Le Baromètre sur l’état de santé des Martiniquais

Le Baromètre santé DOM 2014 - Martinique met l’accent sur plusieurs thématiques : niveau d'information, recours aux soins, renoncement aux soins, handicap, dépistage des cancers, vaccination, santé mentale, problèmes de sommeil, consommations de substances psychoactives licites et illicites, corpulence, activité physique, aptitude à nager, accidents, pratique des deux-roues et port du casque.

Auteur(s)
  • Béatrice Crouzatier Directrice Ipsos Outremer
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UNE MEILLEURE PERCEPTION DE LA SANTÉ EN MARTINIQUE

Tout d'abord le niveau de santé perçue est un peu plus bas en Martinique que dans l'Hexagone. Ainsi 56 % des personnes interrogées en Martinique déclarent avoir un bon ou très bon état de santé général contre 69 % au niveau national. De même, 38 % des personnes rapportent un problème de santé chronique ou de caractère durable contre 34 % dans l'Hexagone, avec cependant des différences selon le sexe. En Martinique, les hommes déclarent souffrir d'une maladie chronique autant que leurs homologues de l'Hexagone (respectivement 31 % et 32 %) alors que l'écart est marqué chez les femmes (43 % versus 36 %).

Par contre il semble que le retentissement de ces problèmes de santé soit moins marqué qu'au niveau national puisque près d'un Martiniquais sur cinq (19 %) déclare être limité depuis au moins 6 mois dans ses activités habituelles par un problème de santé contre une personne sur quatre dans l'Hexagone.

UN RENONCEMENT AUX SOINS DENTAIRES ET OPHTALMOLOGIQUES EN MARTINIQUE COMPARABLE À LA MOYENNE NATIONALE

Un cinquième des Martiniquais (19 %) déclare avoir renoncé, pour des raisons financières, à des soins dentaires et 14 % à des lunettes, verres ou montures, ce qui est assez comparable à ce qui est mesuré au niveau national (17 % et 12 %).

Par contre, le renoncement à une consultation de médecin (généraliste ou spécialiste), s'avère, de même que dans les autres Départements français d'Amérique, plus fréquent et concerne 12 % des Martiniquais contre 8 % des habitants de l'Hexagone. Parmi les raisons non financières de renoncement à des soins ou examens, les délais de rendez-vous trop longs apparaissent au premier plan et à un niveau un peu plus élevé en Martinique que dans l'Hexagone (respectivement 24 % et 22 % des personnes interrogées). Les difficultés de transport sont aussi citées plus souvent en Martinique (8 % versus 6 %).

UN MEILLEUR NIVEAU D’INFORMATION DE LA POPULATION SUR LA VACCINATION EN MARTINIQUE

Le niveau d'information sur la vaccination apparaît meilleur en Martinique : 73 % des personnes interrogées se déclarent très ou plutôt bien informées sur ce sujet contre 68 % au niveau national. Par contre, les Martiniquais apparaissent légèrement moins favorables aux vaccinations en général : 76 % se disent très ou plutôt favorables (80 %). L’adhésion à la vaccination apparaît indépendante de l’âge et du sexe.

D’autre part, quatre Martiniquais sur dix (40 %) se déclarent défavorables à certaines vaccinations en particulier, cette réticence apparaissant plus prononcée chez les femmes, moins fréquente que dans l'Hexagone (44 %) mais plutôt plus présente que dans les autres DOM (33 % en Guadeloupe, 24 % en Guyane, 35 % à La Réunion). Les vaccinations suscitant le plus d’opinions défavorables concernent, comme ailleurs, la grippe, loin devant le papillomavirus et l’hépatite B.

UN BAS DE NIVEAU DE TABAGISME OBSERVÉ EN MARTINIQUE

Le Baromètre santé confirme le bas niveau de tabagisme observé aux Antilles Guyane. Ainsi, les Martiniquais âgés de 15 à 75 ans fument moitié moins que leurs homologues de l’Hexagone (15 % versus 28 %) avec une prévalence du tabagisme quotidien plus élevée chez les hommes que chez les femmes (20 % contre 11 % en Martinique ; 32 % contre 24 % dans l'Hexagone).

D’autre part, un Martiniquais sur dix a déjà essayé la cigarette électronique (10 % versus 26 %) et 2 % l’utilisaient au moment de l’enquête, soit trois fois moins que dans l'Hexagone (6 %), mais autant que dans les autres DOM. Parmi les fumeurs quotidiens, 9 % vapotaient également au moment de l’enquête, ce qui était le cas pour 16 % des personnes interrogées au niveau national.

UN USAGE DU CANNABIS MOINS FRÉQUEMMENT OBSERVÉ EN MARTINIQUE PAR RAPPORT À L’HEXAGONE

L'usage du cannabis est aussi moins fréquemment observé en Martinique qu'au niveau national. Un quart des Martiniquais âgés de 15 à 64 ans (36 % des hommes et 15 % des femmes) ont déjà expérimenté le cannabis au cours de leur vie contre 41 % dans l'Hexagone (49 % des hommes, 33 % des femmes). L’usage au cours des douze derniers mois est également plus rare et concerne 8 % de la population (11 %) alors que le niveau d’usage régulier (au moins 10 fois par mois) apparaît comparable à celui observé au niveau national (2,5 % en Martinique et 3,2 % dans l'Hexagone).

UNE ENQUÊTE À RENOUVELER POUR SUIVRE L'ÉTAT DE SANTÉ DES MARTINIQUAIS

Les résultats de cette première édition du Baromètre santé dans les DOM apportent un éclairage sur les comportements des Martiniquais dans le domaine de la santé et leur niveau de santé perçue vis à vis de différentes thématiques. La comparaison des résultats montre assez souvent des écarts avec le niveau national mais une grande homogénéité avec les résultats des autres DOM (particulièrement Guadeloupe et Guyane).

Les résultats doivent aussi être comparés à ceux d'autres sources car les données sont recueillies dans le cadre d'une enquête déclarative. Il n'y a donc pas toujours concordance entre les réponses obtenues par interrogatoire téléphonique et les résultats apportés par d'autres méthodes. Par exemple, les résultats concernant le surpoids et l'obésité apparaissent plus favorables dans le Baromètre santé que dans l'étude Kannari (51 % des Martiniquais de 15 à 75 ans en surcharge pondérale d'après le Baromètre santé versus 59 % des 16 ans et plus d'après Kannari). Le poids et la taille déclarés, au téléphone, par les personnes interrogées sont différents de ceux mesurés à domicile par un enquêteur avec une balance et une toise.

De même les Martiniquais déclarent participer plus souvent que leurs homologues de l'Hexagone aux campagnes de dépistage organisé des cancers alors que les statistiques de ces campagnes montrent une moins grande participation de la population martiniquaise. La question de la sous-déclaration, inhérente à toute enquête, semble, d'après plusieurs enquêtes, plus marquée aux Antilles Guyane que dans l'Hexagone et doit être prise en compte dans l'interprétation des résultats.

Malgré ces problèmes de sous-déclaration, l'intérêt de ce type d'enquête est indéniable, surtout lorsqu'il est répété à intervalles réguliers. Reposant sur la même méthode, au même moment, dans différents territoires, le Baromètre santé apporte des résultats utiles aux acteurs de santé publique.

Auteur(s)
  • Béatrice Crouzatier Directrice Ipsos Outremer

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