Européennes : les implications en Espagne
Allemagne, Italie, Espagne, UK, République Tchèque et Suède : les expertises politiques du Groupe Ipsos se sont mobilisées pour décrypter l’impact des élections Européennes sur leur pays. Trois questions : taux d’abstention, implication des élections sur le pouvoir en place, montée de l’euroscepticisme. Trois réponses à découvrir ci-dessous. Troisième de la série : l’Espagne. Par Rafael Raga, Ipsos.
Doit-on s'attendre à une abstention record en Espagne lors de ces élections ? Pourquoi ?
« Depuis les premières élections au Parlement européen organisées en juin 1987, les taux d'abstention en Espagne n'ont cessé de croître et la tendance s'est confirmée depuis, jusqu'à atteindre 60 % de taux d'abstention lors des deux derniers suffrages de juin 2004 et juin 2009. Nous ne devons pas nous laisser leurrer par la participation élevée enregistrée en juin 1994 et en juin 1999, due exclusivement à la tenue simultanée d'autres élections.
Compte tenu de cette tendance historique, nous ne serions pas étonnés de constater un faible taux de participation aux élections de mai 2014, même s'il est certain que l'état d'esprit actuel de l'électorat suffit à comprendre la faible intention de vote. Cette réticence s'explique notamment par un fort désaveu de la classe politique, dû principalement à la corruption, aux mesures inefficaces de lutte contre le chômage et aux tentatives restées sans effet pour sortir le pays de la crise. »
Comment se présentent ces élections pour le ou les partis au pouvoir en Espagne ?
« Les partis politiques espagnols ont une nette tendance à se dédouaner de toute responsabilité face à des conséquences négatives et à accabler leurs opposants. Si les résultats des prochaines élections confirment la tendance qui se dégage des différentes études, le parti au pouvoir (Parti Populaire, bénéficiant de la majorité absolue) essaiera de justifier les résultats en les embellissant et de les tourner en sa faveur, afin que l'opinion publique demeure positive quant à son action politique. »
Les forces eurosceptiques espèrent réaliser une percée en Europe. L’Espagne sera-t-elle concernée par cette tendance ?
« À l'heure actuelle, il ne semble pas affecté (ou très peu) par cette tendance. L'immense majorité des Espagnols souhaite que le pays reste dans l'Union européenne. Par ailleurs, on constate une certaine désillusion face aux politiques européennes supposées contribuer à une sortie de crise. De nombreux Espagnols pensent qu'une multitude de mesures ont quelque peu désavantagé notre pays ainsi que les autres pays du sud de l'Europe au bénéfice des états plus puissants. »