Le moral des patrons de PME : au plus bas depuis 20 ans
Ni au moment de l'éclatement de la bulle internet au début des années 2000, ni plus récemment au cœur de la crise financière en fin d'année 2008, le moral des petits patrons mesuré par Ipsos pour LCL et la Tribune n'était tombé aussi bas. Dans le détail, on constate que c'est surtout la défiance à l'égard de l'action gouvernementale qui atteint un niveau record, les indicateurs d'activités restant plus ou moins stables.
88% des "petits patrons" jugent aujourd'hui que l'environnement économique français est défavorable au développement de leur activité ; 95% doutent de l'efficacité des efforts du gouvernement pour améliorer la situation. Cette défiance hors-normes que l'on mesure depuis l'arrivée de la gauche au gouvernement a fait chuter l'indice d'état de santé des PME-PMI à 85 points, un plancher jamais atteint en 20 ans. Les questions d'actualités posées en marge du baromètre confirment cet accès de mauvaise humeur : sept patrons sur dix ne sont pas prêts à embaucher "via le contrat de génération" (21% d'avis contraire) et 56% n'ont pas non plus l'intention d'utiliser le Crédit d'Impôt pour la Compétitivité et l'Emploi (contre 23% qui se déclarent tentés).
Pour autant, les indicateurs d'activités dessinent un tableau plus nuancé. La majorité des dirigeants déclarent un "niveau de production de leur entreprise satisfaisant" (52%, contre 47% d'avis contraire), 43% sont également satisfaits de "l'activité commerciale" (contre 55%) et 47% ne s'inquiètent pas pour leur "trésorerie" (contre 52%). Mais les anticipations pour l'avenir sont très pessimistes, notamment par rapport au niveau de la demande : que l'on s'intéresse à la demande émanant de la grande consommation, de la demande interne aux PME ou de la demande des grosses entreprises et des collectivités, près d'un patron sur deux la juge mal orientée (contre environ 30% qui jugent la demande "stationnaire", et moins de 10% "en hausse"). Dès lors, les investissements sont en berne : seuls 16% des dirigeants déclarent des achats d'équipements "en hausse", contre 45% d'achats "stationnaires" et 37% "en baisse". L'embauche est au diapason : seules 11% des PME recrutent, contre 59% qui déclarent un effectif "stationnaire" et 30% "en baisse". Cité par près d'un patron sur deux (47%), le "poids des charges sociales" est toujours désigné comme le frein principal au développement de l'entreprise, devant "l'incertitude politique et économique", qui reste à un niveau très haut (28% de citations).