Les salariés ont une bonne image des chefs d’entreprise

La majorité des salariés français éprouvent des sentiments positifs envers les chefs d’entreprise, selon une enquête Ipsos pour le CNPF. Cela ne les empêche pas d’être assez exigeants à leur encontre, notamment en ce qui concerne l’emploi et le partage des bénéfices de l’entreprise.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs
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Moins d’un salarié du secteur privé sur dix connaît le nombre de chefs d’entreprise qu’il y a en France. Ils ne sont que 9% à citer une bonne réponse (un million cinq cent mille entreprises), lorsqu’on leur demande "le nombre de chefs d’entreprise qu’il y a en France y compris en comptant les toutes petites entreprises". De même, près de un salarié sur cinq ne se prononce pas. Ce niveau de connaissance médiocre doit cependant être nuancé si l’on considère l’importance des réponses proches de la bonne réponse : 42% des salariés situent le nombre des chefs d’entreprise entre un et deux millions. Le niveau de bonnes réponses varie peu en fonction des différents critères socio-démographiques.

Pour une majorité absolue des interviewés, la grande capacité de travail (53%) et le courage (51%) sont les deux éléments les plus importants pour devenir chef d’entreprise aujourd’hui. Viennent ensuite dans une moindre mesure le goût du risque (43%), la volonté d’indépendance (31%) et l’idée d’un nouveau produit (26%). Le sens de l’autorité (19%), la chance (15%), des diplômes très élevés (13%) ne sont pas des éléments prioritaires.

La grande capacité de travail devance nettement le courage chez les cadres (63% contre 46%), les professions intermédiaires (59% contre 51%) et auprès des salariés d’une société de service. Ils s’opposent en cela aux ouvriers et aux salariés des PME de moins de 50 salariés donnant priorité au courage plutôt qu’à la grande capacité de travail (respectivement 54% contre 43%, et 57% contre 52%).

Une personne qui a fait sa carrière dans l’entreprise et en a progressivement gravi les échelons est plébiscitée par les interviewés (80% de citations) pour diriger une entreprise. A l’opposé, une personne venant de l’extérieur et ayant fait une grande école recueille seulement 15% de citations. Les salariés des grandes entreprises (24%) et les personnes âgées de 35 à 39 ans (24%) sont un peu plus nombreux à préférer une personne extérieure, ayant fait une grande école, pour diriger une entreprise.

Globalement, plus d’un tiers des salariés du secteur privé interrogés (35%) ne souhaite pas créer leur propre entreprise. Par opposition, ils sont 21% à vouloir la créer, 23% aimeraient aussi le faire mais trouvent cela difficile et 19% aurait aimé réaliser ce projet mais juge que c’est trop tard. Les cadres supérieurs (34%) et les personnes âgées de moins de 30 ans sont les plus nombreux à souhaiter créer leur propre entreprise. A l’opposé, les femmes (49%), les professions intermédiaires (41%), les personnes n’ayant pas de responsabilité hiérarchique (41%) et les salariés d’une entreprise de service (44%) ne souhaitent majoritairement pas créer leur propre entreprise.

Les taxes, impôts et cotisations sont identifiés par une majorité des salariés (54%) comme la principale difficulté du métier de chef d’entreprise. Ils sont suivis de la pression de la concurrence (44%), de l’excès de paperasserie et de réglementation (37%), puis dans une moindre mesure des soucis et du stress (29%), des relations avec ses salariés (26%) et des délais de paiement des clients (23%). Les relations avec sa banque (11%) ne constituent pas une difficulté prégnante.

Une majorité absolue des salariés interrogés (59%) ont un sentiment positif à l’égard des chefs d’entreprise, que ce soit de la sympathie (36%) ou de l’admiration (23%). Pour près d’un tiers des salariés, ce sentiment est plus négatif à travers de la crainte (20%) ou de l’hostilité (10%). Là encore, le niveau de sympathie varie en fonction de la profession de l’interviewé, les plus positifs étant les cadres supérieurs (45%) suivis des professions intermédiaires (39%).

De même, les salariés ont une image positive de leur chef d’entreprise sur l’ensemble des traits d’image testés. Ainsi, leur propre chef d’entreprise est avant tout "un bon gestionnaire " (75%), "il fait ce qu’il peut pour maintenir les emplois " (74%), "il dirige bien l’entreprise " (72%). Si ces dimensions sont positives sur l’ensemble des critères socio-démographique étudiés, les interviewés sont cependant plus partagés sur le fait qu’ils sont soucieux de motiver leurs salariés (57% contre 40%). Cette dernière tendance s’inverse en particulier auprès des sympathisants du Parti Communiste (32% contre 59%), ces derniers étant les plus nombreux à exprimer une opinion négative à l’encontre des chefs d’entreprise.

L’ensemble de cette vison positive à l’égard du chef d’entreprise ne doit cependant pas masquer des attentes importantes à son égard. Ces attentes sont avant tout : le maintien des emplois existants (38%) et un intéressement plus grand aux résultats de l’entreprise pour les salariés (32%). Viennent ensuite la mise en place rapide des 35 heures (26%), des investissements pour développer l’entreprise (25%), le recrutement de nouveaux salariés (25%), le développement de la formation continue des salariés (24%), l’amélioration des conditions de travail (20%) et davantage d’initiatives pour les salariés (18%). La mise en place d’une nouvelle organisation du travail recueille seulement 11% de citations.

Enfin, près de neuf interviewés sur dix (89%), souhaiteraient en cas de décès du chef d’entreprise que ses enfants héritent de l’entreprise en payant des droits de succession beaucoup plus faibles qu’aujourd’hui s’ils s’engagent à poursuivre l’activité de l’entreprise contre seulement 5% souhaitant que leurs enfants payent des droits de succession assez élevés, comme aujourd’hui.

Globalement, les salariés du secteur privé ont une bonne image de leur propre chef d’entreprise, tout en ayant des exigences non négligeables à leur égard. L’image des chefs d’entreprise partage les salariés du secteur privé en deux catégories distincts. Les plus aisés - cadres supérieurs ou professions intermédiaires - sont les plus positifs. Ils s’opposent en cela aux ouvriers et employés qui expriment une opinion plus balancée tout en demeurant positive.

Auteur(s)
  • Jean-François Doridot Directeur Général Public Affairs

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