À deux ans des élections municipales de 2026 à Paris, Rachida Dati est en position de force

Ipsos a interrogé pour La Tribune Dimanche les Parisiens sur leur ressenti vis-à-vis du bilan d’Anne Hidalgo, leur perception des potentiels candidats et leurs intentions de vote. Si, à une telle distance du scrutin et alors que la campagne électorale est loin d’avoir commencé et que l’offre de candidatures n’est pas fixée, cette étude n’est en rien prédictive des résultats, elle montre que la ministre de la Culture aborde le scrutin en position de force.

Auteur(s)
  • Pierre Latrille Chef de Groupe, Public Affairs
  • Mathieu Gallard Directeur d'Études, Public Affairs
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La ministre de la Culture nettement en tête au premier tour quelle que soit l’hypothèse de candidatures

Rachida Dati arriverait nettement en tête du premier tour avec entre 30% et 38% des intentions de vote selon les hypothèses de candidatures. Elle bénéficierait ainsi de 38% des voix si elle était à la tête d’une liste Renaissance-MoDem-Horizons-Les Républicains, qu’elle soit face à Anne Hidalgo ou à Emmanuel Grégoire comme candidats PS-PCF. En cas de liste concurrente Les Républicains conduite par Francis Szpiner, elle obtiendrait 33% à 34% des suffrages, contre 8% à 9% pour la liste du Sénateur LR de Paris. Enfin, si, en plus de LR, Horizons présentait une liste indépendante menée par Pierre-Yves Bournazel, la liste de Rachida Dati recueillerait au niveau municipal 30% des voix - et la liste Horizons 4%. La potentielle tête de liste de la majorité présidentielle à Paris bénéficie à ce stade du double avantage d’être plébiscitée par les sympathisants Renaissance-MoDem-Horizons et de bénéficier du vote d’une partie importante des électeurs LR, même si elle fait face à une liste menée par Francis Szpiner.

A noter que s’il conduisait la liste Renaissance-MoDem-Horizons, Gabriel Attal ferait sensiblement moins bien que sa ministre de la Culture : 28%, contre 34% pour Rachida Dati dans l’hypothèse de candidatures comparable.

Dans ces différentes hypothèses de candidatures au premier tour de l’élection municipale, les listes de gauche cumuleraient entre 41% et 43% des intentions de vote, soit un score très proche des 44,7% réunis par les listes PS-PCF, EELV et FI en 2020. Toutefois, la division en trois blocs de forces comparables est beaucoup plus nette qu’il y a 4 ans. La liste Les Ecologistes menée par Yannick Jadot arriverait en tête de la gauche dans les 7 hypothèses testées avec entre 17% et 18% des intentions de vote. Avec entre 12% et 16% des suffrages, la liste PS-PCF serait en net recul par rapport à son résultat de 2020 (29,3%) et distancée de 2 à 6 points par Les Ecologistes. A noter que s’il menait cette liste, le premier adjoint Emmanuel Grégoire ferait très légèrement mieux que Anne Hidalgo : 1 ou 2 points de plus dans les hypothèses comparables. Enfin, la liste FI menée par Danielle Simonnet est créditée de 9% à 11% des intentions de vote, soit le double de son score de 2020 (4,6%).

De l’autre côté de l’échiquier politique, la liste du Rassemblement national rassemblerait entre 10% et 12% des intentions de vote, soit une véritable percée par rapport aux 1,5% de 2020, et le meilleur résultat pour le parti d’extrême-droite lors d’élections municipales à Paris, devant le précédent record de 9,8% pour la liste menée par Martine Lehideux en 1995. 

Rachida Dati est préférée à l’ensemble de ses concurrents potentiels à gauche

Malgré la stabilité globale du bloc de gauche par rapport à 2020, Rachida Dati semble à ce stade bénéficier d’une nette préférence parmi les électeurs : interrogés pour savoir s’ils préfèreraient que la maire actuelle ou la ministre de la Culture arrive à la tête de l’Hôtel de Ville en 2026, 46% des Parisiens choisissent Rachida Dati, contre 25% Anne Hidalgo. Une partie importante des électeurs des listes FI et EELV au premier tour font porter leur préférence sur Rachida Dati (respectivement 29% et 14%) ou préfèrent ne pas choisir (39% et 33%). Par ailleurs, Rachida Dati devance aussi nettement deux autres concurrents putatifs à gauche : 46% la préfèrent par rapport à Emmanuel Grégoire (19%), et 44% par rapport à Yannick Jadot (29%).

A noter que comme dans les intentions de vote, Gabriel Attal fait moins bien que Rachida Dati : 36% des Parisiens le préfèrent comme prochain maire contre 26% pour Anne Hidalgo, un différentiel de 10 points alors que la ministre de la Culture bénéficie d’un différentiel de 21 points.

Anne Hidalgo souffre de la perception majoritairement négative de son bilan

Les difficultés de la maire sortante s’expliquent notamment par le jugement majoritairement négatif que portent les Parisiens sur son bilan : seuls 33% se montrent satisfaits du travail accompli, contre 67% qui en sont mécontents (dont 40% « très mécontents »). Si la satisfaction est relativement forte parmi ceux qui avaient voté pour les listes PS-PCF d’Anne Hidalgo au premier tour de l’élection municipale de 2020 (68%), les niveaux sont plus mitigés chez les électeurs des listes FI de Danielle Simonnet (58%) et EELV de David Belliard (54%). Quant aux Parisiens qui avaient voté pour les listes PRG de Cédric Villani (29%), LREM-MoDem d’Agnès Buzyn (23%) et surtout LR de Rachida Dati (5%), ils sont sans surprise particulièrement peu satisfaits de l’action de la municipalité sortante.

Dans ce contexte, Anne Hidalgo souffre d’une image personnelle très clivante : 24% des Parisiens ont une bonne opinion à son égard, contre 68% une mauvaise opinion. En comparaison, si Rachida Dati est elle aussi majoritairement rejetée, le différentiel est nettement moins négatif : 41% de bonnes opinions contre 47% de mauvaises. L’image de Yannick Jadot est relativement équilibrée, mais cependant moins bien établie : si 34% des Parisiens ont une bonne image de l’ancien candidat écologiste à l’élection présidentielle de 2022 contre 38% une mauvaise opinion, plus du quart (28%) n’ont pas d’opinion bien établie à son égard. Quant à Danielle Simonnet, Emmanuel Grégoire, Pierre-Yves Bournazel et Francis Szpiner, ils souffrent avant tout d’un fort déficit de notoriété à deux ans de l’élection municipale : respectivement 63%, 67%, 71% et 72% ne les connaissent pas suffisamment pour avoir une opinion à leur égard.

 


A propos de cette enquête

Enquête Ipsos pour La Tribune Dimanche, menée en ligne auprès de 822 personnes, constituant un échantillon représentatif de la population parisienne inscrite sur les listes électorales, âgée de 18 ans et plus, du 18 au 22 mars 2024.

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  • Pierre Latrille Chef de Groupe, Public Affairs
  • Mathieu Gallard Directeur d'Études, Public Affairs

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