Logement étudiant : un parcours toujours plus compliqué pour les jeunes et des propriétaires en quête de réassurance

La proportion d’étudiants ne cesse de progresser : de 310 000 en 1960, on en comptait 2 430 000 en 2013. Leur nombre devrait dépasser les 2 600 000 en 2020 (Source : Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sous-direction des systèmes d'information et des études statistiques). L’étude réalisée par Ipsos pour BNP Paribas, auprès d’étudiants, de parents de jeunes de 18 à 25 ans et de propriétaires de logements locatifs montre que l’accès au logement pour cette catégorie de la population reste difficile. Les Français dans leur ensemble partagent cet avis, puisqu’ils sont 89 % à considérer qu’il est difficile pour les jeunes de trouver un logement.

Des étudiants qui ont pour moitié quitté le domicile familial

Les étudiants se répartissent à parts égales entre ceux qui ont quitté le domicile familial (50%) et ceux qui résident encore chez leurs parents (50%). C’est en moyenne à 18,6 ans que survient le « grand départ ».

Parmi les étudiants quittant le foyer familial, 34% se retrouvent sur le marché de la location, que ce soit seul (21%), avec leur petit(e) ami(e) (8%) ou en colocation (5%). Pour le reste, 11% ont opté pour une résidence étudiante et 5% pour un logement mis gratuitement à leur disposition par leur entourage.

Les raisons de départ sont surtout contraintes et répondent à des enjeux de mobilité : 73% citent la nécessité de se rapprocher de leur lieu d’étude, ce qui en fait la première raison de départ loin devant la quête d’indépendance (32%) ;

Des étudiants qui estiment qu’il est difficile de trouver un logement, principalement en raison du prix et des garanties demandées

Les étudiants sont 68% à trouver qu’il est difficile ou très difficile de trouver un logement aujourd’hui en France. D’ailleurs, 4 étudiants sur 10 (42%) ont réellement eu des difficultés à trouver le logement dans lequel ils habitent actuellement.

Pour plus de la moitié des étudiants, ces difficultés à trouver un logement s’expliquent par leur prix (57%) et par les cautions et les garanties demandées par les propriétaires (42%, une proportion qui monte même à 57% pour les parents).

Ils sont d’ailleurs 86% à juger strictes les garanties demandées par les propriétaires, dont près d’1 sur 5 très strictes.

82% des étudiants locataires d’un logement privé indiquent que leurs parents ont dû se porter garants pour leur permettre d‘obtenir le logement dans lequel ils habitent. 

Le nombre et le niveau des garanties demandées peut même contribuer à décourager certains jeunes en quête de logement : 15% des étudiants ayant cherché à quitter le logement familial ont renoncé précisément à cause de garanties trop contraignantes, et 37% des étudiants habitent encore chez leurs parents parce qu’ils n’ont pas les moyens de leur payer un logement.

Un manque de notoriété des systèmes de garanties existants

Les étudiants semblent par ailleurs peu informés de l’existence des organismes tiers pouvant jouer un rôle de garantie : 57% déclarent ne pas savoir qu’un organisme peut se porter caution.

Lorsqu’on leur cite des noms d’organismes, près de deux tiers des étudiants n’en connaissent aucun (64%). Le plus connu est la Caution Locative Etudiante (16% déclarent la connaître), ainsi que Loca-Pass (15%) et Visale (15%).

Les propriétaires sont de leur côté en quête de réassurance

L’enquête permet d’apporter un éclairage sur le profil des investisseurs locatifs : pour près de 80% d’entre eux, ils sont propriétaires d’un seul logement et seuls 19% ont déjà loué ou louent à des étudiants. Par ailleurs, 39% n’ont pas fini de rembourser les mensualités du prêt contractés pour la location de leur logement en location, ce qui montre à quel point le recouvrement des loyers est un enjeu pour eux.

Les propriétaires gèrent globalement seuls leur investissement : 64% choisissent eux-mêmes leur locataire et 76% ne souscrivent à aucune assurance contre les impayés.

Or, une part non négligeable d’entre eux (36%) a déjà rencontré des retards de loyers et 26% des loyers impayés. Cette difficulté à encaisser les loyers conduit même certains investisseurs à ne pas mettre en location leur logement : 13% des propriétaires dont le logement n’est pas loué actuellement le justifient par la peur des impayés, derrière les travaux et au même niveau que le fait de le mettre à disposition d’un membre de leur entourage.

Les garanties sont au cœur de leur processus de sélection des locataires : lorsqu’il s’agit de faire un choix parmi plusieurs dossiers étudiants, les garanties sont citées comme le premier critère de sélection des propriétaires (près de 3 sur 10 le citent en premier, deux fois plus que le fait d’avoir un salaire).

Méthodologie : étude réalisée online du 24 au 30 mai 2019 par Ipsos pour BNP Paribas sur un échantillon 1000 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et +, selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence, région et catégorie d’agglomération), avec des sur-échantillons sur 3 cibles distinctes soit au total 420 étudiants, 216 parents de jeunes de 18-25 ans et 586 investisseurs locatifs.

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