Regards croisés des dirigeants et des salariés sur la crise dans leur entreprise
Plus d’un chef d’entreprise sur trois table toujours sur une baisse de son activité dans les 6 prochains mois (34%). Pour 24% d’entre eux, cette baisse d’activité devrait être modérée, et pour 10% importante. Si l’industrie reste le secteur le plus fortement touché (42%), le BTP est désormais dans la tourmente (39%). Premiers signes d’une normalisation de la situation, près d’un entrepreneur sur deux pense toutefois que son activité sera stable (47%). La part des entrepreneurs envisageant une phase de croissance reste quant à elle faible (15%).
Des chefs d’entreprise prudents dans leur diagnostic de la santé de leur entreprise. Certes les chefs d’entreprise se disent majoritairement optimistes quant au maintien de l’emploi dans leur entreprise (70%). Pourtant, avec seulement 13% de « très optimistes » et 25% de pessimistes, ces chiffres ne sont guère rassurants. Ils restent également très prudents quant au développement économique de leur secteur d’activité (50% d’optimistes dont seulement 3% de « très optimistes »). En revanche, ils se montrent clairement pessimistes en ce qui concerne l’augmentation des salaires ou du pouvoir d’achat de leurs salariés (57%) ou la capacité d’embauche de leur entreprise (62%).
Les salariés rejoignent les chefs d’entreprise sur leur diagnostic. Les salariés font globalement le même constat, et ce quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle. Ils sont optimistes à l’égard du maintien de l’emploi dans leur entreprise (77% dont 53% « plutôt ») et du développement économique de leur secteur (56% dont 50% « plutôt »). Mais ils font clairement preuve de pessimisme en ce qui concerne la capacité à embaucher de leur entreprise (70% dont 27% de « très pessimistes ») et surtout de l’augmentation de leur salaire ou de leur pouvoir d’achat (78% dont 33% de « très pessimistes »).
Salariés comme chefs d’entreprise ne prévoient pas de reprise avant un an. Chefs d’entreprise et salariés se rejoignent également sur le nombre de mois avant la reprise, avec une légère tendance à davantage d’optimisme chez les salariés (11 mois contre 13 mois selon les chefs d’entreprise).
Des salariés qui face aux mesures anti-crise prises dans leur entreprise se montrent pour le moment plutôt compréhensifs. Face à ces mesures, les salariés se montrent certes inquiets (19%) mais aussi motivés (18%), compréhensifs (17%) et solidaires (16%). Malgré les images médiatiquement très fortes de conflits du travail radicalisés, le mécontentement arrive assez loin (10%). Les salariés se montrent par ailleurs confiants dans la capacité de leurs dirigeants à faire face à la crise (69% dont 16% « tout à fait confiance »).
Un climat social qui pourrait très rapidement se détériorer avec la hausse du chômage. Aujourd’hui, la principale préoccupation professionnelle des salariés pour les 6 prochains mois est le maintien de leur emploi (30%). Si le pacte de confiance entre chefs d’entreprise et salariés tient pour le moment, c’est vraisemblablement parce que les entreprises ont encore majoritairement réussi à préserver l’emploi. Pour cette raison, près de 7 salariés sur 10 (69%) considèrent que le climat social actuel est bon dans leur entreprise. Mais si l’emploi n’est pas maintenu, la situation pourrait très rapidement dégénérer en conflit social : près d’un salarié sur deux (48%) déclare que si un mouvement de grève se développait au sein de son entreprise, il aurait envie d’y participer.
Des concessions temporaires sur les salaires. Si des concessions sont faites le temps de la crise, la patience et la compréhension ne seront plus les seules options lorsque la reprise économique s’amorcera. L’augmentation des salaires est la deuxième préoccupation des salariés après le maintien de l’emploi. C’est aussi l’élément sur lequel ils sont les plus pessimistes (78%). Avec un début de reprise, mobilisations et départs sont susceptibles de se multiplier.
Préparer la sortie de crise par la formation. Pour les salariés comme les chefs d’entreprise, dans le contexte actuel, la formation est avant tout un moyen de développer ses compétences pour préparer la sortie de crise (45% des chefs d’entreprise, 39% des salariés), d’autant plus qu’une majorité de chefs d’entreprise dit avoir, avec la crise, incité leurs salariés à développer de nouvelles compétences (60%).
Fiche technique :
SONDAGE EFFECTUE POUR : CESI en partenariat avec Liaisons sociales
DATES DU TERRAIN : Du 17 au 27 août 2009
ECHANTILLONS :
- Les salariés
1 000 salariés du secteur privé:
Echantillon représentatif de la population des salariés du secteur privé en termes de sexe, d’âge, de catégorie de commune et de région.
L’échantillon a été raisonné en fonction de la catégorie socioprofessionnelle (250 cadres, 250 professions intermédiaires, 250 employés, 250 ouvriers).
Lors du traitement des résultats, chaque catégorie a été remise à son poids réel afin d’assurer la représentativité des résultats.
Echantillon interrogé par internet
- Les chefs d'entreprise
400 chefs de PME (moins de 500 salariés):
L’échantillon a été raisonné pour disposer non seulement de dirigeants de petites structures mais aussi de structures plus importantes (160 chefs d’entreprise de 1 à 9 salariés; 60 de 10 à 49 salariés; 60 de 50 à 99 salariés; 600 de 100 à 249 salariés; 60 de 250 à 499 salariés).
L’échantillon a également été raisonné en fonction du secteur (100 chefs d’entreprise par secteur).
Lors du traitement des résultats, chaque catégorie a été remise à son poids réel afin d’assurer la représentativité des résultats.
Echantillon interrogé par téléphone