Les conséquences des aliments sur la santé, un sujet qui inquiète une majorité de Français. Ils expriment un fort besoin de réassurance.

La seconde vague de l’observatoire « Ipsos/Agri confiance » de la qualité des aliments dresse l’état des lieux des craintes environnementales et des attentes des consommateurs en la matière. Sur le devant de l’actualité après la campagne électorale et pendant le Grenelle de l’environnement, « les risques liés à la pollution de l’air et de l’eau » sont passés en tête des préoccupations, devant les questions d’insécurité. Parallèlement, on s’inquiète aussi beaucoup des risques liés à l’alimentation ; légèrement plus souvent cités que les scientifiques, les agriculteurs paraissent être les plus légitimes pour informer le consommateur sur l’origine et la qualité des aliments.

Auteur(s)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
  • Laurent Depouilly Directeur de département, Healthcare
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I - La pollution, le risque qui préoccupe aujourd'hui le plus les Français devant l'insécurité et la qualité des aliments

La pollution environnementale et plus spécifiquement celle de l'air et de l'eau est ce qui aujourd'hui inquiète le plus les Français. Citée par presque 6 personnes sur 10 (57%), elle arrive en tête de leurs préoccupations et loin devant l'insécurité et la délinquance (47%). Un peu en retrait, l'alimentation, la qualité et la sécurité des aliments arrivent en 3 ème position (34%), au même niveau que les accidents de la route alors que ces derniers restent la première cause de mortalité chez les 15 à 24 ans et de près de la moitié des décès chez les garçons de 15 à 19 ans.

Les préoccupations liées à l'alimentation augmentent aujourd'hui avec le niveau d'instruction (et très probablement d'information) puisqu'elles arrivent en 2 ème position auprès des personnes diplômées d'au moins bac+3 (40%) ou encore des cadres (41%).

Dans un contexte de forte instabilité internationale, les attentats terroristes n'arrivent que loin derrière dans le classement des préoccupations des Français (18%), tout comme les accidents domestiques (6%), qui sont pourtant aujourd'hui encore la première cause de mortalité chez les jeunes enfants.

Sur l'environnement, nos concitoyens sont clairement passés de la sensibilité à l'inquiétude.

II - Une majorité de Français exprime une réelle inquiétude vis-à-vis de la sécurité des aliments 

Certes, par rapport à 2006, lorsque l'on demande aux Français s'ils sont inquiets quant aux effets possibles sur leur santé des aliments qu'ils sont amenés à consommer, nos concitoyens expriment un niveau d'inquiétude en léger retrait mais qui reste majoritaire (52%, -5 points par rapport à 2006).

Il convient aussi de replacer ces résultats dans le contexte d'une actualité plutôt calme depuis de nombreux mois dans le domaine de la sécurité alimentaire. Si l'épidémie de fièvre aphteuse a fait l'objet d'une réelle médiatisation, les risques pour l'homme ont été immédiatement écartés. De même, en ce qui concerne le virus H5N1 , si de nouveaux cas de décès de volatiles ont été constatés, aucune transmission à l'être humain n'a fait l'objet d'une forte couverture médiatique. Et pourtant, le niveau d'inquiétude reste majoritaire (bien que nuancé : 12% de très inquiets).

La relative stabilité du niveau de préoccupation témoigne de la très probable chronicisation des craintes au sein de l'opinion.

Plus grave, le sujet est une source d'inquiétude désormais largement répandue au sein de toute la population française. Près d'1 jeune sur 3 dit ressentir de l'inquiétude en pensant aux effets des aliments qu'il consomme sur sa santé (35% des 15-19 ans). La préoccupation est encore plus importante chez les 20-24 ans (47%) et devient même majoritaire dès l'âge de 25 ans (54% des 25-34 ans).

III - Le prix du produit, un critère de choix de plus en plus concurrencé par les facteurs de réassurance du consommateur

La crainte que les consommateurs éprouvent vis-vis de la qualité des aliments explique que le prix soit aujourd'hui fortement concurrencé en tant que critère de choix, même s'il est cité en 1ère position (par 51% des interviewés). Désormais, on trouve juste derrière, en 2ème position, la traçabilité des produits à un niveau assez proche (43%) et l'origine (40%) devant le respect de l'environnement (32%).

Auprès des 35 ans et plus, le niveau de préoccupation est désormais tel que la traçabilité est le critère de choix le plus souvent cité (48%), juste devant le prix (46%), désormais au coude à coude avec l'origine (41%).

Par ailleurs, on note qu'au sein de cette hiérarchie, certains critères de choix « sortent » à un niveau relativement élevé et illustrent une nouvelle fois la globalisation croissante des préoccupations des consommateurs (du produit stricto-sensu à l'environnement dans lequel il a été élaboré). Il s'agit du respect de l'environnement par l'agriculteur (32%). La marque arrive derrière (17%).

IV - Face aux inquiétudes qu'ils éprouvent, les consommateurs semblent considérer que les agriculteurs sont aujourd'hui les plus légitimes pour venir les informer et les rassurer

Lorsqu'on leur demande aux Français de citer les deux acteurs qui leur semblent les plus légitimes pour les informer sur l'origine, la qualité et le respect de l'environnement des aliments qu'ils achètent, ils citent en premier les agriculteurs (52%), juste devant les scientifiques (50%). Le fait que sur ce sujet « les hommes en blouse blanche » arrivent en deuxième position mérite d'être souligné car il est rare .

L'enquête mesure aussi à quel point les consommateurs estiment aujourd'hui massivement que si les producteurs agricoles prenaient la parole plus souvent pour les informer sur l'origine, la qualité et le processus de fabrication des aliments, cela les rassurerait (91%). Mieux, parmi eux près d'1 consommateur sur 2 affirme que cela le rassurerait « tout à fait » (46%). Dans un contexte de fortes craintes, la prise de parole des agriculteurs n'est donc plus seulement légitime, elle est attendue.

V - 2007 marque un réel renforcement de l'intérêt des consommateurs pour les informations concernant les conditions de production des aliments…

Ces indicateurs sont très certainement l'une des meilleures illustrations de la globalisation des craintes de nos concitoyens (des préoccupations qui vont désormais du produit à l'ensemble de son environnement).

Les niveaux d'adhésion enregistrés montrent encore une fois à quel point les consommateurs français sont aujourd'hui attachés à ces informations qui apportent des réponses à des inquiétudes totalement intégrées. L'intérêt des consommateurs pour le fait de savoir lors de l'achat d'un produit agricole si l'exploitant respecte l'environnement se renforce puisque parmi les personnes affirmant que l'information les intéresse (96%, presque l'unanimité), la proportion de personnes se déclarant « très » intéressées par cette information enregistre une réelle augmentation (64%, +8 points).

En ce qui concerne le fait de savoir si la traçabilité de l'aliment produit par l'exploitant est bien assurée jusqu'au magasin (91% d'intéressés), là encore la proportion de personnes affirmant être « très » intéressées par cette information augmente (61%, +5 points). Enfin, les personnes interrogées affichent un intérêt encore plus fort qu'en 2006 pour des informations concernant le respect des règles de qualité totale de l'exploitant et l'assurance qu'il soit contrôlé dans une démarche de progrès (95%). 62% se montrent désormais « très » intéressés par cette information (+7 points par rapport à 2006).

Il est particulièrement intéressant de noter que les consommateurs affichent dorénavant un intérêt très légèrement supérieur pour des informations concernant le respect de l'environnement du produit que pour celles concernant le produit lui-même (sa traçabilité).

VI - …et la confirmation d'une tendance observée en 2006

Lors de la dernière vague du baromètre, les résultats de l'enquête avaient montré l'émergence d'une tendance : la relative sensibilisation des consommateurs à la reconnaissance du niveau de revenu et des intérêts de l'agriculteur qui a produit le produit agricole acheté. Même si en 2006 l'intérêt pour cette information était très majoritaire (71%), il restait très modéré (seulement 35% des consommateurs se disaient « très » intéressés). En 2007, le niveau d'intéressement global pour cette information enregistre une hausse de 10 points (81%) : 35% se disant « très »  (+3 points) et 46% « plutôt » intéressés (46%, +7 points). L'intérêt reste donc très relatif mais se renforce.

Cette évolution doit être mise en parallèle avec celle qui touche depuis 2 ans le commerce équitable. Entre 2003 et 2006, la notoriété du terme « commerce équitable » est passée de 32% à 74% (+42 points). Désormais 48% des Français disent avoir déjà acheté un produit qui en est issu.

L'intérêt pour ce type de produits pour lesquels le consommateur a la certitude que l'exploitant a bénéficié d'un niveau de revenu « décent » pour sa production, ne se dément pas. Il est très probable que dans ce contexte, ce type d'informations soit de plus en plus recherché par les consommateurs, derrière lesquels on trouve de plus en plus fréquemment un citoyen en ce qui concerne ce sujet.

Auteur(s)
  • Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
  • Laurent Depouilly Directeur de département, Healthcare

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