Les Français sont très sensibles à leur alimentation

En ces temps de vache folle et d'OGM, l'enquête Ipsos/ZENECA SOPRA(*) montre que les Français sont attentifs aux risques encourus par leur alimentation ainsi qu'aux problèmes de pollution et de respect de l'environnement. La deuxième partie de l'étude indique que les Français ont conscience de l'utilité des insecticides, même s'ils redoutent leurs effets.

En prélude à la publication en février prochain de l'Observatoire Ipsos des pratiques et des risques alimentaires, Canal Ipsos présente les résultats d'une enquête menée auprès des Français à la demande de ZENECA/SOPRA, société spécialisée dans les produits pour la protection des cultures. Interview de Florence Gramond, directrice d'Ipsos Agriculture, qui détaille les principaux enseignements de l'étude

Les Français ont-ils confiance dans leur alimentation?

L’enquête montre que les Français ont globalement confiance quant à la qualité sanitaire des produits alimentaires disponibles sur le marché . Pour deux personnes sur trois, la majorité des produits alimentaires ne présente soit aucun risque, soit des risques faibles ou très faibles.

Il n’en demeure pas moins que 29% ont un avis contraire et se déclarent plutôt méfiants par rapport aux produits alimentaires mis à leur disposition.
Un chiffre, qui, dans l’absolu, peut être considéré comme inquiétant : l’alimentation touche à l’intime et représente un support de projections irrationnelles pouvant rapidement conduire à des phénomènes de rumeurs voire de diabolisation.

Cet avis est-il partagé par tous?

Non, il apparaît des différences selon les caractéristiques des interviewés. Les femmes ou les personnes âgées de plus de 35 ans expriment plus de doutes que les autres catégories quant à la qualité sanitaire des produits alimentaires. En comparaison les moins de 24 ans et les habitants de Paris/Région Parisienne sont plus confiants.

Quelles sources de contamination alimentaire les Français craignent-ils le plus?

Nous avons soumis aux interviewés une liste de 10 sources potentielles de contamination alimentaire et leur avons demandé pour chacune d’en évaluer le risque sur leur santé. Ils ont exprimé leur perception en donnant une note située entre 1 (aucun risque) et 10 (risque très important) :

Le graphique ci-dessus appelle plusieurs commentaires :

Aucun de ces facteurs ne se situe en dessous de 5 c’est à dire dans la zone à risques modérés voire faibles mais aucun n’atteint la zone de risque extrême (8 à 10) : on perçoit donc les risques mais avec peut-être plus de distance comparativement à ceux associés aux sources de pollution.

Les femmes sont plus sensibilisées : elles ont quasi systématiquement évalué les risques par facteur avec plus d’intensité que les hommes.

La présence de produits cancérigènes dans l’alimentation ainsi que les pratiques de mauvaise conservation alimentaire sont les deux sources potentielles de contamination que les Français considèrent comme les plus risquées. L’ECB ou vache folle, arrive en troisième position, chiffre révélateur de l’impact médiatique.

Nous avons volontairement différencié dans cette question les pesticides des produits phytosanitaires. Les pesticides arrivent en quatrième position alors que les phytosanitaires sont perçus comme les moins risqués parmi l’ensemble des sources de contamination testées. Cette différence est révélatrice de l’effet terminologique du mot "pesticides", porteur d’images négatives.

Nuançons néanmoins ce commentaire en précisant que les Français ne savent pas bien ce que recouvre la terminologie "produits phytosanitaires" : 68% sont en effet incapables de citer ne serait-ce qu'une famille de produits dans cette catégorie et la moitié des personnes qui pensent savoir de quoi il s’agit évoquent les produits d’entretien.... des sanitaires !

Cette méconnaissance des phytosanitaires est plus particulièrement élevée chez les moins de 35 ans (75% et 81% des 15-19 ans) et les habitants de Paris Région Parisienne (80%).

Et en matière d'environnement, quelles sources de pollution les Français craignent-ils le plus?

Nous avons, selon le même procédé, soumis à l’appréciation des interviewé huit sources potentielle de pollution :

Les Français craignent en priorité l’effet des déchets industriels et des gaz d’échappement. Les notes atteignent la zone de risque maximale (8) et sont bien en rapport avec la place faite à ces deux problèmes dans les medias et les campagnes de sensibilisation. Les lessives arrivent en dernière position.

Les pesticides et les phytosanitaires, testés cette fois ci ensemble, arrivent en troisième source de pollution sur l’échelle de risque. Cette image négative est plus marquée chez les femmes et les plus de 35 ans. Elle est plus nuancée chez les catégories aisées.

Il est clair que du fait de leur méconnaissance des phytosanitaires, les Français ont certainement exprimé leur opinion par rapport à la terminologie "pesticides" qu’ils associent clairement à une nuisance. Il est donc important dans toute communication sur les produits de protection des plantes d’aller vers une séparation entre ces deux terminologies afin d'éviter les confusions d’images.

En ce qui concerne plus spécifiquement les insecticides : les Français associent-ils ces produits aux agriculteurs?

Oui tout à fait. Comme le montre le graphique ci-dessus, à la question "quelles sont d’après vous toutes les personnes ou catégories de personnes qui sont amenées à utiliser des produits insecticides dans leur vie privée ou professionnelle", 2 personnes sur 3 citent spontanément les agriculteurs, les paysans. Mais dans le même temps, dans une proportion très proche, 1 personne sur 2 se déclare elle-même utilisatrice d’insecticides . Cette proximité d’usage témoigne d’une certaine universalité associée par l’opinion à cette catégorie de produit. Nous n’aurions certainement pas eu les mêmes réponses si nous avions testé les herbicides ou les fongicides.

Toute communication faite auprès du grand public sur les insecticides générera une meilleur réceptivité ou implication du fait de cette proximité d’usage.

Le grand public se considère donc utilisateur d'insecticides. Pour quelles destinations?

Nous avons essayé de déterminer quelle valeur d’utilité les Français attachaient aux insecticides, selon différentes situations.

Le graphique ci-dessus montre que le grand public associe une valeur d’utilité élevée aux insecticides en priorité dans toutes les situations qui les concernent directement (leur maison, eux-mêmes, leurs animaux domestiques, leurs vêtements...). Pour 1 personne sur 2 les insecticides représentent un solution indispensable, cette proportion atteignant même les deux tiers pour les termites des habitations et les parasites de l’homme. Mais pour les insectes ravageurs des plantes de leurs jardins, plus de 2 Français sur 3 attachent en effet aux insecticides une moindre d’utilité.

En ce qui concerne les cultures agricoles l'opinion est un peu plus mitigée : pour 43% des Français les insecticides représentent une solution indispensable mais pour la même proportion  ils sont utiles sans plus. Notons toutefois qu'ils ne sont   que 10% à estimer qu’il s’agit d’une solution superflue.

Quant aux moustiques, il existe manifestement dans l’esprit des interviewés d’autres alternatives pour s'n débarasser… 

Pour les consommateurs, les insecticides sont donc considérés comme dangereux, surtout pour l'environnement?

Nous avons posé à la fin du sondage une question sur le niveau de risque associé aux insecticides en différenciant la santé humaine, les intoxications alimentaires et l’environnement. C’est en effet sur ce dernier facteur que les craintes s’expriment le plus (2 personnes sur trois estiment ce risque très ou plutôt important). Remarquons néanmoins que les avis sont nuancés : la proportion de personnes associant un niveau de risque très important aux insecticides va de 14% (environnement) à 18% (santé).On aurait pu s’attendre à une perception de toxicité plus élevée. Le fait que les Français s’inscrivent dans l’univers des utilisateurs les rapproche d’une certaine manière de cette catégorie de produit.

 

Les Français accordent donc clairement une légitimité aux insecticides, en majeure partie de par les bénéfices qu’ils apportent au confort collectif et individuel.Mais il s’agit d’une catégorie de produits qui reste mal connue du public et qui connote des craintes plus particulièrement en matière d’impact sur l’environnement.Toute communication visant à promouvoir l’utilisation raisonnée des insecticides ira dans le sens de l’opinion publique et confortera ainsi la légitimité déjà reconnue à cette catégorie de produits.


Fiche technique :

Sondage effectué pour : ZENECA SOPRA , société spécialisée dans la protection des plantes
Date du terrain : septembre 1999
Echantillon national représentatif de la population française, composé de 500 personnes âgées de 15 ans et plus.
Méthode : Enquête effectuée par les enquêteurs d'Ipsos au domicile des personnes interrogées

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