Parité hommes/femmes : les adolescents seraient-ils plus rétrogrades que leurs aînés ?
Le sixième volet de la série d’enquêtes réalisées par Ipsos Santé pour la fondation Wyeth, qui confrontent les avis des adultes et des adolescents, portait cette année sur la notion de différence et en particulier des différences entre les sexes. Les ados ne nient pas la différence sexuelle : les 3/4 reconnaissent qu'être une fille ou un garçon change beaucoup de choses.
Entre affirmation de soi et recherche de conformité : la différence préoccupe les adolescents
L’enquête confirme que cette question préoccupe les adolescents : un sur trois s’interroge régulièrement sur sa « normalité » et près d’un sur deux déclare qu’il lui est déjà arrivé de se sentir différent des adolescents de son âge. Aussi la position des adolescents dans l’enquête est-elle ballotée entre l’affirmation de la différence (41% des adolescents déclarent chercher à être différent des autres) et la recherche de conformité (34% se demandent souvent ou parfois s’ils sont normaux). Ballotage plus sensible à cet âge de la vie.
La différence : danger ou opportunité ? Une forte ambivalence est exprimée dans l’étude, partagée par les adultes et les adolescents
Si les adultes ont un regard assez pessimiste sur le vécu des adolescents de leurs différences, adolescents et adultes convergent vers une appréciation très ambivalente des différences à la fois opportunités et risques pour soi et la société.
On observe une tendance conservatrice très conforme à celle des aînés adultes (qui se montrent encore plus méfiants sur la notion de différence).
- L’idée que les gens différents créent des problèmes à la société est partagée par 16% des adolescents et 20% des adultes.
- Une moitié des profils interrogés (49% d’adolescents et 52% d’adultes) estiment qu’il peut être dangereux d’être différent des autres ;
- Surtout 68% des adultes et 63% des adolescents considèrent qu’il faut « rentrer dans le moule » pour faire sa place dans la société.
Paradoxalement, la différence est aussi appréciée positivement :
- comme une chance pour les deux tiers des adolescents et adultes (respectivement 61 et 63%)
- comme un élément positif (c’est positif de se différencier des autres pour 74% des adolescents et 76% des adultes).
Se sentir différent apparaît comme un facteur de vulnérabilité
Le ressenti de sa différence individuelle par rapport au groupe d’appartenance apparaît à l’analyse comme une expression déterminante du moral et bien-être des adolescents. Au total 31% se sentent personnellement différents de leurs pairs. Ceux qui se sentent différents sont plus nombreux à ressentir du mal-être, de la pression, ne pas se sentir bien à l’école ou n’avoir pas beaucoup d’amis par exemple.
Sur l’ensemble des adolescents les données du baromètre annuel du bien-être des adolescents restent très stables.
Pour environ deux tiers d’adolescents, le sexe est synonyme d’inéquité
Une majorité d'adolescents ne croit pas à l’équité concernant le sexe. 60% ne croient pas que les parents éduquent de la même manière les garçons et les filles. 67% ne croient pas que les adultes traitent de la même façon les filles et les garçons.
Seulement 64% des adolescents croient qu’hommes et femmes ont les mêmes chances de réussite.
Des opinions partagées entre les générations, avec des adolescents plus conservateurs
Dans l’étude on s’aperçoit que les stéréotypes sont globalement partagés entre les générations, avec des opinions légèrement plus conservatrices exprimées par les adolescents par rapport aux adultes (et en particulier les garçons adolescents) sur la virilité par exemple, le partage des tâches ménagères.
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Ados machos ? Ados féministes ?
L’égalité des sexes est une zone de tension dans l’étude entre garçons et filles.
Les opinions les plus stéréotypées sur les sexes : virilité, responsabilité matérielle masculines d’une part et maternité et tâches ménagères d’autre part, même si minoritairement validées sont significativement plus investies par les garçons adolescents.
De même, si les adolescentes ne trouvent majoritairement pas normal que les femmes gagnent moins d’argent que les hommes, les garçons désapprouvent moins fermement et massivement. Les jeunes adolescentes valident aussi par exemple presque unanimement la nécessité du partage des tâches ménagères entre hommes et femmes, alors que les jeunes hommes en sont significativement moins convaincus : 92% des filles jugent qu’hommes et femmes doivent se répartir les tâches ménagères tandis que 69% des garçons s’y accordent (et avec moins de fermeté dans les opinions).
A l’inverse les opinions les plus avancées sur l’autonomie des femmes sont plus soutenues par les adolescentes (la décision d’être enceinte, rôle dominant dans le choix du partenaire).
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Par ailleurs, à la question ouverte de ce qui caractérise le fait d’être une femme, 13% des adolescents citent spontanément que les femmes sont l’objet de discriminations tandis qu’à la même question sur les hommes, 17% des adolescents mentionnent que les hommes sont à l’origine de machisme/violence ou discrimination envers les femmes.
Quand différence rime avec violence, injustice, exclusion : la question du respect des différences est posée
La violence subie et infligée à autrui, la discrimination correspondent à une réalité pour une part importante d’adolescents : 51% des adolescents déclarent en avoir été victimes par le passé.
45% des adolescents désignent des violences physiques ou verbales.
La principale cause restituée par les adolescents étant d’abord l’apparence physique, puis le sexe (pour les filles en particulier) et les origines.
Fait inquiétant : 26% des adolescents dans l’enquête se ressentent exclus par les autres dans la vie de tous les jours.