Problèmes d'audition : les jeunes restent particulièrement exposés
L'enquête Ipsos/Reunica réalisée à l'occasion de la journée nationale de l'audition vise à prendre le pouls des opinions, attitudes, comportements des jeunes Français (13-25 ans) à l'égard des risques liés au bruit et des problèmes d'audition qui s'en suivent. Le constat est inquiétant : si les jeunes ont conscience du danger en la matière, rares sont ceux qui prennent leurs précautions. A partir de 19 ans, plus d'un jeune sur deux a même déjà vécu un problème d'audition.
Même si les jeunes relativisent les soucis d'audition par rapport à d'autres problèmes de santé, 37% éprouvent néanmoins un sentiment d'inquiétude et craignent d'être plus tard confrontés au problème. La prise de conscience est bien réelle : 96% des jeunes considèrent que le bruit peut avoir des conséquences sur l'audition, 93% savent que les bruits excessifs ou un niveau sonore trop élevé engendre des acouphènes, 92% déclarent que même jeune, on peut être atteint de surdité forte, 71% pensent qu'à tout âge (et dès la naissance), les capacités auditives peuvent être altérées. L'écoute des baladeurs, les concerts et les discothèques sont pointés du doigt en tant qu'activités les plus susceptibles de mettre en danger les capacités auditives.
C'est donc pour ainsi dire en connaissance de cause que les jeunes ne prennent pas de précaution particulière pour limiter leur exposition au bruit. 69% écoutent ainsi de la musique "tous les jours ou presque", et de manière intensive : plus de deux heures par jour pour un jeune sur trois, plus d'une heure par jour pour près des deux-tiers. La télévision, la radio et les jeux vidéo sont d'autres sources quotidiennes de bruit, mais au moins peut-on en limiter le volume. Ce qui n'est pas le cas des soirées en discothèques et des concerts, où le niveau est jugé "fréquemment excessif" par respectivement 56% et 40% des jeunes interrogés. La majorité des répondants juge également excessif – au moins "de temps en temps" – le niveau sonore dans les bars/cafés/pubs ou au cinéma.
Avec un tel niveau d'exposition et la quasi absence de précautions, rien d'étonnant à ce que la majorité des jeunes a déjà souffert des méfaits du bruit : 52% disent avoir ressenti de la fatigue ou de la lassitude, 42% des maux de tête et 29% des acouphènes (dont 7% fréquemment), après un concert, une soirée en boite ou après avoir écouté de la musique au casque. La fréquence des problèmes d'audition augmente avec l'âge, avec un inquiétant taux de 58% des 22-25 ans qui ont déjà ressenti "une douleur dans l'oreille, une sifflement, un bourdonnement ou une perte brusque d'audition" suite à une exposition sonore trop élevée. Dans ces cas là, le réflexe de la consultation médicale est très minoritaire : seuls 8% des jeunes confrontés à une douleur dans l'oreille ont consulté un médecin, contre un écrasante majorité qui "attendent que ça passe".
Dans ce contexte, force est de constater qu'on n'a pas encore trouvé les moyens d'une prévention efficace : 54% des jeunes se souviennent pourtant d'avoir entendu des informations et des messages de prévention, et parmi eux, une grande majorité déclarent y avoir été réceptifs : 91% assurent "ne pas écouter les baladeurs et MP3 trop fort", 58% évitent d'écouter "trop longtemps", 52% "ne se mettent pas trop près des enceintes" lors des concerts, 35% déclarent même "porter des bouchons d'oreilles quand le son leur paraît excessif". Mais à l'évidence il reste de chemin à faire pour étendre ce type de comportements à l'ensemble de la population exposée au bruit. 46% des jeunes se considèrent d'ailleurs "mal informés" des risques engendrés par l'écoute excessive de musique amplifiée. "L'école, le lycée, la fac" semble de loin le canal le plus pertinent pour informer les jeunes (70% de citations), devant "les medias" (35%), "la famille" (29%), "les médecins traitants" (29%), "les lieux où le bruit est important" (23%) ou "les réseaux sociaux" (22%). Les moments qui paraissent les plus favorables à la sensibilisation aux dangers du bruit semblent être "lors des visites médicales scolaires ou universitaires" (72% de citations) ou "pendant les cours de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre, 64% de citations). Quant aux bouchons d'oreille, à peine 13% des jeunes s'en sont vus proposer à l'entrée d'un concert ou d'une boite de nuit (17% chez les 22-25 ans), et seulement 8% ont pris l'habitude d'en porter. Il y a certainement là un levier pour améliorer les choses, puisque 42% des jeunes se déclarent "prêts à en porter systématiquement pendant la soirée, si on les distribuait gratuitement".