne jamais prendre en compte leur avis, leur rappeler sans arrêt que vous savez mieux ce qui est bon pour eux, leur répéter les mêmes sempiternels conseils…vous êtes et vous restez celle qui est toujours là en cas de problème et qui, malgré tout, pour la majorité, les connaît le mieux.
Le lien entre les jeunes et leur mère : une relation souvent houleuse mais aussi emprunte d’amour et d’une très forte proximité
Les préjugés ont la vie dure. Depuis des années, il n’est pas rare d’entendre dire que les relations entre les jeunes adolescents et leurs parents, et notamment avec leur mère, se détériorent, qu’elles deviennent de plus en plus difficiles pour souvent disparaître complètement. La responsabilité en incomberait tour à tour à la disparition de toute forme d’autorité, à l’indépendance de plus en plus précoce des adolescents ou encore à leur mal-être. L’enquête réalisée auprès des jeunes permet de fortement relativiser cette perception. Même s’ils ne le disent pas toujours, s’ils le cachent ou s’ils le font savoir de façon parfois maladroite, lorsque les jeunes s’expriment sur leurs relations avec leur mère, c’est essentiellement pour décrire des rapports de forte proximité. Mieux, ce sont les plus jeunes, les ados âgés de 15 à 19 ans, qui se montrent les plus démonstratifs.
La grande majorité des jeunes décrit d’abord leur mère comme une personne « toujours très inquiète de ce qui pourrait leur arriver » (83%). Plus de la moitié d’entre eux se dit même « tout à fait d’accord » avec cette affirmation (52%), c’est dire la force de leur ressenti. Logiquement, les garçons ressentent encore plus fortement que les filles le stress de leur mère (85% contre 82%). Leurs conduites sont aussi fréquemment plus à risques. On note aussi avec intérêt qu’avec l’âge, les choses ne vont pas vraiment en s’arrangeant puisque si 88% des 15-25 ressentent cette « très forte » inquiétude de leur mère, 80% des 25-35 ans la vivent aussi (tout comme 78% des 30-35 ans).
Même si l’on sait que cette perpétuelle inquiétude est souvent un motif d’énervement pour beaucoup de jeunes, il n’en reste pas moins vrai que les résultats de l’enquête montrent aussi que la grande majorité d’entre eux estime aujourd’hui que leur mère est quelqu’un qui est toujours là lorsque les nuages s’amoncellent au-dessus de leur tête.
Ainsi, 70% des personnes interrogées sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle « lorsque tout va mal, ma mère est toujours là pour m’apporter le réconfort dont j’ai besoin ». Pour le coup, on note que les jeunes femmes expriment plus fortement ce sentiment (85%). Les hommes sont très certainement un peu plus souvent pudiques (82%) : dire que sa mère est là pour nous aider, c’est affirmer que l’on a parfois besoin d’aide, choses que les garçons ont traditionnellement plus de mal à avouer.
Là encore, faisant mentir les préjugés, les plus jeunes sont ceux qui se montrent le plus fréquemment d’accord avec cette affirmation (76% des 15-24 ans contre 66% des 25-35 ans).
Le paradoxe : leur mère ne les comprend pas toujours mais elle est celle qui les connaît le mieux
Leurs relations avec leur mère ont beau être complexes et parfois extrêmement tendues, la majorité des jeunes n’en déclare pas moins que leur mère, « même si elle ne les comprend pas toujours, reste la personne qui les connaît le mieux » (65%). Là encore, les résultats par classes d’âges sont surprenants.
Ainsi, à l’âge où les adolescents connaissent le temps des confidences avec leurs meilleur(e)s copains ou copines et où les parents restent une des cibles privilégiées de leurs discussions ; plus de 7 ados sur 10 considèrent que leur mère est la personne qui les connaît le mieux (72% des 15-24 ans).
La classe d’âge des 25-35 ans n’est pas non plus épargnée par ce phénomène, même si logiquement elle le ressent moins fortement. De fait, ils ont plus fréquemment quitté le domicile familial et beaucoup vivent des relations amoureuses ou affectives plus stables et plus profondes. Logiquement, la personne qui les connaît le mieux devient un peu plus souvent celui ou celle dont ils partagent la vie.
Il n’en reste pas moins vrai que la majorité d’entre eux affirme aussi que « même si elle ne les comprend pas toujours, leur mère est la personne qui les connaît le mieux » (59%). Mieux, c’est aussi le cas de 61% de ceux qui vivent en couple et plus spécifiquement de 61% des jeunes mariés. Les discussions et les disputes au sein du couple sur le thème de « ta mère » ne semblent donc pas prêtes de disparaître…puisque pour beaucoup « maman » reste celle qui les connaît le mieux.
Au final, le lien entre les jeunes et leur mère reste aujourd’hui tellement fort qu’à un âge où les relations sont souvent « houleuses », 66% des jeunes affirment avoir fréquemment ou parfois envie de dire à leur mère qu’ils l’aiment. Là encore les adolescents sont plus expressifs que leurs aînés (69% des 15-24 ans contre 65% des 25-35 ans).
Toutefois, 33% des jeunes interrogés affirment aujourd’hui qu’il ne leur arrive que rarement ou jamais de dire à leur mère qu’ils l’aiment ou d’avoir envie de lui dire. Les relations mère-enfant ne sont donc pas non plus au beau fixe dans tous les foyers.
La fête des mères, un instant privilégié : une occasion de lui dire qu’on l’aime qu’il vaut mieux ne pas oublier sous peine de la décevoir
Parfois brocardée et critiquée, la fête des mères n’en reste pas moins un événement que la très grande majorité des jeunes souhaite aujourd’hui à leur mère (87%). Pour la plupart, c’est « une occasion pour lui dire qu’ils l’aiment » (64%), tandis que 23% avouent que s’ils n’oublient pas de fêter cet événement, c’est surtout par habitude.
On note que la majorité des plus jeunes affirme que c’est une occasion de lui dire à quel point ils l’apprécient (62% des 15-24 ans). Avec l’âge, l’événement est encore plus fréquemment ressenti comme l’un des instants privilégiés permettant de faire savoir à sa mère qu’on l’aime (66% des 25-35 ans).
A les entendre, l’instant est tout aussi important pour eux que pour leur mère puisque 73% d’entre eux affirment que s’ils oubliaient la fête des mères, cette dernière se dirait déçue. Plus précisément, 54% des jeunes affirment que cette dernière ne dirait rien mais qu’elle en serait désappointée, tandis que 19% des interviewés estiment qu’elle irait même jusqu’à leur dire qu’elle est déçue. En fait, seulement 26% considèrent que leur mère ne dirait rien parce qu’elle s’en fiche.
Pour des jeunes qui sont à un âge où l’on a parfois beaucoup de mal à exprimer ses sentiments, surtout à un moment de la vie où les relations avec les parents sont le plus souvent houleuses, la fête des mères apparaît donc aujourd’hui encore comme un instant privilégié. Sans avoir à exprimer leurs sentiments par des mots, ils font savoir à leur mère qu’ils les aiment, tout simplement en leur disant « bonne fête maman » et en leur offrant un petit présent.