Salariés et chefs d'entreprises rivalisent de pessimisme pour 2012

La quatrième vague de l'Observatoire Social de l'Entreprise Ipsos / Logica Business Consulting, réalisé pour le CESI en partenariat avec le Figaro et BFM, n'incite pas à l'optimisme : les chefs d'entreprises comme les salariés sont de plus en plus nombreux à anticiper une baisse d'activité pour les mois à venir, et ne voient pas de reprise à court ou moyen terme. Les indicateurs sectoriels de santé des entreprises (stress au travail, salaires, développement du secteur d'activité, perspectives d'embauches) sont presque tous orientés à la baisse.

Chefs d’entreprises comme salariés sont bien plus nombreux qu’en 2010 à anticiper une baisse d’activité de leur entreprise dans les 6 mois à venir : leur moral est au plus bas.

Après une amélioration continue des perspectives de croissance depuis le deuxième semestre 2009 et la mise en place de ce baromètre, les perspectives s’assombrissent à nouveau aux yeux des chefs d’entreprise comme des salariés.

Les chefs d’entreprise ne sont plus que 18% à prévoir une croissance de leur activité dans les 6 mois à venir (-3 points par rapport à la dernière vague réalisée au 2ème semestre 2010). Mais surtout, la part des chefs d’entreprise qui prévoient une baisse d’activité augmente de manière importante (29% ; +10 points). Les chefs d’entreprise qui font les prévisions les plus sombres sont ceux du secteur de l’industrie (32% anticipent une baisse d’activité) et du BTP (35%).

Les salariés restent quant à eux moins pessimistes que les chefs d’entreprises, mais revoient également leurs prévisions de croissance à la baisse : 24% anticipent désormais une baisse d’activité dans leur entreprise (+10 points). La proportion de salariés qui tablent sur une hausse de l’activité chute quant à elle de 9 points pour s’établir à 28%. Les salariés les plus pessimistes sont ceux qui travaillent dans le secteur de l’industrie (36% anticipent une baisse d’activité et même « une baisse d’activité importante » pour 11% d’entre eux) et les plus optimistes ceux qui évoluent dans le commerce (35% anticipent une augmentation de l’activité).

L’assombrissement de ces perspectives de croissance fait écho à des prévisions de reprise toujours plus pessimistes

En moyenne, les chefs d’entreprise n’envisagent pas de reprise économique dans leur secteur d’activité avant presque deux ans (23 mois) . La reprise n’a jamais semblé aussi lointaine aux chefs d’entreprise depuis la mise en place de ce baromètre en 2009. Encore une fois, ceux qui évoluent dans le secteur de l’industrie sont les plus pessimistes : ils ne prévoient pas une reprise dans le secteur avant 29 mois en moyenne, soit presque deux ans et demi.

Quant aux salariés, s’ils sont toujours moins pessimistes que les chefs d’entreprise, ils revoient aussi leurs prévisions de reprise : ils pensent désormais qu’elle n’interviendra pas avant presqu’un an en moyenne (11 mois contre 6 mois au second semestre 2010). Les prévisions de reprise formulées par les salariés diffèrent assez peu selon leur profil et notamment leur secteur d’activité. Les hommes et les salariés plus âgés, traditionnellement mieux informés, sont légèrement plus pessimistes que la moyenne.

Pour les chefs d’entreprise comme les salariés, la crise de la zone euro risque donc très clairement d’impacter négativement leur secteur d’activité. Pour les chefs d’entreprise, cette crise dans la crise risque même d’avoir un impact plus sévère et durable que ce à quoi ils ont du faire face jusque là.

Dans ce contexte, les indicateurs sectoriels de santé des entreprises sont logiquement orientés à la baisse, aux yeux des chefs d’entreprise comme des salariés

Si les chefs d’entreprise restent majoritairement optimistes sur le maintien de l’emploi dans leur entreprise (72% ; +1), le niveau de stress des salariés (57% ; -6 points cependant) et la possibilité de proposer des formations à leurs salariés (56% ; +7), ils sont beaucoup plus pessimistes sur les items qui dépendent davantage du contexte économique. Ils ne sont plus que 45% (-5) à se dire optimistes sur le développement économique de leur secteur d’activité, 29% sur l’augmentation des salaires ou du pouvoir d’achat des salariés (+1) et 17% seulement sur la capacité à embaucher de leur entreprise (-4 points depuis décembre 2010, -10 points depuis août 2009).

Chez les salariés, l’optimisme recule sur l’ensemble des items testés. Il reste certes majoritaire sur le maintien de son emploi dans l’entreprise (75%) et le développement économique de son secteur d’activité (52%), mais la chute est réelle (respectivement -5 points et -11 points). Sur les autres indicateurs, l’optimisme est désormais minoritaire : sur les possibilités de bénéficier de formations (47% ; -4), le niveau de stress des salariés (38% ; -4), la capacité à embaucher de son entreprise (32% ; -6) ou encore sur l’augmentation de leur salaire ou de leur pouvoir d’achat (seulement 19% ; -5). Les salariés n’ont d’ailleurs jamais été aussi peu optimistes concernant l’augmentation de leur salaire ou de leur pouvoir d’achat.

Leur niveau de salaire est d’ailleurs leur principale préoccupation professionnelle pour les 6 prochains mois (cité en premier par 29% des répondants), juste devant le maintien de leur emploi (28%), signe que pour les salariés, la crise est sévère et génère de fortes inquiétudes de basculement dans la précarité et/ou le chômage. Chez les professions intermédiaires, le souci du maintien de son emploi augmente particulièrement fortement (29% ; +11). Il s’agit désormais de leur principale préoccupation, devant le niveau de salaire (27% ; -5). Chez les ouvriers, c’est vraisemblablement les contraintes sur le pouvoir d’achat qui priment : le niveau de salaire devient la principale préoccupation (32% ; +2), devant le maintien de son emploi (30% ; -4).
Les autres préoccupations sont beaucoup moins citées : les conditions de travail (13%), l’évolution professionnelle au sein de l’entreprise (13%), la recherche d’un nouvel emploi (10% ; 13% chez les cadres) ou encore le renforcement de ses compétences par la formation (7%).

Les chefs d’entreprise restent en revanche beaucoup plus optimistes que les salariés sur le climat dans leur entreprise : les différences de perception deviennent préoccupantes.

Les écarts de perception entre chefs d’entreprises et salariés sur la situation au sein de l’entreprise se confirment, et ont même tendance à augmenter.

Les chefs d’entreprise sont encore plus convaincus qu’il y a un an que la situation est bonne dans leur entreprise, qu’il s’agisse des relations entre les salariés et leurs supérieurs hiérarchiques (96% ; +3), du climat social en général (82% ; +5), de la charge de travail (82% ; +5), des rémunérations (78% ; +3) ou encore de l’emploi (65% ; +5). Ils ont vraisemblablement le sentiment de remplir leur part du contrat en maintenant l’emploi dans leur entreprise, et de faire au mieux compte tenu des circonstances difficiles.

Les salariés ont pourtant une vision beaucoup moins idyllique de la situation et ces écarts de perception, voire même cette incompréhension entre chefs d’entreprise et salariés sont préoccupants. Si les salariés considèrent toujours majoritairement que les relations avec leurs supérieurs hiérarchiques directs sont bonnes (75% ; -1), leur perception du climat social en général se dégrade (57% ; -4), tout comme celle des rémunérations (46% ; -2) et de l’emploi même (67% ; -4). Moins d’un sur deux considère que les salariés adhèrent aux grandes orientations de l’entreprise (48% contre 77% des chefs d’entreprise).

Ce hiatus est illustré par le fait qu’alors que 82% des chefs d’entreprise jugent le climat social bon dans leur entreprise, plus d’un salarié sur deux déclare que si un mouvement social se développait au sein de son entreprise, il aurait envie d’y participer (53% ; +5).

Auteur(s)

  • Etienne Mercier
    Etienne Mercier
    Directeur Opinion et Santé - Public Affairs
  • Amandine Lama - Directrice de Clientèle, Département Politique et Opinion, Public Affairs
    Amandine Lama
    Directrice de Clientèle, Département Politique et Opinion, Public Affairs

Articles liés

  • Ipsos | Sun'Agri | Agrivoltaïsme
    Energie Evènements

    Événement 24/02 | Ipsos et Sun'Agri au Salon de l'Agriculture 2025

    A l'occasion du Salon de l'Agriculture, Ipsos et Sun'Agri présenteront les résultats du Baromètre Agrivoltaïsme 2025.
  • Ipsos partenaire du Forum du Commerce Durable
    Société Evènements

    ÉVÉNEMENT - 21/01 | Ipsos partenaire du 1er Forum du Commerce Durable 2025

    Le mardi 21 janvier, le Palais de la Bourse à Lyon accueillera la première édition du Forum du Commerce Durable. Cet événement rassemblera 250 marques et plus de 50 experts du commerce durable. Ipsos, partenaire de l'événement, tiendra à cette occasion une conférence sur l'accompagnement stratégique en matière de développement RSE et business.
  • Ipsos Médias en Seine
    Société Evènements

    ÉVÉNEMENT - 14/01 | Ipsos partenaire de Médias en Seine 2025

    Ipsos participe à la 7ème édition de Médias en Seine qui se tiendra le 14 janvier à la Maison de la Radio et dans les locaux des Echos-Le Parisien. Cet événement rassemble experts, journalistes et spécialistes des médias pour débattre autour des enjeux du secteur. Cette année, le thème "Médias : l'ère des défis" interroge ses acteurs sur le rôle qu'ils jouent dans les dynamiques démocratiques, économiques et technologiques.