Inégalités femmes-hommes à l’hôpital : des discriminations professionnelles toujours trop fréquentes et des violences sexistes banalisées
Pour la 4ème année consécutive, Ipsos dévoile le baromètre Donner des ELLES à la santé – Janssen. dresse un bilan de la situation des femmes médecins à l’hôpital, alerte sur les difficultés auxquelles elles font face et donne des pistes de mesures pour y remédier. Cette année encore, le constat reste sans appel : les inégalités Femmes - Hommes sont toujours tristement d’actualité. Discriminations, violences sexistes et sexuelles, comportements inappropriés banalisés incitent toujours les femmes à se mettre en retrait. Dans les signaux encourageants, notons toutefois que plus d’un médecin hospitalier sur deux se dit aujourd’hui prêt à se mobiliser en lançant la démarche Égalité dans son établissement (55%).
Des discriminations professionnelles à l’encontre des femmes toujours trop importantes !
Les discriminations constatées par les médecins sont toujours élevées, avec une importante asymétrie dans la perception entre les femmes et les hommes
- 60% des femmes considèrent que les hommes sont davantage sollicités dans les activités de représentation (conférences, réunions institutionnelles…etc.) (vs 31% des hommes)
- 62% des femmes pensent qu’à travail égal les hommes sont plus valorisés que les femmes (vs 22% des hommes)
- 55% des femmes déclarent qu’il est dit aux femmes médecins que la maternité et la vie de famille les empêcheront de postuler des postes à responsabilités (vs 27% des hommes)
- 34% des femmes déclarent qu’il est dit aux femmes médecins qu’elles ont moins de capacités que les hommes (résistance physique, abnégation, rigueur, habileté…etc.) (vs 17% des hommes)
- 38% des femmes déclarent qu’il est dit aux femmes médecins qu’elles ne sont pas faites pour les postes universitaires (vs 10% des hommes).
Au cours de leur carrière, 82% des femmes se sont senties discriminées du fait de leur sexe.
L’internat est la période de leur parcours la plus difficile : 56% des femmes déclarent s’y être senties discriminées.
Une satisfaction professionnelle qui ne cesse de décroître ces dernières années
En 2023, 74% des médecins hospitaliers se déclarent satisfaits de leur vie professionnelle, mais cette satisfaction est en baisse constante depuis 2021 (82% en 2021 ; 77% en 2022).En revanche, seuls 21% des médecins hospitaliers se déclarent pleinement satisfaits de tous les aspects relatifs à leur vie professionnelle. L’écart entre les femmes et les hommes se réduit. Cette année, 17% des femmes médecins se déclarent pleinement satisfaites (vs 15% en 2022), contre 1 homme médecin sur 4 (25%, vs 30% en 2022). Un signal encourageant toutefois, la satisfaction à l’égard de la parité femmes/hommes aux postes à responsabilités est en nette progression et atteint 80% (vs 73% en 2021 et 2022).
Une ambition en berne, surtout chez les femmes
61% des médecins hospitaliers ne souhaitent pas se voir proposer un poste avec davantage de responsabilités. Cet indicateur augmente significativement par rapport aux précédentes mesures (51% en 2022 et 2021). L’écart femmes-hommes reste important dans ce domaine : seules 36 % des femmes souhaiteraient se voir proposer un poste avec plus de responsabilités, contre 43% des hommes. La fatigue, le stress (60%) et le manque de temps à consacrer à la vie de famille (55%) demeurent les principaux motifs de refus pour prendre de nouvelles responsabilités.
En revanche, le manque de reconnaissance salariale est la raison qui progresse le plus et concerne aujourd’hui plus d’un médecin sur deux (54%). Aussi, plus d’un médecin hospitalier sur deux (55%) déclare avoir déjà songé à démissionner de ses fonctions à l’hôpital soit pour entamer une activité libérale soit pour quitter l’univers de la santé. Une tentation qui touche toujours plus les femmes (60%), notamment celles âgées de moins de 45 ans (72%), qui semblent s’interroger de plus en plus tôt sur leurs choix de carrière. Le plafond de verre reste une réalité : les femmes rencontrent toujours plus de difficultés que les hommes pour accéder aux postes à responsabilités.
Et pourtant, la majorité des hospitaliers interrogés s’accorde sur le fait que cela améliorerait la qualité de vie à l’hôpital en amorçant une discussion sur les conditions de travail (74%), recréant un climat de confiance (66%), améliorant le climat de travail (63%) la prise en charge des patients (57%) et en augmentant la productivité des équipes (52%). 16% des femmes médecins déclarent s’être vues refuser un poste à responsabilités parce qu’elles étaient des femmes.
Les principales raisons invoquées tournent encore et toujours autour de la maternité : le fait d’avoir des contraintes familiales, des enfants à charge (36%) ou le risque de tomber enceinte et d’être moins disponible pour le poste (32%) et dans un cas sur cinq c’est en raison du manque d’expérience, de compétences (19%). Aussi, plus d’une personne sur quatre avoue qu’aucune explication n’a été donnée (28%). Élément préoccupant, un médecin sur deux (51%) considère que les règles mises en place pour les nominations à des postes à responsabilités ne sont pas transparentes.
Des comportements et propos sexistes banalisés
Le nombre de femmes victimes de propos ou gestes inappropriés, voire d’agressions sexuelles reste à des niveaux élevés. En 2023, près de huit femmes médecins sur dix déclarent avoir été victimes de comportements sexistes (78%).
- 64% des femmes médecins ont subi des propos, commentaires ou blagues sexistes concernant leur apparence, leur tenue vestimentaire ou leurs compétences professionnelles.
- Une femme médecin sur deux a subi des questions intrusives et répétées sur sa vie sexuelle et privée (50%).
- 37% d’entre elles ont subi des comportements intrusifs pour obtenir leur numéro de téléphone ou un rendez-vous avec elles.
- 30% d’entre elles déclarent avoir subi des gestes inappropriés à connotation sexuelle ou des attouchements sans leur consentement.
- 20% d’entre elles ont subi des pressions répétées pour obtenir des faveurs sexuelles.
- 17% d’entre elles ont même subi des situations d’agressions sexuelles.
Un milieu hospitalier encore très marqué par les stéréotypes et le patriarcat, se traduit par une banalisation de ces faits, que beaucoup ont encore tendance à minimiser.
En conséquence, moins d’un tiers des femmes qui ont vécu ce type de comportements disent en avoir parlé au sein de l’hôpital (28%). Plus grave, près de 2 sur 5 n’ont osé en parler à personne (36%).Les victimes qui n’en ont pas parlé déclarent que c’est principalement parce qu’elles n’ont pas compris que la situation était anormale (33%), qu’elles ne souhaitaient pas en parler (32%) ou encore que rien n’aurait été fait à ce sujet, que l’auteur de l’acte était intouchable (30%). Une omerta qui favorise l’impunité de ces comportements.
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Donner des ELLES à la Santé En près de quatre ans, l’association Donner des ELLES à la Santé a accompagné plus d’une soixantaine d’établissements hospitaliers dans leur démarche Égalité en mettant à disposition une charte formalisant l’engagement des différents acteurs et en leur proposant également des conseils et des outils simplifiés pour gagner du temps et favoriser la mise en place rapide d’actions concrètes. Elle est également force de proposition auprès des Ministères, et va prochainement signer une convention de partenariat avec le CNG (Centre National de Gestion), organisme qui assure le développement des ressources humaines des praticiens hospitaliers et des directeurs de la fonction publique hospitalière des secteurs sanitaire, social et médico-social L’association continue à faire prendre conscience du plafond de verre dans le secteur de la santé grâce notamment à ce baromètre annuel dont les principaux résultats ont été présentés aujourd’hui, mais aussi au travers de différentes formations où Donner des ELLES à la Santé promeut le développement du leadership des femmes (confiance en soi, leadership, équilibre vie professionnelle et personnelle). Enfin, Donner des ELLES à la Santé rappelle l’importance d’agir et l’impact positif que ce type de transformation apporte à la fois aux établissements hospitaliers, mais aussi à l’ensemble des professionnels de santé, ainsi qu’au système de santé français dans sa globalité. |