Présidentielle 2002: l'avance de Chirac diminue

Depuis le mois d'octobre, les variations dans les intentions de vote présidentielle premier tour sont faibles. A gauche, Arlette Laguiller et Robert Hue sont toujours au coude à coude, recueillant chacun 6% des suffrages exprimés par les personnes "certaines d'aller voter". Le fait que la chef de file de Lutte Ouvrière, troisième personnalité politique la plus populaire dans la dernière vague du baromètre Ipsos-Le Point, devance au final le candidat communiste au premier tour, est toujours envisageable. Noël Mamère, lui aussi à 6%, baisse d'un point dans les intentions de vote, tandis que les candidatures d'Olivier Besancenot, investit par la Ligue Communiste Révolutionnaire, ou de Christiane Taubira-Delannon, mandatée par le PRG, ne décollent pas (0,5% chacun). Le statut de "troisième homme" accordé à Chevènement semble en revanche se confirmer. Le député-maire de Belfort reste le seul candidat, derrière Chirac et Jospin, à franchir le seuil des 10% (12%, +1). La structure de son électorat potentiel n'a pas beaucoup évolué en un mois.

Chevènement recrute toujours ses soutiens sur l'ensemble du spectre politique. Alors que sa popularité est en baisse chez les sympathisants de droite, il capte encore un peu plus de 10% des suffrages conservateurs au premier tour. Sociologiquement, son électorat reste aussi très marqué. Chevènement enregistre toujours ses meilleurs scores dans les couches les plus instruites et les plus favorisées. S'il est en progression chez les moins de 35 ans, sa candidature ne semble pas pour l'instant prendre dans les milieux populaires. S'il est encore loin d'atteindre les scores des deux têtes de l'exécutif, Chevènement est aujourd'hui le seul en mesure de brouiller le duel Chirac-Jospin annoncé. Les "seconds choix de premier tour" sont à ce titre révélateurs. S'ils changeaient d'avis, les "jospinistes" du premier tour serait 31% à choisir Chevènement, contre 24% qui voteraient pour Mamère, 12% pour Robert Hue et 12% pour Chirac. Symétriquement, le quart de l'électorat potentiel de Chirac donnerait sa voix en cas de changement d'avis à Chevènement, contre 16% à Jospin et Bayrou, et 13% à Pasqua et Madelin. Chevènement est aujourd'hui l'alternative la plus souvent citée, à droite comme à gauche.Avec 27% des intentions de vote exprimées, Jacques Chirac reste aujourd'hui assez largement en tête au premier tour. Toujours très fortement soutenu par les catégories traditionnellement conservatrices, le Président sortant bénéficie aussi du peu de prise des autres candidatures de droite. Bayrou reste, malgré l'annonce officielle de sa candidature, à 4% d'intentions de vote, tandis que Madelin et Pasqua perdent chacun un point (respectivement 3 et 2%).

Jospin, qui doit quant à lui composer avec une concurrence plus forte au sein de la gauche plurielle, reste stable à 22%. Les intentions de vote premier tour confirment enfin la bonne tenue de la candidature de Jean-Marie Le Pen, toujours crédité de 8% des suffrages exprimés, soit un score similaire à ceux que les instituts de sondages enregistraient en décembre 1995, pour finir à 15% le jour du scrutin. Le leader du Front National ne semble aujourd'hui pas trop souffrir de la scission de l'extrême droite (Mégret n'est crédité que de 1,5% des voix), et bénéficie toujours d'un certain crédit dans les milieux populaires, ouvriers en particulier, chez qui il capte 16% des suffrages exprimés.
De moins bons reports des voix de Le Pen vers Chirac valent au chef de l'Etat de voir son avance sur le Premier ministre au second tour diminuer. Chirac ne devancerait aujourd'hui plus Lionel Jospin que de deux points (51% contre 49%), contre 6 points le mois dernier (53/47). Le rapport de force reste en revanche stable en terme de souhait de victoire (trois personnes sur dix souhaitent la victoire de Chirac, 28% celle de Jospin, et un tiers des électeurs celle "d'une autre personnalité). Jacques Chirac a en revanche de plus en plus la faveur des pronostics (près de quatre électeurs sur dix pensent qu'il va gagner, contre un quart qui croit à la victoire de Jospin, et 16% à celle d'une autre personnalité).