Travail : les salariés français face à une santé mentale dégradée

Après son émergence à l’occasion de l’épidémie de Covid-19, la question de la santé mentale des Français reste un sujet majeur dans le débat public, au point d’avoir été consacrée cause nationale par les Premiers ministres Michel Barnier puis François Bayrou. Le baromètre Santé mentale et QVCT réalisé par Ipsos pour Qualisocial auprès d’un large échantillon de 3000 salariés vise à mesurer l’état de la santé mentale au travail, son impact sur les salariés et les mesures de prévention prises par les entreprises et administrations pour y faire face, ainsi que leur impact.

Auteur(s)
  • Mathieu Gallard Directeur d'Études, Public Affairs
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La santé mentale des salariés, un sujet majeur dans le monde du travail

La santé mentale des salariés français reste relativement dégradée en 2025 : un sur quatre se déclare en mauvaise santé mentale (25%), un chiffre similaire à celui mesuré en 2024 (26%) : l’enchevêtrement des incertitudes sur le plan économique - poursuite des tensions sur le pouvoir d’achat -, politique - instabilité gouvernementale depuis la dissolution -  et géopolitique - poursuite des conflits en Ukraine et au Proche-Orient et élection de Donald Trump - n’a donc pas pu permettre d’amélioration sur ce point.

Cette dégradation de la santé mentale des salariés français touche plus particulièrement certains secteurs : les activités en contact avec le public ou les services publics sont les plus concernés par la mauvaise santé mentale des salariés, notamment les secteurs de l’hébergement médico-légal (34% des salariés de ce secteur se perçoivent en mauvaise santé mentale), de l’hébergement et de la restauration (30%) ou encore de l’administration publique (30%). A noter par ailleurs que les femmes sont sensiblement plus concernées par les difficultés en termes de santé mentale que les hommes, une situation qui s’explique en partie par des conditions de vie souvent plus dégradées (notamment en lien avec des salaires plus faibles et des familles monoparentales).  

Le principal facteur explicatif d’une mauvaise santé mentale est le manque de confiance en l'avenir : un salarié ayant une faible confiance dans l'avenir a 4,3 fois plus de probabilités d'être en mauvaise santé mentale qu’un salarié optimiste. L’impact d’une mauvaise santé mentale sur la motivation ou l’engagement professionnel est fort : les salariés en bonne santé mentale ont 2,4 fois plus de chances d’avoir une bonne concentration au travail et 1,7 fois plus de chances de recommander leur organisation. Le sujet est donc central pour les dirigeants.

La prévention des risques en matière de santé mentale, un atout pour les entreprises

La prévention en matière de santé mentale apparait comme un levier central afin d’améliorer le bien-être des salariés. Or, moins d'un salarié sur quatre (23%) bénéficie dans sa structure d'un plan de prévention complet permettant à la fois d’anticiper, de sensibiliser et d’accompagner les difficultés en termes de santé mentale. Plus d'un tiers des salariés (39%) n’ont même accès à aucune mesure préventive, un chiffre qui atteint 51% dans le secteur de l’enseignement, 52% dans le secteur des services aux particuliers et 59% dans les structures de moins de 10 salariés. Le secteur le plus engagé est celui de l’information et la communication, où 73% des salariés disent disposer d’au moins un type d’action de prévention contre les difficultés liées à la santé mentale. Ce chiffre est de 70% dans les structures comptant 250 à 4 999 salariés – mais il est légèrement plus bas dans les structures de 5 000 salariés et plus.

Pourtant, les effets des actions de prévention, lorsqu'elles sont mises en place, ont un impact très significatif : 83 % des salariés bénéficiant d'un plan de prévention complet estiment que cela a permis une amélioration de la santé mentale des salariés. Ainsi, les organisations mettant en œuvre un plan de prévention complet comptent 83% de salariés ayant une bonne santé mentale, contre 66% dans celles n’ayant mis en place aucune action. Plus largement, l’impact des plans de prévention en matière de santé mentale se fait aussi ressentir du l’engagement professionnel des salariés.

La bonne gestion de la QVCT comme levier essentiel de l’amélioration de la santé mentale des salariés

La Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) est devenue une priorité croissante pour les salariés en 2025 : ils sont plus de neuf sur dix à juger que le sujet devrait être un enjeu majeur pour leurs employeurs, et plus de huit sur dix pour le gouvernement. Ces chiffres reflètent des attentes élevées concernant l'amélioration des conditions de travail

Aux yeux des salariés, les piliers principaux de la QVCT que les organisations doivent prioriser afin d’améliorer la santé mentale de ses salariés sont la santé, la sécurité au travail et les conditions de travail (63%), les relations au travail et l'ambiance de travail (63%) ainsi que l'organisation du travail et les tâches au quotidien (56%). 

L’enquête confirme que lorsqu'une organisation met en place des mesures efficaces en matière de QVCT, l’impact est net sur les salariés. Les salariés travaillant dans une structure avec un très bon score de QVCT ont 1,5 fois plus de chances d’être engagées au travail que ceux évoluant dans une structure avec un très mauvais score. Ils ont aussi 2 fois plus de chances de recommander leur organisation. Surtout, ils ont 1,6 fois plus de chances d’évaluer positivement leur santé mentale (87% contre 53%)

Accéder à l'étude complète 


A propos de cette enquête

Enquête Ipsos pour Qualisocial menée en ligne du 3 au 9 décembre 2024 auprès de 3 000 salariés, constituant un échantillon représentatif des salariés des secteurs privé et public âgés de 18 ans et plus.

Auteur(s)
  • Mathieu Gallard Directeur d'Études, Public Affairs

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