Quoi transmettre en 2010 ?
A une époque où tout s’efface si vite de l’actualité et où les rythmes de vie se sont accélérés, la question de la transmission acquiert une importance nouvelle. Comment garder une trace de son passage dans le flot continu ? Avec Internet, les possibilités de conservation se sont multipliées ; l’enquête réalisée par Ipsos Marketing pour Marketing Magazine tente de mieux appréhender cette tendance.
Fin novembre 2009, Thierry Ardisson annonçait en grandes pompes le lancement de son « mausolée virtuel » sur Internet. Son principe ? Rassembler, avec le soutien de l’INA, l’ensemble des émissions auxquelles il avait participé en vingt cinq ans de carrière afin de laisser une trace à ses proches ainsi qu’à son public. « Cette histoire de mausolée n’est pas seulement un coup de marketing. C’est vraiment une nouvelle manière de préparer ma mort » confia-t-il alors à la presse. Au-delà du geste narcissique, la démarche de l’animateur traduit une sensibilité émergente aujourd’hui. On la retrouve dans des lancements tels que celui du site Memory Life d’Orange ou celui de MyLifeBits de Microsoft. Et on le comprend. A une époque où tout s’efface si vite de l’actualité, et où les rythmes de vie se sont accélérés, la question de la transmission acquiert une importance nouvelle. Comment garder une trace de son passage dans le flot continu ? D’autant que les possibilités de conservation, avec Internet, se sont multipliées. L’enquête réalisée par Ipsos Marketing pour Marketing Magazine auprès d’un échantillon représentatif de 1000 personnes âgées de 15 ans et plus en janvier 2010, tente de mieux appréhender cette tendance. Transmettre fait-il aujourd’hui partie des préoccupations des individus ? Qui est vraiment concerné ? Et surtout : au-delà des images et des films, que désire-t-on transmettre aux générations futures ?
Transmettre : une aspiration transgénérationnelle
Le premier enseignement de l’étude est sans ambigüité. De facto, la transmission est une préoccupation centrale aujourd’hui. Ainsi, 59% des personnes interrogées déclarent-elles qu’il est « très important » pour elles de « transmettre, de laisser une trace de vous à vos proches (votre histoire, vos valeurs, des photos, des biens, etc.) ». Et 32% reconnaissent que c’est « assez important ». Seulement 7% de l’échantillon n’y accordent pas ou peu d’importance ! Si les femmes sont légèrement plus concernées que les hommes, cette préoccupation traverse les frontières de l’âge. Aujourd’hui, un étudiant qui n’a pas encore commencé sa carrière se dit tout aussi préoccupé qu’un retraité de ce qu’il va transmettre à ses proches.
Transmettre, d’accord, mais quoi ? A la question de savoir ce qu’ils aimeraient transmettre à leurs enfants – actuels ou futurs –, on constate que les individus disent vouloir transmettre un nombre important de choses. De cet ensemble où se mêlent éléments matériels et immatériels, se détachent clairement deux éléments : une « éducation, des règles de vie, un savoir-vivre » pour 85% d’entre eux et une « vision de la vie, des valeurs, des idées » pour 81%. Donner à la prochaine génération une direction pour le futur et des principes pour y faire face : voilà ce qui est plébiscité par la très grande majorité. Ensuite seulement viennent les éléments biographiques tels que « l’histoire de sa vie » (69%) ou les photos, les films ou enregistrements (60%). Et dans le contexte économique incertain d’aujourd’hui, les éléments matériels comptent également, même s’ils viennent en second lieu. 62% des personnes interrogées souhaitent transmettre des biens immobiliers (appartement, maison) et 61% de l’argent.
Ces éléments sont à comparer à ce que l’on attend que nos parents ou grands-parents nous transmettent. De ses parents, on attend avant tout une éducation (68%), des informations sur l’histoire familiale (64%) et des valeurs (62%). De ses grands-parents, c’est avant tout des notions de leur histoire et les supports qui en témoignent (photos, films).
La transmission : un marché au fort potentiel
Si le désir de transmettre est bien là, force est de constater que les personnes interrogées ne sont pas encore passées aux actes. Seules 34% d’entre elles, en effet, reconnaissent avoir déjà commencé à « s’organiser pour transmettre, laisser une trace d’eux-mêmes à leurs proches ». Et les plus de 55 ans ne sont que 44%... C’est dire le potentiel d’un marché où les solutions commencent à émerger. Internet jouera, à l’évidence, un rôle déterminant dans la transmission individuelle. On n’a pas fini d’entendre parler des « mausolées virtuels »…