Travailler demain : que veulent les Français ?
À l’occasion du Forum Elle Active Paris qui se déroule les 8 et 9 avril 2016 et qui a pour thème le travail des femmes dans 10 ans, Ipsos a interrogé 2023 personnes, hommes et femmes, constituant un échantillon représentatif de la population des actifs français de 18 ans et plus, pour faire un point sur leur situation au travail aujourd'hui, leurs perceptions des changements qui s'opèrent et leur vision du monde du travail dans 10 ans.
EN CE DÉBUT D’ANNÉE, LES FRANÇAIS ET LES FRANÇAISES FONT GRISE MINE AU TRAVAIL
Investis (36%), mais fatigués (39%) et stressés (30%) : c’est ainsi que se décrivent les Français et les Françaises dans leur travail actuel. A l’heure du burnout, les Français l’avouent… ils sont épuisés ! Et si les femmes actives sont encore plus fatiguées que les hommes (41% d’entre elles vs. 37%), c’est sans doute qu’avant et après leur journée de travail, elles doivent aussi assurer à la maison : selon les statistiques officielles (source Insee), elles continuent d’en faire beaucoup plus en termes de tâches domestiques (3h26 en moyenne, contre 2h pour les hommes).
Aussi, la note de satisfaction de 6 / 10 que les Français attribuent à leur travail actuel n’est pas très réjouissante !
Si les Français se disent optimistes quant au maintien de leur emploi (73%, sans différence entre hommes et femmes), ils sont bien plus sceptiques quant à leurs perspectives d’évolutions : seuls 48% d’entre eux sont optimistes quant à la prise de nouvelles responsabilités, 47% quant à leur capacité à changer de métier, 44% quant à leur capacité à trouver un travail, 40% quant à leur évolution, et seulement 27% concernant l’augmentation de leur rémunération. Sur ces questions de mouvement et d’évolution, les femmes se montrent encore plus pessimistes que les hommes, et notamment quand on parle d’augmentation de salaire : 31% des hommes se déclarent optimistes, contre seulement 23% des femmes.
Et pourtant, malgré la fatigue et ce sentiment d’être bloqués, les Français rêvent-ils secrètement de se « réinventer » au travail ?
LES FRANÇAIS, BEAUCOUP PLUS OUVERTS À LA FLEXIBILITÉ ET À LA MOBILITÉ QU’ON NE L’IMAGINE ?
Les Français bousculent les idées reçues cette année. Réalistes et conscients des difficultés, ils ont déjà vécu de nombreuses situations de remise en question : 37% d’entre eux ont déjà vécu une période de chômage (40% des femmes contre 35% des hommes), 34% ont déjà changé de métier, 28% ont déjà travaillé à temps partiel (40% des femmes contre 18% des hommes). Et ils sont prêts à le refaire ! 28% pourraient bien faire un nouveau métier, 24% travailler ou re-travailler à leur compte un jour, 18% travailler à temps partiel et 20% avoir plusieurs activités professionnelles au lieu d’une seule ! Preuve de cette mobilité, 30% des Français et des Françaises comptent changer de travail dans l’année à venir.
À noter que les femmes se montrent encore plus flexibles que les hommes : 30% d’entre elles pensent qu’elles feront un nouveau métier au cours de leur vie professionnelle (vs. 26% des hommes), 20% qu’elles travailleront à temps partiel (vs. 16%), 17% qu’elles reprendront des études (vs. 11%) et 17% qu’elles créeront leur propre activité (Vs. 13%). Est-ce par choix ou par contrainte ? Plus exposées que les hommes à la précarisation du travail, gagner en flexibilité, serait-ce la seule option pour elles ?
LES FRANÇAIS SONT BIEN CONSCIENTS DES ÉVOLUTIONS À VENIR ET LES PERÇOIVENT PLUTOT POSITIVEMENT
61% des Français ont vu éclore et s’installer de nouveaux entrants sur le marché de l’entreprise dans laquelle ils travaillent et la plupart d’entre eux sont d’ores et déjà conscients de l’impact de ces nouveaux concurrents et des nouvelles technologies : 30% estiment qu’ils concurrencent déjà leur entreprise et 11% pensent que la survie de leur entreprise est déjà en danger.
Néanmoins, loin de se replier sur eux-mêmes face à ces changements, les Français les accueillent plutôt positivement : s’ils considèrent que tout le monde sera obligé d’en passer par là, de s’adapter aux changements (86%), ils accueillent cette nouvelle étape comme un défi (49%) voire comme une opportunité (16%). Seuls 35% d’entre eux avouent subir ces changements ou les craindre.
L’ouverture à ces changements dépend bien sûr de l’âge : s’ils sont vécus comme une opportunité pour 26% des 18-24 ans, ils seront davantage subis par les plus âgés (35% des 45-59 ans et 37% des 60 ans et plus).
Tout compte fait, même si les Français ont conscience que les changements liés aux nouvelles technologies vont créer un décalage entre les plus jeunes et les plus âgés (84%), la majorité d’entre eux pense aussi qu’ils peuvent aider à relancer la croissance économique en France (56%). La révolution est en marche et les Français semblent prêts à la vivre.
À noter néanmoins que les hommes semblent légèrement moins craintifs face à ces évolutions : ils voient plus volontiers ces changements comme une aide à la relance de la croissance économique en France (59% contre 53% des femmes) et une chance pour des profils comme les leurs (52% vs. 46% des femmes).
Cette crainte légèrement plus importante chez les femmes s’explique aussi par un plus grand scepticisme quant aux évolutions à venir, s’agissant des questions qui les concernent directement :
78% d’entre elles souhaitent que les discriminations à l’embauche s’amenuisent, mais seules 36% pensent que cela est probable (vs. 41% des hommes).
Lorsqu’on leur demande si les hommes et les femmes seront plus égaux au travail, 89% des femmes le souhaitent mais seulement 47% pensent que cela pourrait arriver dans les 10 ans à venir (vs. 54% des hommes).
MOBILITÉ, FLEXIBILITÉ, INDÉPENDANCE : DES VOIES POSSIBLES POUR LE TRAVAIL DE DEMAIN ? FOCUS SUR LES 18-35 ANS
Plus que l’ensemble des Français, la jeune génération incarne les changements à venir : des évolutions qu’ils anticipent et ne craignent pas !
La création d’entreprises ne leur fait pas peur : 34% des moins de 35 ans pensent qu’ils travailleront un jour à leur compte (vs. 24% de l’ensemble des Français). Et d’ailleurs, plus de la moitié d’entre eux (55%) pensent qu’il est souhaitable que de plus en plus de gens travaillent à leur compte dans les 10 années à venir.
La flexibilité est aussi un aspect important de cette révolution dans le travail : en moyenne, les plus jeunes pensent exercer encore 2,7 métiers différents dans leur carrière professionnelle à venir, et 40% d’entre eux pensent qu’ils feront un nouveau métier à court ou moyen terme. Tout juste diplômés, 21% pensent qu’ils reprendront une formation dans les années à venir (vs. 14% de l’ensemble).
Néanmoins, même s’ils attendent ces évolutions, ils sont également conscients que les changements seront rapides et nécessiteront une certaine agilité de la part des actifs : 75% des moins de 35 ans pensent qu’il est probable que les gens soient obligés de se former en continu afin d’être toujours au fait des dernières tendances et technologies.
Plus qu’une opportunité, les évolutions liées aux nouvelles technologies seront une chance pour les jeunes actifs qui maîtrisent mieux ces outils : 54% d’entre eux pensent qu’elles vont leur permettre de s’épanouir dans leur vie professionnelle (vs. 49% de l’ensemble des Français) et 55% d’entre eux pensent qu’elles seront une chance pour des profils comme les leurs (Vs. 49% de l’ensemble).
Tout compte fait, l’avenir du travail ne serait-il pas ailleurs que dans l’entreprise dans ses formes les plus classiques ? Ou dans une entreprise renouvelée, n’exigeant pas la présence de ses salariés, leur permettant de travailler à distance ou depuis des espaces de co-working ? Et si l’avenir appartenait à une myriade d’indépendants ? Les Français, et notamment les plus jeunes, semblent prêts.
Enquête Ipsos réalisée pour le forum ELLE Active. Terrain online réalisé du 1er au 9 mars 2016 auprès de 2023 personnes, hommes et femmes, constituant un échantillon représentatif de la population française active de 18 ans et plus.