Les salariés ont le moral en berne

Le Baromètre du Moral des Salariés Ipsos/Logica Business Consulting réalisé pour Altedia et les Echos dresse un panorama pessimiste de l’état d’esprit des salariés. Même s'ils se déclarent toujours intéressés et motivés par leur métier, on relève des niveaux de stress (35% des sondés) et d’inquiétude (25%) importants, notamment dans les plus grandes entreprises. Des cadres aux ouvriers, dans tous les secteurs d'activités, la crise économique a laissé des traces. Plus de quatre salariés sur dix pensent qu’ils connaitront une période de chômage dans les prochaines années, et près de six sur dix considèrent qu’ils auront du mal à retrouver un emploi. Remettant aussi parfois en cause le travail des dirigeants pendant cette période, les salariés souhaiteraient un plafonnement de leurs rémunérations, même si beaucoup pensent que c'est irréaliste. L’enquête mesure au final une tendance à la démotivation, liée au manque de perspectives d’évolutions et à une forte insatisfaction en matière de salaire.

Les salariés français semblent plutôt sereins sur la situation économique actuelle de leur entreprise : Près de 4 salariés sur 10 affirment que l’activité de leur entreprise se maintient (43%), tandis que plus d’un salarié sur quatre estime qu’elle est en croissance (26%). Toutefois, 31% des salariés français considèrent que leur entreprise connaît actuellement une baisse d’activité (20%), voire que sa survie est menacée (31%). Ils expriment en revanche de très fortes craintes vis-à-vis du secteur industriel : 71% d’entre eux pensent que le plus gros des destructions d’emploi dans l’industrie est encore devant nous et qu’elles vont se poursuivre (contre seulement 28% qui estiment qu’elles devraient se ralentir). Les salariés du secteur industriel sont particulièrement pessimistes sur ce sujet (72%).

Près de 4 salariés sur 10 sont pessimistes et estiment qu’ils connaîtront le chômage dans les années à venir : la crise a laissé des stigmates. 41% des personnes travaillant en entreprise prévoient qu’ils rencontreront une période de chômage. Pour plus d’un salarié sur 10, c’est même une certitude (11%). Les salariés considèrent majoritairement que s’ils étaient licenciés, ils retrouveraient difficilement du travail (56%). La crainte de rencontrer des difficultés pour retrouver un emploi est très fortement éprouvée par l’ensemble des catégories de salariés : un peu moins par les cadres (48%) mais plus fortement par la maîtrise (55%), les employés (59%) et les ouvriers (59%).

Des salariés sceptiques ou pragmatiques sur les mesures qui pourraient être mises en place pour éviter les destructions d’emploi : si une très forte majorité estime qu’il serait acceptable d’abaisser le niveau de rentabilité des entreprises exigées par les actionnaires (87%), seulement 38% estiment que cette mesure est réaliste. Idem pour le durcissement de la législation sur les licenciements (82% la souhaitent mais elle n’est réaliste que pour 44% des interviewés). Enfin, si 66% seraient prêts à travailler plus, seulement 66% considèrent cette mesure comme réaliste. La modération des salaires est très majoritairement rejetée (66%)

Les salariés sont très partagés sur l’action de leurs dirigeants pendant la crise : globalement, ils considèrent majoritairement qu’ils ont permis de sauvegarder l’emploi (55%), soit en le privilégiant aux résultats de l’entreprise (10%), soit en le préservant au même titre que les résultats (45%). Toutefois, 43% des interviewés estiment qu’ils ont d’abord cherché à préserver les intérêts de l’entreprise, plutôt que l’emploi. Mais ce sont surtout les salariés des petites entreprises qui sont les plus positifs sur leurs dirigeants (63% de ceux travaillant dans des structures de moins de 50 salariés), les autres sont plus critiques (seulement 48% des individus travaillant en entreprise de plus de 1000 salariés considèrent que leurs dirigeants ont permis de sauvegarder l’emploi).

Leur opinion sur les niveaux de rémunération des patrons est aussi très partagée : environ un tiers des salariés estime qu’elles sont excessives (35%), un autre tiers les considère élevées mais pas excessives (36%) et moins d’un tiers pense qu’elles ne sont pas si élevées que cela (27%). Les salariés évoluant dans les plus grandes entreprises se montrent les plus critiques (44% affirment qu’elles sont excessives). En ce qui concerne le plafonnement des hautes rémunérations, certes 92% de la population salariée affirme que c’est une mesure souhaitable mais seulement la moitié des personnes estime que c’est une mesure réaliste (49%), les autres considérant que cela est souhaitable mais irréaliste (43%), voire que ce n’est pas souhaitable (7%).

Des salariés qui disent perdre en motivation et être de plus en plus stressés : certes, ils se disent massivement très intéressés par leur travail (80%), qu’ils travaillent en entreprise ou dans la Fonction Publique. De même, pour beaucoup, il les motive (41%) et les satisfait (35%). Dans le même temps, leur travail rime aussi avec stress (35%) et inquiétude (25%). Le stress est même le principal sentiment éprouvé par les personnes travaillant dans des entreprises de 1000 salariés et plus (41%). La situation est de moins en moins supportée par les salariés : ils ont le sentiment que la situation économique s’améliore mais que les augmentations salariales restent bloquées (71% sont insatisfaits des perspectives d’évolution salariale, 65% de la politique salariale) et que les perspectives d’évolution professionnelle sont bouchées (64% des salariés sont insatisfaits). Conséquence, un phénomène de démotivation s’installe : 51% des salariés affirment que leur motivation a chuté au cours des 6 derniers mois.

Les salariés de la fonction publique rejettent très majoritairement la RGPP : leur état d’esprit est relativement proche de celui des salariés du secteur privé. En ce qui concerne la RGPP (Révision générale des politiques publiques), ils se montrent très majoritairement critiques en considérant qu’elle a plutôt entraîné une dégradation du service public (84%), des conditions de travail (84%) et de leur motivation (76%).

Les salariés perçoivent une forte dégradation de la situation des seniors : les salariés estiment qu’il leur est plus difficile qu’il y a dix ans de rester motivés (84%, +3 points depuis 2008), de pouvoir évoluer sur de nouveaux postes (78%, +1 point), d’être écouté par les jeunes (69%, +7 points), d’être respecté au sein de leur univers professionnel (64%, +12 points), de s’adapter aux évolutions de l’organisation du travail (63%) ou encore d’encadrer et diriger une équipe (+6 points). L’attachement au seniors est aussi relativement modéré : « seulement » 55% des salariés considèrent qu’un senior qui part, c’est une perte pour l’entreprise et un coût supplémentaire pour la société (57%).

Les jeunes candidats à l’embauche souffrent d’une image négative auprès d’une partie de la population salariée : moins d’un salarié sur deux considère qu’un senior qui quitte l’entreprise, c’est la possibilité pour un jeune d’être embauché (47%). Ils pensent par ailleurs qu’avec l’allongement de la durée du travail, suite à la réforme des retraites, il va être plus difficile pour les jeunes de trouver leur premier emploi (79% dont 45% estiment même que cela sera « très » difficile pour eux). Par ailleurs, moins d’un salarié sur deux considère que les jeunes apportent avant tout des connaissances et compétences nouvelles, que les autres salariés n’ont pas toujours (47%). Dans le même temps, presque six salariés sur dix estiment que les jeunes ont du mal à s’insérer dans l’entreprise et à respecter une hiérarchie (58%).

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