Les Français, la justice sociale et le partage des efforts
Parmi les différentes crises que traverse aujourd’hui la France, la crise sociale est la crise la plus citée, près d’un Français sur deux (47%) la mettant en avant, notamment parmi les employés et les ouvriers (57%). SI un tiers des Français évoque la crise environnementale (35%), ce sont surtout les plus jeunes qui la citent (48% des 18-24 ans la mettent en avant).
Dans le contexte particulier de la réforme des retraites et de la crise démocratique qui l’accompagne, on observe un consensus chez les Français sur l’impact de cette crise sur l’adoption de grandes réformes écologiques ou sociales. 83% des répondants partagent l’idée que cette crise empêchera d’adopter des grandes réformes, une opinion partagée quelle que soit la sympathie partisane.
Pour près de 9 Français sur 10, les inégalités sociales sont importantes
Un consensus fort se dégage également sur l’importance des inégalités sociales aujourd’hui en France. Près de 9 Français sur 10 (89%) les considèrent importantes, et plus d’un tiers (35%) même très importantes. Si on peut observer des écarts selon le revenu des Français, tous s’accordent sur l’importance de ces inégalités.
En revanche, les Français se montrent partagés sur la signification de ces inégalités, même si une majorité (56%) considère qu’elles sont avant tout le fait de la reproduction sociale. Si les CSP + et les CSP – partagent le même constat sur l’origine de ces inégalités, on observe des différences importantes en fonction de la proximité partisane.
L’existence d’inégalités fait l’unanimité, tout comme le sentiment que ces inégalités ont augmenté ces dernières années (85% des personnes interrogées considèrent que c’est le cas), près d’un Français sur deux (49%) estimant même qu’elles ont beaucoup augmenté. Les Français les plus âgés se montrent les plus sévères sur ce constat.
Face à cette situation, les français considèrent que les pouvoirs publics, les citoyens les plus riches et les entreprises doivent contribuer davantage à la réduction des inégalités sociales. On observe également un soutien à une plus grande progressivité de l’impôt (74% des Français y sont favorables). Si ce soutien est plus faible chez les Français les plus aisés, ceux-ci sont néanmoins une majorité à le soutenir.
Près d’un Français sur deux se situe dans la classe moyenne inférieure
Si un nombre important de Français (31%) considère aujourd’hui appartenir aux classes populaires, près d’un sur deux se situe dans la classe moyenne inférieure (46%). Seuls 2% des Français interrogés ont le sentiment d’appartenir à la classe aisée.
La majorité des Français (63%) parvient encore aujourd’hui à faire face à ses dépenses, mais un grand nombre (51%) est obligé de faire attention, témoignage d’une situation tendue qui pourrait basculer pour de nombreuses personnes.
Les Français craignent la précarité
Peu de Français se considèrent aujourd’hui dans une situation précaire. Mais un grand nombre d’entre eux (60%) craint d’y tomber à court ou long terme, signe encore une fois d’une importante crainte sociale en France.
Les Français se montrent globalement inquiets sur l’avenir, notamment celui de la France (89%) et celui de l’environnement (87%). On observe également que plus des deux tiers d’entre eux (68%) sont inquiets sur leur propre avenir.
Quel impact pour la société ?
L’impact des inégalités sociales sur la société apparait clairement. Sur tous les sujets, une grande majorité de français a le sentiment que les inégalités influent de manière négative, notamment sur la cohésion sociale (88%), la sécurité (85%) ou la stabilité politique (85%).
Sur le sujet spécifique de l’environnement, les Français se montrent partagés mais une majorité (56%) fait le lien entre inégalités sociales et écologie. On observe une différence importante entre sympathisants de droite et de gauche sur cette question.
Loin de décourager les Français, la crise actuelle de la démocratie leur donne plus envie de s’engager que le contraire (37% contre 16%), même si pour près d’un sur deux (47%) elle ne change rien à ce désir d’engagement. Les plus jeunes sont ceux chez qui l’impact est le plus positif.
Le souhait d’engagement concerne plutôt les organisations de la société civile (44%) ou les collectifs d’organisations diverses (40%) que les syndicats (25%) ou les partis politiques (22%).
À propos de ce sondage
Etude Ipsos et Sopra Steria menée du 31 mars au 1er avril 2023 auprès de 1000 personnes constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.