Municipales de 2014 : plus d’un Français sur trois souhaite que le FN soit renforcé à l’issue du scrutin
Dans la perspective des élections municipales de 2014, Ipsos a réalisé pour France Bleu une étude dont le sujet central est la relation des Français au Front National. Il en ressort que 34% des Français souhaite que le FN soit renforcé à l’issue des élections.
34%. C’est la part de la population française qui souhaite que le Front National sorte renforcé des élections municipales de 2014. Ce souhait est majoritaire chez les ouvriers (54%) et plus important chez les personnes peu ou pas diplômées (43%) ainsi qu’en zones rurales (42%). Le Front National peut compter sur le soutien de ses sympathisants, mais aussi sur celui d’une partie de ceux de l’UMP (37%).
Le PS aborde ces élections en grande difficulté, mais l’UMP en profite peu
60% des Français souhaitent que le Parti socialiste sorte affaibli des municipales. Pour ces élections, le PS est « lâché » par une partie de ses sympathisants (25% souhaitent qu’il en sorte affaibli). Le PS doit aussi faire face au mécontentement du reste de la gauche. 43% des sympathisants Front de Gauche souhaitent un affaiblissement du PS, tout comme 49% des sympathisants écologistes. C’est dire si ces élections s’annoncent périlleuses pour les listes socialistes.
L’UMP fait un score à peine meilleur : 38% des Français souhaitent qu’elle soit renforcée, contre 53% qu’elle soit affaiblie. Elle peut cependant compter sur le soutien d’une très large majorité de ses sympathisants (84%).
La dédiabolisation du FN, une stratégie qui a fonctionné mais qui semble trouver ses limites aujourd’hui
Une nette majorité de Français pense que le Front National est un parti d’extrême droite (69%) et un parti dangereux pour la démocratie (59%). Entre avril 2003 et mars 2011 (quelques semaines après l’arrivée à la tête du parti de Marine Le Pen), l’adhésion à ces deux idées a fortement baissé (-9 points). Entre 2011 et 2013, le recul de l’idée selon laquelle le FN serait un parti d’extrême droite est plus limité (-4) et reste donc aujourd’hui majoritaire dans l’opinion (à 69%). Quant au sentiment que le FN représente un danger pour la démocratie, il progresse même légèrement (+2 entre 2011 et 2013).
La relative stabilité de ces traits d’image auprès de l’ensemble des Français ne doit cependant pas masquer les mouvements à l’œuvre à l’intérieur de différentes catégories, en particulier auprès des sympathisants de l’UMP. Un nombre de plus en plus important d’entre eux paraissent séduits par le FN. 30% pensent que le Front National n’est pas d’extrême droite, c’est 6 points de plus qu’en 2011. Même tendance sur les items « dangereux » (non : 48%, +4) et « utile » (oui : 67%, +11).
Cependant, la stratégie de dédiabolisation n’a pas permis au Front National d’apparaitre comme un parti politique crédible. Pour une majorité de Français (64%), le FN n’incarne pas une alternative politique crédible au niveau national (contre 31% qui le pensent) et pour 64%, il ne propose pas de solutions réalistes (contre 30%).
Le positionnement pour la défense des zones rurales trouve un certain écho
Le FN progresse en zones rurales et dans les petites villes. 30% des ruraux et 27% des habitants des communes de moins de 20 000 habitants ont déjà voté pour ce parti alors qu’ils n’étaient que 22% lors d’un précédent sondage en 2003. Le Front National réalise dans ces zones de bien meilleurs scores que dans les grandes agglomérations (17% des habitants des villes de plus de 100 000 habitants disent avoir déjà voté pour ce parti, 10% dans l’agglomération parisienne).
D’ailleurs, le parti de Marine de Pen arrive désormais à emporter l’adhésion d’un grand nombre de Français sur la défense de la ruralité. 44% des personnes interrogées jugent les propositions du Front National convaincantes en ce qui concerne le maintien des services publics de proximité (contre 43% qui ne les trouvent pas convaincantes) et 38% partagent la même opinion sur la défense des zones rurales (contre 47%).
La crédibilité du parti sur les problématiques locales est un peu meilleure qu’au niveau national. 40% des personnes interrogées pensent que le FN est capable de diriger de grandes villes françaises, alors que 31% pensent qu’il incarne une alternative crédible au niveau national. Un tour de force pour un parti à forte tradition jacobine. Enfin, 31% des Français ont le sentiment que le FN est proche de leurs préoccupations, un niveau qui passe à 39% dans les zones rurales (contre 28% dans les grandes villes et 23% dans l’agglomération parisienne).
L’insécurité et l’immigration sont toujours les thèmes-phares du FN, mais il peine davantage à convaincre sur l’économie
La sécurité et l’immigration sont toujours deux thèmes sur lesquels le Front National emporte le plus d’adhésion. Près d’un Français sur deux (46%) jugent que les propositions du FN sont convaincantes en ce qui concerne l’insécurité (contre 48% pour qui elles ne sont pas convaincantes). 42% pensent de même en ce qui concerne ses propositions pour la maitrise de l’immigration (contre 52%).
En revanche, le Front National est beaucoup moins convaincant sur les thématiques économiques. 63% des personnes interrogées jugent ses propositions pas convaincantes sur le chômage, 67% sur la baisse des déficits, 75% sur l’arrêt de l’Euro et le retour au Franc.
Le potentiel électoral du FN est important
Auprès des personnes en âge de voter, le potentiel électoral du FN est de 35%. Attention, il ne s’agit pas d’une intention de vote mais bien d’un potentiel électoral qui regroupe les personnes ayant déjà voté pour le FN et celles qui sont aujourd’hui tentées de le faire.
Le potentiel électoral du Front National est plus important chez les hommes (40%), auprès des indépendants (agriculteurs, artisans et commerçants – 45%) mais surtout auprès des ouvriers (57%). Il est plus important en zones rurales (42%) et dans les petites villes de moins de 20 000 habitants (44%). Il est fort auprès des sympathisants de l’UMP (43%).
Des électeurs potentiels assez proches du noyau électoral du FN. Le potentiel électoral du FN se décompose en deux catégories. D’une part les électeurs ayant déjà voté pour le FN (à une ou plusieurs reprises – 22%). D’autre part les Français qui n’ont jamais voté FN mais qui sont aujourd’hui tentés de le faire - 13% de la population en âge de voter. D’un point de vue sociodémographique, ceux qui ont déjà voté FN et ceux qui pourraient basculer ont un profil assez proche (plus d’hommes, plus d’ouvriers, plus de ruraux, etc.) On notera que le Front National pourrait bénéficier de réserves de voix importantes chez les ouvriers (25% pourraient sauter le pas), dans les villes de moins de 20 000 habitants (17%) et auprès des sympathisants de l’UMP (21%).
La perception comparée des propositions du FN permet de mieux comprendre ce qui attire et ce qui retient ces électeurs qui sont aujourd’hui tentés par le FN. Ils trouvent ce parti utile (86%) car ils sont très convaincus par ce qui constitue les thèmes traditionnels du Front National : la lutte contre l’insécurité (à 80%) et la maitrise de l’immigration (à 76%, autrement dit des proportions très comparables à celles des électeurs FN). En revanche, ils sont plus partagés sur les questions économiques et surtout, ils sont une majorité à considérer que le FN reste un parti d’extrême droite (61%) et même 43% à estimer qu’il est dangereux pour la démocratie.
Le vote FN, avant tout l’expression d’un mécontentement mais aussi d’une adhésion aux idées
72% des personnes qui ont déjà voté FN ou envisagent de le faire le font avant tout pour manifester un mécontentement, contre 26% pour qui c’est avant tout un vote d’adhésion aux idées FN. Cette tendance est encore plus marquée chez ceux n’ayant jamais voté FN mais qui envisagent aujourd’hui de le faire (83% contre 16%).
Pour autant, si le mécontentement est le principal levier du vote FN, il n’en demeure pas moins que ces électeurs FN potentiels « par mécontentement » adhérent fortement aux propositions du Front National sur l’insécurité et l’immigration (qu’ils trouvent convaincantes à 83% et 80%).