Les salariés veulent que les syndicats soient plus proches du terrain
Selon une enquête réalisée pour la CFE-CGC par Ipsos, les salariés ne sont pas vraiment satisfaits du rôle actuel des syndicats. Ils préfèreraient qu’ils soient moins politisés et surtout plus en phase avec l’évolution des entreprises.
Les salariés aspirent à être mieux informés, mais également mieux représentés, dans leur entreprise. C’est ce qu’indiquent les résultats de l’enquête réalisée par IPSOS pour la CFE-CGC. Au delà de ces aspirations générales se manifestent cependant de réelles attentes vis-à-vis des organisations syndicales, pour les voir s’éloigner de la sphère politique et se rapprocher du terrain social.
Si les salariés ont l’impression de ne pas être suffisamment informés (64%) par les syndicats français en général, notamment dans le secteur privé (68%) par rapport au secteur public (58%), ils se sentent également insuffisamment représentés (65%). Ce sentiment est particulièrement présent parmi les populations salariées qui, d’une manière ou d’une autre, risquent le plus la marginalisation : les plus de 50 ans (71%), les salariés habitant en zone rurale (71%), les salariés des entreprises étrangères installées sur le territoire français (72%), les salariés en contrat à durée déterminée (74%).
La différence entre le secteur public (63%) et le secteur privé (67%) sur le sentiment de ne pas être suffisamment représenté, s’explique clairement, comme pour l’ensemble des résultats de l’enquête, en termes de présence syndicale effective. Le simple fait que les listes non-syndiquées soient en tête dans les élections aux comités d’entreprises, devant les organisations syndicales dont la représentativité est légalement reconnue, illustre ce problème de niveau d’information et de représentation.
Les qualificatifs qui caractérisent le mieux (ou le moins bien pourrait-on dire) les syndicats français sont par ordre décroissant : le fait d’être à l’écoute des salariés (51% pensent que cela s’applique plutôt bien aux syndicats français en général, contre 44% qui pensent le contraire), proche du terrain (48% / 48%), représentatif (40% / 56%), indépendant (35% / 59%), efficace (31% / 65%) et enfin moderne (30% / 64%).
Derrière ce portrait peu flatteur et pour ne retenir que ce qui est positif, soulignons l’image de syndicats français plutôt à l’écoute des salariés…mais n’est-ce pas là leur rôle naturel. Notons, encore une fois que les traits d’image positifs sont fonction croissante de la présence syndicale. Si, dans le secteur public, les salariés jugent les syndicats proches du terrain à 57% (59% dans la fonction publique d’Etat), ils ne sont que 48% dans le secteur privé.
Le fait de moins s’occuper de politique (79%), de proposer davantage de conseils à ses adhérents (78%), de mieux défendre les salariés individuellement (75%), de mieux s’adapter à l’évolution du monde du travail (82%), sont autant de raisons qui pourraient inciter les salariés à adhérer à une organisation syndicale. Le frein le moins prégnant en la matière semble être le montant de l’adhésion, un thème pourtant très discuté dans les organisations syndicales : la baisse de ce montant ne serait un facteur incitatif que pour 51% des salariés interrogés.
La perspective d’une évolution vers un fonctionnement plus utilitariste, plus consumériste voire opportuniste (pour paraphraser le sociologue Jean Dubois, le syndicat " taxi " que l’on prend quand on a besoin de lui, opposé au syndicat " locomotive " dont la vocation est " sociétale "), mais également plus efficace, est confirmée : 72% des salariés se disent intéressés par une organisation syndicale qui proposerait sans adhésion (mais pour un abonnement à faible coût) des informations, conseils et services. Résultat plus encore éclairant de cette demande potentielle, même si l’on reste dans le domaine de l’opinion et donc d’intentions déclaratives : 85% des salariés qui se disent intéressés seraient prêts à souscrire un abonnement auprès d’une organisation syndicale qui proposerait ce type de services ; 27% assurent qu’elles y souscriraient certainement. C’est encore une fois parmi les catégories les plus " fragiles " que ce besoin se fait le plus sentir : les plus de 50 ans (35%), les salariés en CDD (31%) ; mais également les habitants d’Ile-de-France (31%), qui sont par ailleurs les plus critiques vis-à-vis de l’image des organisations syndicales.
Cette enquête de la CFE-CGC auprès des salariés français illustre le point de vue critique des salariés vis-à-vis de syndicats français qu’ils souhaiteraient voir évoluer, mais souligne en contrepoint une lueur d’espoir, un terrain à défricher, pour les organisations syndicales qui souhaiteraient intensifier leur implantation dans des secteurs où elles sont peu présentes.