Les Français veulent s'investir pour préserver le patrimoine rural
L'enquête réalisé par Ipsos pour le Ministère de l'Agriculture montre que les Français se sentent concernés par la protection et la mise en valeur du patrimoine rural, villages et édifices traditionnels, mais aussi agriculture et environnement. Citadins comme ruraux sont une majorité à vouloir s'investir personnellement.
Le patrimoine rural est un thème qui intéresse manifestement les Français. Ces derniers sont 72% à avoir un sentiment d’appartenance à un pays ou une région de France et 61% à avoir des attaches avec le milieu rural.
Lorsqu’on leur parle de patrimoine rural, ils évoquent en premier lieu des éléments concrets et visibles, liés à l’architecture traditionnelle, mais également à une certaine qualité de vie (nature, paysage, espace calme…). Les autres composantes du patrimoine rural, plus immatérielles, qu’elle soient de l’ordre du social ou du culturel, ne leur viennent pas spontanément à l’esprit.
Les Français ont conscience qu’ils ont un rôle à jouer dans la préservation et la mise en valeur du patrimoine rural : ils sont nombreux à être prêts à s’investir personnellement, ceci qu’ils soient citadins ou ruraux. Cette attitude est particulièrement partagée par les plus jeunes.
Ils considèrent encore, dans une écrasante majorité (95%), qu’il est important de préserver et de mettre en valeur le patrimoine rural national. Ceci pour assurer avant tout la transmission d’une identité aux générations futures mais également, et de manière plus concrète, pour préserver un cadre de vie commun à tous les citoyens et aider au développement d’activités économiques, sociales ou culturelles en zones rurales.
Les agriculteurs ont de prime abord une attitude plus en recul comparativement à la moyenne nationale. Paradoxalement ils ont tendance à minimiser davantage l’importance du patrimoine rural tout en étant parmi les plus nombreux des Français à déclarer à être prêts à s’y investir personnellement. Ceci davantage au profit de la nature et des paysages que du bâti. Ils ont ou prennent davantage conscience que l’espace, support de leur activité représente également un patrimoine à gérer.
Comment le grand public se représente le patrimoine rural ?
Pour les Français, et de manière tout à fait spontanée, le patrimoine rural évoque en priorité les villages et édifices traditionnels des régions (maisons, lavoirs, fontaines, granges…) inscrits dans une nature et des paysages
Cette image n’est pas figée : l’agriculture au sens large (paysans, élevage, produits agricoles…) mais également l’environnement (calme, espace, qualité de vie…) viennent à l’esprit de plus d’une personne sur quatre. En rapport, les domaines sociaux ou culturels (traditions, coutumes, gastronomie, musique etc..) sont très peu évoqués.
Néanmoins, la notion de ‘patrimoine rural’ reste assez obscure à 28% des interviewés chez lesquels elle n’évoque rien de prime abord. Cette proportion est un peu plus élevée chez les habitants du Sud-Ouest (36%), les ouvriers (39%) …mais également chez les agriculteurs (39%) ce qui semble témoigner d’un certain recul de leur part .
Lorsqu’on suggère aux Français les différents domaines constitutifs du patrimoine rural, près des 2/3 des interviewés y associent les bâtiments et édifices traditionnels des régions et 39% y intègrent la nature et les paysages.
A partir du moment où elle est évoquée, l’activité sociale et culturelle qui s’est perpétuée au fil des ans au travers des produits et recettes du terroir et/ou des traditions, coutumes et célébrations, est reconnue par une personne sur trois comme participant au patrimoine rural. Les autres domaines comme la musique, les danses traditionnelles, les légendes, les dialectes ou les techniques et savoir faire, sont associés par une proportion plus faible (entre 10% et 16%).
Notons que les agriculteurs intègrent plus fortement que la moyenne des Français, la nature & les paysages, la faune & la flore ainsi que les techniques, outils et savoir-faire.
La qualité de préservation du Patrimoine rural : un sujet qui partage l’opinion
En ce qui concerne la préservation du Patrimoine rural national, l’opinion publique est partagée : 51% pensent que celui-ci est suffisamment bien préservé et 47% pensent le contraire, les autres n’ayant pas d’avis particulier. Les plus de 60 ans, les retraités et les habitants de Paris Ile de France sont les plus critiques à ce sujet.
L’urbanisation et l’industrialisation tout comme les problèmes de coûts ou manque de moyens sont les principaux facteurs mis en cause par la grande majorité des personnes ayant cette perception. Néanmoins, 29% d’entre elles impliquent également le manque de volonté des habitants .
Un Français sur deux (50,5%) a présent à l’esprit un élément du patrimoine rural qui a disparu ou est mal préservé. Les exemples donnés relèvent principalement des bâtiments et édifices traditionnels (56% des concernés), des paysages (29%) et de la faune & flore (13%).
Ceci renforce le constat fait précédemment : lorsqu’on pense patrimoine rural l’on pense d’abord architecture , paysages et donc cadre de vie. Les agriculteurs suivent cette opinion.
Le Patrimoine rural : un thème concret et proche des Français
Plusieurs exemples d’actions destinées à la valorisation du patrimoine rural ont été décrites aux interviewés afin de mesurer quelle proportion en avait déjà été témoin ou y avait participé. Deux faits majeurs ressortent de l’analyse des réponses :
Le Patrimoine rural n’est pas quelque chose de conceptuel : 70% des Français disent en effet avoir été témoins d’au moins une des actions présentées.
Le Patrimoine rural est un thème mobilisateur : un peu plus d’une personne sur deux (56%) déclare en effet avoir déjà participé à au moins une de ces actions.
C’est dans les domaines plus immatériels qu’on trouve la proportion la plus élevée de personnes disant en avoir été acteurs :
34% dans le cadre d’actions menées en faveur du renouveau d’une tradition ancienne, type fête locale, foires ou célébrations
24% dans le cadre d’actions destinées à transmettre un savoir-faire…. or ce dernier thème, comme nous l’avons vu précédemment, est peu associé au patrimoine rural dans l’esprit du grand public (14%) .
Le public « actif » d’une action de valorisation s’observe davantage chez les hommes et dans les régions de la moitié Est du pays. Il est intéressant de noter qu’il se recrute dans toutes les catégories d’âge.
Les agriculteurs se sont également plus impliqués que la moyenne nationale , particulièrement dans le cadre de la revalorisation de produits et recettes du terroir (51% acteurs). Mais il ne s’agit pas forcement pour eux de patrimoine rural. Paradoxalement près des 2/3 d’entre eux déclarent n’avoir jamais participé à une action d’amélioration des paysages .
Fortes attaches des Français avec le milieu rural
Près de 2 Français sur 3 ont des attaches sociales avec le milieu rural. Il s’agit essentiellement (47%) de liens familiaux et cette proportion est homogène quelque soit l’âge, le sexe ou la région d’habitat (à l’exception de la région Nord : 38%)
Les relations nouées lors de vacances à la campagne (8%) se rencontrent plus spécifiquement chez les habitants des grandes zones urbaines de Paris/Ile de France et du Nord (12%) ainsi que chez les 18-34 ans (12%) .
Il n’est donc pas étonnant que l’appartenance à un pays ou une région de France soit un sentiment partagé par 72% des Français.(80% des agriculteurs). Ce sentiment croît néanmoins avec l’âge.
D’ailleurs, près d’1 Français sur 2 (46%) déclare être particulièrement attaché à un élément de patrimoine rural de sa région d’appartenance et ce sentiment croît également avec l’âge.
L’attachement s’exprime en particulier pour les édifices/constructions traditionnelles de la région (36%) ainsi que pour ses sites & ses paysages (30%), c’est à dire les deux thèmes qu’évoque en priorité le patrimoine rural.
Les agriculteurs sont deux fois plus attachés à la nature et aux paysages de leur région qu’à ses bâtiments et édifices traditionnels.
Les Français se sentent concernés par la préservation et la mise en valeur du patrimoine rural.
Les français se sentent concernés par le patrimoine rural : 95% des interviewés pensent en effet qu’il est important de le préserver et de le mettre en valeur, près des 2/3 (61%) estimant même cela très important. Cette opinion croît avec l’âge et l’urbanisation. Les agriculteurs sont par contre un peu plus en recul.
Assurer une transmission aux générations futures en est la principale raison (59%). Elle est partagée aussi bien par les jeunes que par les plus âgés, un peu plus par les femmes que par les hommes. Ceci semble témoigner d’une volonté de préserver une certaine identité.
Près de 40% des français voient également dans la préservation et la mise en valeur du patrimoine rural des bénéfices plus immédiats et plus concrets : préservation d’un cadre de vie mais également source de développement des zones rurales.
Cet apport économique , social et/ou culturel aux zones rurales est souligné plus qu’ailleurs par les habitants des grandes zones urbaines de Paris/Ile de France et du Nord.
L’attitude des Français vis à vis du patrimoine rural est pro-active...
Plus d’ 1 Français sur 2 (57%) déclare en effet être prêt à s’investir pour la protection et la mise en valeur du patrimoine rural. Cette attitude décroît avec l’âge : les plus enthousiastes sont en effet… les plus jeunes (18-24 ans : 72% vs 38% des plus de 60 ans).
Cet engagement serait essentiellement actif avec implication personnelle dans un cadre collectif (chantier de restauration , adhésion association , visites guidées…).
Les agriculteurs sont plus intéressés que la moyenne par un engagement dans une association locale et par des recherches historiques sur leur famille ou leur région.
Qui est responsable de la protection et de la valorisation du patrimoine rural selon les Français ?
Face au problème de la responsabilité de la protection et de la valorisation du patrimoine rural, trois attitudes sont observées chez les français au travers de leurs réponses spontanées**:
49% la délèguent aux acteurs locaux, et en priorité aux collectivités locales (Mairies, Conseils Généraux et/ou Régionaux).
33% la délèguent à l’Etat, au plan national. (sans référence marquée à un Ministère particulier)
24% estiment que cette responsabilité relève de tous les Français (opinion plus marquée dans le grand quart Sud-Est : 36% et chez les agriculteurs : 33%)
** Plusieurs réponses possibles. Total >100%
Les agriculteurs impliquent davantage le local (44%) par rapport au national (18%). Ils s’auto investissent également un peu plus (8%) .
Les deux principaux acteurs du patrimoine rural
Lorsqu’on soumet aux interviewés une liste d’ acteurs potentiels les collectivités locales (54%) mais également « chaque citoyen » (39%) ressortent comme les deux principaux acteurs concernés par la préservation et la mise en valeur du patrimoine rural.
Les femmes et les moins de 45 ans valorisent particulièrement le rôle citoyen que chacun peut mener à titre individuel.
Parmi les Ministères celui de l’Environnement est en proportion plus impliqué que les autres (28%) par les interviewés [en particulier par les 25-44 ans et les habitants du Nord et du Bassin Parisien Est]
Le Ministère de la Culture arrive en deuxième position (cité par 18%) mais est plus souvent évoqué par les 18-24 ans (28%), qui ont tendance à avoir une vision un peu plus conceptuelle du patrimoine rural.
Le Ministère de l’Agriculture (10%) est plus souvent cité par les hommes, les plus de 60 ans et les agriculteurs (20%).Notons que ces derniers sont 28% à se considérer comme faisant partie des deux principaux acteurs du patrimoine rural ce qui témoigne d’une attitude plus favorable que celle dressée par les précédents résultats.
Comment faire connaître et valoriser le patrimoine rural ?
De tous les grands media, la télévision (50%) et la Presse Quotidienne Régionale (33%) sont ceux qui paraissent les plus adaptés aux Français pour faire connaître et valoriser les éléments du patrimoine rural.
Mais il leur semble important qu’en parallèle cette information soit relayée au niveau local. En particulier par les offices du tourisme (40%), la signalisation routière (33%) et/ou les guides touristiques (31%).
On n’observe pas de différences flagrantes selon les caractéristiques des interviewé. Les 25- 44 ans valorisent un peu plus les guides touristiques et la signalisation routière, les habitants des régions Nord et du Bassin Parisien Est valorisent davantage la PQR. Quant aux agriculteurs, ils citent davantage les panneaux routiers (38%) au détriment de la PQR (24%).