79% des jeunes se disent intéressés par la thématique du réchauffement climatique
Dans un contexte où les décideurs politiques, les pouvoirs publics, les acteurs de la société civile et les citoyens vont devoir relever l’un des plus grands défis de notre temps - celui de la transition énergétique et écologique – le Collège de France a souhaité mener une étude auprès des jeunes Français pour mieux appréhender leur rapport à la science et au réchauffement climatique. La jeunesse a-t-elle confiance dans les scientifiques ? Est-elle intéressée par les différents enjeux scientifiques du XXIème siècle ? Dans quelle mesure est-elle préoccupée par le réchauffement climatique ? Quel est son niveau de connaissance sur le sujet et à quel point est-elle victime de la circulation de fausses informations ? Enfin, comment s’informe-t-elle et par quel moyen améliorer la transmission directe entre les organismes de recherche et les jeunes ?
Chiffres clés de l’étude
- 47% des jeunes pensent que la réalité du réchauffement climatique n’a pas été démontrée scientifiquement
- 55% pensent que l’énergie nucléaire contribue autant au réchauffement climatique que le gaz ou le charbon
- 46% déclarent ne pas bien connaître la signification de l’expression « gaz à effet de serre »
- 55% déclarent ne pas bien connaître la signification de l’expression « empreinte écologique »
POURTANT…
- 80% ont confiance dans les chercheurs pour donner des informations objectives sur les enjeux scientifiques
- 79% se disent intéressés par la thématique du réchauffement climatique
- 44% citent le réchauffement climatique parmi leurs principales préoccupations (en tête devant le pouvoir d’achat : 41%)
Alors même qu’ils expriment une certaine défiance vis-à-vis des décideurs politiques, les jeunes de 18-35 ans ont confiance dans les chercheurs, et sont intéressés par les grandes thématiques scientifiques contemporaines. Parmi ces thématiques, le réchauffement climatique tient une place particulière : c’est à la fois le sujet scientifique qui suscite le plus d’intérêt chez eux et la thématique sociétale qui les préoccupe le plus (devant le pouvoir d’achat).
Pour autant, leur connaissance sur ce sujet s’avère assez limitée. D’une part, ils ne maîtrisent pas le vocabulaire qui permet d’appréhender les débats (« transition énergétique, neutralité carbone… »), d’autre part ils sont victimes des nombreuses fausses informations qui circulent. Ainsi par exemple, près de la moitié des jeunes pensent que le réchauffement climatique n’a pas été démontré scientifiquement (47%). Les jeunes admettent d’ailleurs eux-mêmes se sentir perdus face aux informations qui leur parviennent.
Et pour cause, les supports d’information qu’ils utilisent pour s’informer sur les sujets scientifiques peuvent potentiellement être propices à la diffusion de contenus très subjectifs. C’est le cas notamment des chaînes YouTube, ou des comptes de personnalités sur les réseaux sociaux.
Le réchauffement climatique, première préoccupation des 18-35 ans
Une large majorité des jeunes exprime un intérêt pour les thématiques scientifiques, au premier rang desquelles le réchauffement climatique
Parmi les thématiques scientifiques qui suscitent le plus d’intérêt chez les jeunes, c’est le réchauffement climatique qui arrive en tête, avec près de 4 jeunes sur 5 se déclarant intéressés (79%, 40% très intéressés). Viennent ensuite la médecine (73%, 30% très intéressés) et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (71%, 27% très intéressés).
A noter que l’ensemble des autres thématiques scientifiques présentées dans l’étude (10 au total ) suscitent l’intérêt d’une large majorité de jeunes, ce qui suggère que la science reste pour eux un objet attrayant et source de curiosité. Ainsi par exemple 7 jeunes sur 10 se disent intéressés par le sujet de la biodiversité (70%), 68% par l’intelligence artificielle et 64% par la transition énergétique, à égalité avec la génétique.
Plus généralement, il s’agit de la thématique sociétale qui les préoccupe le plus, devant le pouvoir d’achat et les inégalités sociales
Au-delà du cadre scientifique, le réchauffement climatique est au cœur des préoccupations des jeunes. Concrètement, il s’agit de la préoccupation sociétale la plus citée parmi les 18-35 ans (44%), devant le pouvoir d’achat (41% ; 47% néanmoins chez les jeunes qui ont un niveau d’études inférieur au bac et le placent en premier), l’éducation (34%), les inégalités sociales (34%) ou encore le terrorisme (29%). Malgré les impacts de la crise sanitaire sur la jeunesse, le système de santé et les grandes épidémies n’arrivent respectivement qu’en 7ème et 9ème position de leurs préoccupations (avec des scores de 25% et 20%).
Au cours des groupes qualitatifs, les jeunes participants font ainsi part de leurs sentiments de colère, d’inquiétude, de tristesse et d’impuissance face à ce sujet, certains partageant même une angoisse allant jusqu’à l’éco-anxiété.
Une réelle confiance des jeunes à l'égard des scientifiques, à rebours de leur défiance vis-à-vis des grandes institutions de la vie politique
La plupart des jeunes ont confiance dans les chercheurs, mais aussi dans une moindre mesure dans les associations et journalistes scientifiques
Les jeunes considèrent qu’il est important de suivre les débats entre experts scientifiques pour comprendre les évolutions de la société actuelle (81%). C’est le cas tout particulièrement parmi les plus diplômés (91% des jeunes avec au moins un bac+3), mais une très large majorité de jeunes partage cet avis y compris parmi ceux qui ont un niveau de diplôme inférieur au bac (69%). Pour la jeunesse, les chercheurs occupent donc un rôle essentiel dans la transmission de l’information.
Cette perception est rendue possible par la crédibilité accordée au discours scientifique. De fait, quatre jeunes sur cinq déclarent faire confiance dans les chercheurs pour leur donner des informations objectives sur les grands enjeux de la recherche scientifique (80%), un score particulièrement élevé surtout au regard de la défiance suscitée par les décideurs politiques. En effet, seule une minorité de jeunes fait confiance aux députés spécialisés dans les questions scientifiques (47%) et au gouvernement (43%) pour donner des informations objectives sur les enjeux scientifiques. Cette tendance s’exprime d’ailleurs de manière similaire en population générale au-delà du cadre scientifique.
Parmi les autres acteurs en qui les jeunes ont confiance, on retrouve les médecins (82%), avec qui ils entretiennent une relation de proximité directe, et dans une moindre mesure les associations (73%) et les journaliste scientifiques (59%). En revanche seule une minorité dit accorder sa confiance aux bloggeurs et influenceurs scientifiques(40%).
...Malgré un renforcement des clivages pendant la crise sanitaire
La période de crise sanitaire a été marquée par des attentes très fortes à l’égard de la communauté scientifique, ce qui s’est traduit notamment par leur exposition médiatique. Cela a permis de mettre en avant le rôle des chercheurs dans la société, mais a également rendu visible certains désaccords au sein de la profession. In fine, si près d’un jeune sur deux estime que la crise sanitaire a renforcé sa confiance dans les scientifiques (49%), plus d’un sur trois considère qu’elle l’a amoindrie (36%). A noter d’ailleurs que si l’image des scientifiques reste très majoritairement positive, la question de leur indépendance suscite quelques réserves. En effet un peu plus d’un tiers des jeunes estime que les scientifiques se laissent influencer par les groupes de pression, les pouvoir publics et les entreprises (35%).
... Et un manque d'incarnation de la science et de la recherche
A l’exception des scientifiques et experts du champ médical ayant pris la parole à l’occasion de la pandémie, avec les limites précédemment évoquées, les jeunes participants aux groupes, pourtant intéressés par la science en général, font le constat du manque de présence de scientifiques et chercheurs bien identifiés dans l’espace public. Ils ont d’ailleurs le plus grand mal à citer des noms de figures contemporaines, leurs connaissances se trouvant bien souvent limitées à des souvenirs scolaires.
Toutefois, des connaissances très limitées sur le réchauffement climatique, notamment sur les enjeux de la transition énergétique
Les jeunes s’avouent pour beaucoup perdus face aux sujets de la transition énergétique : ils disent manquer d’informations, douter ou encore penser qu’on leur cache des choses
Malgré leur intérêt pour les questions climatiques et leur confiance dans les scientifiques, les jeunes se sentent pour beaucoup déboussolés face aux informations qui leur parviennent. En effet une large majorité considère qu’il est difficile de se faire une opinion sur la gravité des conséquences du réchauffement climatique (67%) et reconnait avoir du mal à comprendre les enjeux de transition énergétique (63%). Ces doutes reposent sur un déficit de connaissances scientifiques permettant de différencier le vrai du faux. Dans le détail, plus des deux tiers déclarent manquer d’informations scientifiques sur le réchauffement climatique (69%), près des trois quarts d’entre eux ont le sentiment que sur ce sujet on entend tout et son contraire (72%) et qu’on leur cache des choses (73%).
Ils reconnaissent d'ailleurs ne pas maîtriser le vocabulaire permettant d'appréhender les débats sur le réchauffement climatique
Si les jeunes ont des difficultés à comprendre les enjeux du réchauffement climatique, c’est en partie parce qu’ils ne disposent pas des clés pour appréhender les débats. Ainsi, 46% déclarent ne pas bien connaître la signification du terme « gaz à effet de serre », voire même ne pas connaître le terme en lui-même (11%). De même, 55% déclarent ne pas bien connaître la signification du terme « empreinte écologique » voire ne pas connaître ce terme (16%). Enfin plus deux tiers déclarent ne pas bien connaître la signification du terme « neutralité carbone » (69%) voire ne pas connaître ce terme (27%). Même l’expression de « développement durable » n’est pas claire pour une partie importante des jeunes (42%). Ces termes sont certes mieux compris des plus diplômés, mais pas totalement maîtrisés non plus : seule une minorité de Bac+3 et plus comprennent bien la signification des termes « transition énergétique » (48%), « neutralité carbone » (39%), « décarbonation » (34%) ou encore « mobilité décarbonée » (28%) par exemple.
D’ailleurs, s’ils jugent les informations qui leur parviennent sur le réchauffement climatique intéressantes (76%) et scientifiquement fondées (69%), les jeunes sont plus partagés sur le fait qu’elles soient pédagogiques (61%) et incontestables (62%).
Contrairement à ce qu’ils pensent, ils absorbent de nombreuses fausses informations, en particulier sur les enjeux de transition énergétique
En résulte une connaissance très limitée et biaisée sur le réchauffement climatique et ses enjeux. Ainsi, 55% des jeunes pensent que l’énergie nucléaire contribue autant au réchauffement climatique que le gaz ou le charbon (contre 34% qui savent que c’est faux et 11% qui déclarent ne pas savoir). Les plus diplômés sont d’ailleurs aussi nombreux à le penser (55% des Bac+3 et plus) que les moins diplômés (55% des niveaux d’études inférieurs au Bac).
Près de la moitié pensent par ailleurs que le rôle de l’activité humaine sur le réchauffement climatique n’est pas démontré scientifiquement (44% contre 46% qui savent que cela a été démontré et 10% qui ne savent pas). Plus inquiétant encore, près de la moitié pensent que la réalité du réchauffement climatique n’a pas été démontrée scientifiquement (47% contre 44% qui savent que cela a été démontré et 9% qui ne savent pas). Les plus diplômés sont à peine moins nombreux à le penser (43% des Bac+3 et plus contre 49% des niveaux d’études inférieurs au Bac).
Finalement, si la plupart savent qu’un réchauffement de 2°C au niveau global aurait des conséquences désastreuses sur la planète (69%), ils ont beaucoup de mal à appréhender les débats orientés sur les potentielles solutions.
Pour s'informer, des supports vidéo en ligne dans un format court
Une multiplication des sources, qui semble participer au sentiment de confusion
Et pour cause, les supports d’information qu’ils utilisent pour s’informer peuvent-être considérés comme potentiellement vecteurs de contenus très subjectifs. C’est le cas notamment des chaînes YouTube, que trois quarts de jeunes déclarent regarder régulièrement pour s’informer sur les sujets scientifiques (74%, 40% souvent), ou encore des réseaux sociaux (69%, 35% souvent). Sur ce type de plateformes, la fiabilité des informations diffusées est très variable. Les jeunes s’informent par ailleurs sur les sujets scientifiques via d’autres sources (chaines télévisées : 68%, Google actualités : 66%, média en ligne classiques : 62%, ou encore journaux et magazines papiers : 48%) mais la multiplication des sources semble davantage alimenter leur sentiment de confusion que les aider à avoir un regard critique sur les contenus.
De fait, le décryptage des pratiques relatives à la recherche et consommation d’information scientifique lors des groupes qualitatifs montre également ces phénomènes d’éparpillement et de multiplication des sources d’information, au profit des plateformes et réseaux sociaux. Les algorithmes jouent alors un rôle déterminant quant à la teneur des contenus consommés. Un biais dont les participants sont bien conscients, ce qui ne les empêchent pas de faire montre d’une certaine assurance quant à leur capacité à se prémunir des fake news. Leur statut de « digital natives » et leur maîtrise « technique » des canaux semblent les amener à considérer qu’ils sont en capacité de discriminer l’information et d’éviter les manipulations.
Une préférence pour les contenus audiovisuels courts
Lorsqu’ils souhaitent s’informer sur un sujet scientifique, les jeunes préfèrent s’orienter vers une vidéo (57%) davantage qu’un article (33%) ou un podcast (10%). Ils plébiscitent des formats courts (22% quelques dizaines de secondes et 49% quelques minutes contre 24% quelques dizaines de minutes et seulement 5% plus d’une heure) avec des graphiques et des chiffres (78%).
Les réunions de groupe confirment que ces formats vidéo courts s’adaptent en effet à leurs pratiques de consommation de contenus en ligne, qui s’effectuent en grande partie sur leur smartphone, en mobilité, et donc dans un contexte d’attention très limitée. Des plateformes comme Brut ou Loopsider, des Youtubeurs comme Hugo Décrypte sont ainsi plébiscités quant aux formats et aux codes qu’ils utilisent : une information allant à l’essentiel, des montages dynamiques renforcés par une bande sonore à l’avenant, des chiffres-clés en surimpression, etc. avec parfois la possibilité d’accéder à un contenu approfondi si souhaité.
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