Le moral des petits patrons au plus bas depuis quinze ans
La dernière vague du baromètre des PME Ipsos-LCL-La Tribune révèle un état de santé des PME-PMI alarmant. Alors que l’on battait des records d’optimisme suite à l’élection de Nicolas Sarkozy en juin dernier, le moral des patrons est retombé au niveau de ce que nous mesurions en 1993, quand l’économie française connaissait, après 1974, sa deuxième récession depuis l’après-guerre.
L’indice d’état de santé des PME-PMI synthétise l’opinion et les anticipations des « petits patrons » sur une batterie d’indicateurs micro et macro économiques. Etalonné à 100 en septembre 1992, cet indice n’était plus retombé sous son niveau initial depuis fin 1993. Sur ces quinze dernières années, il a même à plusieurs reprises passé la barre des 120 points, notamment dans les années 1999-2000, dans l’euphorie accompagnant l’avènement des nouvelles technologies. L’éclatement de la bulle internet et les attentats du 11 septembre 2001 avaient eu raison de cette ferveur, et il fallut attendre l’élection de Nicolas Sarkozy en juin 2007 pour retrouver un tel niveau. Du plus haut au plus bas en à peine un an, la pente est impressionnante : l’indice est aujourd’hui retombé à 98 points, son niveau de novembre 1993.
Interrogés les 15 et 16 septembre, au coeur de la crise financière américaine, l’effet conjoncturel de l’actualité sur le moral des patrons pourrait s’amortir dans les prochaines vagues. Il n’empêche, la tendance depuis un an est nettement défavorable, sur quasiment tous les indicateurs testés. Au premier rangs desquels les indicateurs concernant la demande. L’indice générique « demande de produits » est tombé à 89 points, en chute de 30 points depuis juin 2007. Dans le détail, ses composantes sont toutes mal orientées, que l’on s’intéresse à la demande émanant de la grande consommation, des grandes entreprises, interne aux PME, et à l’exportation. Même pour leurs propres salariés, 58% des patrons interrogés reconnaissent « une perte de pouvoir d’achat au cours des 12 derniers mois ». Du coup, derrière le sempiternel
« poids des charges sociales » (28% de citations), « le niveau de la demande » (22%) est repassé en deuxième position des
« principaux freins au développement des PME », devant
« l’incertitude économique et sociale » (18%), « le climat
social » (16%) et « le coût des matières premières » (13%), ce dernier item étant en première position lors de la vague de juin dernier.
Les indicateurs d’activité confirment l’inquiétude des chefs de petites et moyennes entreprises, avec des degrés de satisfaction concernant le niveau de la production, de l’activité commerciale et de la trésorerie qui se dégradent sensiblement. Couplés aux anticipations très sombres sur la demande, cette situation tendue freine l’investissement, au point que la majorité des patrons redoutent à présent une baisse de l’embauche et surtout de l’achat d’équipement. Noyés dans un environnement économique français ou international qu’ils jugent de plus en plus incertain (indice
« environnement favorable au développement de mon entreprise » en baisse de 30 points en un an), doutant de plus en plus des
« efforts du gouvernement en matière d’aide aux PME (indice à 119 points contre 140 en juin 2007), les petits patrons broient du noir.